Illustration Maison de Retraite
Christine Biau/SIPA

Fin de vie : retour probable du texte au Sénat en janvier, puis en février à l’Assemblée

Le ministre des Relations avec le Parlement, Laurent Panifous, annonce l’inscription de la proposition de loi sur la fin de vie en « février », pour sa seconde lecture, à l’Assemblée. Un retour devant les députés « sous réserve de son examen préalable au Sénat », qui devrait se faire en janvier.
François Vignal

Temps de lecture :

5 min

Publié le

Mis à jour le

Des nouvelles du texte fin de vie. Le processus législatif de ce texte emblématique est un peu le parcours du combattant. Stoppées net par la dissolution en 2024, les deux propositions de loi – l’une sur la fin de vie, l’autre sur les soins palliatifs – avaient pu finalement être adoptées en mai dernier. Les textes devaient faire leur arrivée fin septembre-début octobre au Sénat. Mais la nouvelle crise politique, avec la chute du gouvernement Bayrou, a de nouveau mis un coup d’arrêt à l’avancée des travaux parlementaires.

« L’examen du texte à l’Assemblée se fera naturellement sous réserve de son examen préalable au Sénat »

La nomination du gouvernement Lecornu II permet de remettre le texte fin de vie sur les rails. Le nouveau ministre des Relations avec le Parlement, Laurent Panifous, a annoncé sur X que « le gouvernement a inscrit les débats sur la fin de vie à l’Assemblée en février prochain », soulignant que ce « combat », qu’il avait « porté aux côtés du rapporteur général, Olivier Falorni » lui « tient profondément à cœur ». Il s’agira de la seconde lecture, pour ce texte sur lequel la procédure accélérée n’est pas décrétée.

Une annonce qui aussitôt fait tiquer deux sénatrices PS. « Fort bien mais pour cela, il faut que le Sénat l’examine et ce n’est pas prévu ! » s’est étonnée la sénatrice de Paris, Marie-Pierre de la Gontrie. « Le passage avant du texte fin de vie au Sénat (en janvier ? On ne sait pas, ça nous intéresse !) ne revêt donc aucune espèce d’importance pour le ministre des Relations avec le Parlement ? », a pointé à son tour sa collègue du Puy-de-Dôme, Marion Canalès. « Je n’ai été prévenu de rien », nous glisse de son côté un sénateur LR qui va suivre de près le texte.

Quelques minutes après, Laurent Panifous, s’empresse de préciser à toutes fins utiles que « l’examen du texte à l’Assemblée nationale se fera naturellement sous réserve de son examen préalable au Sénat. L’ordre du jour prévisionnel du gouvernement au Sénat sera présenté en conférence des présidents, comme convenu, dès la semaine prochaine ».

Contacté par publicsenat.fr, l’entourage du ministre des Relations avec le Parlement glisse que les textes « pourraient » être examinés en janvier au Palais du Luxembourg. « Pour que ce soit examiné en février à l’Assemblée nationale, il faut que ce soit examiné en janvier au Sénat », ajoute, en toute logique, l’entourage de Laurent Panifous, qui souligne bien que l’examen du texte par les députés se fera « sous réserve de l’examen au Sénat ». La « date » ne sera actée que « la semaine prochaine, en conférence des présidents », puisque la Haute assemblée n’a pas de conférence des présidents cette semaine.

Au micro de LCP-AN, le député Modem Olivier Falorni s’est montré plus précis encore : « Le texte serait à partir du 12 janvier au Sénat », soutient l’ancien rapporteur général de la commission spéciale sur la fin de vie. Il espère que le texte sera « définitivement voté avant l’été 2026 ». Mais il ne cache pas craindre un « enlisement » de la part du Sénat, pour mettre en échec sa proposition de loi. Dans ce cas, il en appellera au chef de l’Etat et « il faudra un référendum ».

