Depuis hier soir, François Baroin, chef de file des Républicains pour les législatives martèle sa volonté de faire barrage au Front national. Celui qui refuse d’incarner « une droite scrogneugneu », entendez revancharde, a, conformément à ses déclarations au soir du premier tour de la présidentielle, réaffirmé ce matin sur France Inter, que sa « position vise à faire barrage au FN en tout temps, tous lieux, toutes circonstances ». Comment ? En se prononçant en faveur du « désistement » des candidats de son parti au second tour dans les circonscriptions où le FN serait le mieux placé pour l’emporter. « Je souhaite d’ailleurs que la réciproque soit vraie du côté d’En Marche comme du Parti socialiste » a-t-il ajouté. Sur LCI, ce matin, le porte parole du gouvernement, Christophe Castaner a confirmé que « partout où le candidat de la République en Marche, en se maintenant au second tour, ferait prendre le risque d’une élection du Front national, partout nous retirerons notre candidat ».
LR « un strapontin à la majorité présidentielle » tacle Le Pen
Sur Twitter, la présidente du FN y voit un retour de « l’UMPS » maintes fois décriée par le passé. « L’échange des consentements entre LR et LREM a eu lieu. Le mariage est acté » a-t-elle posté. « En abandonnant ainsi le « ni-ni » (…) M. Baroin apporte une énième confirmation de ce que nous répétons depuis des semaines : LR n’est pas un parti d’opposition à M. Macron, c’est un strapontin à la majorité présidentielle » affirme Marine Le Pen dans un communiqué de presse.
François Baroin impose sa ligne
Si François Baroin indique « qu’il s’agit d’une décision personnelle » et « pas celle du bureau politique qui se réunira au soir du premier tour des législatives », le sénateur-maire de Troyes semble vouloir éviter de nouveaux remous au sein de son parti comme ceux de l’entre-deux-tours de la présidentielle. En effet, si François Baroin, François Fillon ou encore Xavier Bertrand et Christian Estrosi, ont appelé clairement à voter en faveur d’Emmanuel Macron, d’autres comme Laurent Wauquiez ou Eric Ciotti appelaient à faire barrage au FN sans évoquer un vote pour le candidat d’En Marche.
« Une position qui est claire et qui défend les valeurs fondamentales »
Au groupe LR du Sénat ce mardi, difficile de trouver quelqu’un pour contredire la ligne martelée par François Baroin. « Je suis bien sûr sur cette ligne-là » confirme le sarkozyste Pierre Charon, qui regrette toutefois le temps pris par la République en Marche pour annoncer qu’ils feraient de même dans l’hypothèse où un candidat LR serait mieux placé pour faire barrage au Front national. « Ils ont mis un tout petit peu de temps à répondre »(…) ça a quand même tardé un tout petit peu ».
« Les gaullistes sont les adversaires historiques du FN et de l'extrême droite » a fait valoir François Baroin. Un rappel des valeurs de la droite républicaine, là encore validée par les sénateurs du groupe. « C’est une position qui est claire et qui défend les valeurs fondamentales qui sont les nôtres et avec lesquelles on ne doit pas transiger » abonde François-Noël Buffet, un fidèle de François Fillon lors de la campagne présidentielle.
Le ni-ni » imposé par Nicolas Sarkozy en 2015
En 2015 pourtant, le soir du premier tour des élections départementales où la droite est bien partie pour être majoritaire, Nicolas Sarkozy alors président de l’UMP avait appelé à voter « ni pour le Front national ni pour la gauche » dans les départements où les candidats UMP étaient éliminés.
Sarkozy: "Nous n'appellerons ni à voter pour le FN, ni pour la gauche"
« Le front républicain était pour nous un piège à cons »
Pour Pierre Charon en 2015, le front républicain était un piège à cons
« C’était autre chose à ce moment-là parce que le front républicain était pour nous un piège à cons. Là, c’est différent. C’est normal et c’est républicain de faire ce qu’on fait là. Et c’est bien d’avoir des gens comme Baroin pour mener la campagne car il n’est pas contesté » a justifié Pierre Charon. « 2015 c’était 2015 et maintenant c’est 2017 » a balayé à son tour, le sénateur du Val-de-Marne, Christian Cambon. « Autre temps, autres mœurs » complète Gérard Longuet (voir le sujet de Flora Sauvage) avant d’ajouter. « Le débat d’entre deux tours a très clairement montré que Mme Le Pen était bien empêtrée dans ses solutions et que l’isolement de l’