« C’est très important pour le ministre de travailler en confiance avec les sénateurs »

Le ministre avait rencontré la semaine dernière le président LR du Sénat, Gérard Larcher. Ils avaient alors échangé sur l’ordre du jour et les attentes des sénateurs. Quelques jours plus tôt, mi-octobre, le sénateur des Yvelines avait tapé du poing sur la table en conférence des présidents, face au calendrier parlementaire proposé par le gouvernement. Aujourd’hui, l’idée est bien d’assurer de bonnes relations avec les sénateurs, alors que les membres de la majorité sénatoriale sont échaudés depuis plusieurs jours. Ils s’interrogeaient encore après la rencontre organisée, lundi, à Matignon. « C’est très important pour le ministre de travailler en confiance avec les sénateurs, au même titre qu’avec les parlementaires de l’Assemblée nationale », soutient-on du côté du ministère des Relations avec le Parlement. Des contacts ont été pris pour rencontrer tous les présidents de groupe du Sénat. Laurent Panifous voit ainsi cette semaine Patrick Kanner (PS), Cécile Cukierman (CRCE-K, soit le groupe communiste) et Hervé Marseille (Union centriste).

Quant à la fin de vie, le parcours de ce texte sensible est encore loin d’être achevé. En l’absence de procédure accélérée, comme c’est généralement le cas concernant les sujets sociétaux, la proposition de loi devra de nouveau faire son retour au Sénat pour la seconde lecture, une fois la seconde lecture de l’Assemblée terminée, en février. Sachant que les travaux au Parlement seront suspendus les trois premières semaines de mars, en raison des élections municipales. Ensuite, si les deux versions du texte diffèrent, ce qui est probable, le gouvernement pourra convoquer une commission mixte paritaire entre députés et sénateurs. En cas de désaccord, ce sont les députés qui auront le dernier mot. Une perspective lointaine. Une éternité même, au regard du contexte politique. Et d’ici là, encore faut-il qu’il y ait un gouvernement…

Partager cet article

Pour aller plus loin

Dans la même thématique

Capture 2
3min

Politique

Cancers : l’Union européenne n’a pas « d’excuse pour ne rien faire »

Un sommet européen sur le Cancer doit se tenir à Bruxelles du 19 au 20 novembre. Il s’agit de la deuxième cause de mortalité sur le Vieux Continent. Chaque année, 2,6 millions de nouveaux cas sont diagnostiqués. Tabac, alcool, pesticides, polluants divers, nos modes de vie et conditions de travail sont en cause. Alors, comment endiguer le fléau du cancer dans l’Union européenne ? Pourquoi sommes-nous aussi touchés ? Ici l’Europe ouvre le débat avec les eurodéputés Laurent Castillo (PPE, France) et Tilly Metz (Verts, Luxembourg). L'UE n'a pas "d'excuse pour ne rien faire", estime cette dernière.

Le

Paris : session of questions to the government at the Senate
9min

Politique

Face à un « budget cryptosocialiste », la majorité sénatoriale veut « éradiquer tous les impôts » votés par les députés

Ils vont « nettoyer » le texte, le « décaper ». Les sénateurs de droite et du centre attendent de pied ferme le budget 2026 et le budget de la Sécu. Après avoir eu le sentiment d’être mis à l’écart des discussions, ils entendent prendre leur revanche, ou du moins défendre leur version du budget : plus d’économies et faire table rase des impôts votés par les députés.

Le

Marseille: Amine Kessaci candidate
4min

Politique

Assassinat du frère d’Amine Kessaci : le militant écologiste engagé contre le narcotrafic était « sous protection policière et exfiltré de Marseille depuis un mois »

Le petit frère d’Amine Kessaci, jeune militant écologiste marseillais, connu pour son combat contre le narcotrafic, a été tué par balles jeudi soir à Marseille. L’hypothèse d’un assassinat d’avertissement est privilégiée et pourrait faire basculer la France un peu plus vers ce qui définit les narco Etats. C’est ce que craignaient les sénateurs de la commission d’enquête sur le narcotrafic. Le sénateur écologiste de Marseille Guy Benarroche, proche d’Amine Kessaci a pu s’entretenir avec lui, ce matin.

Le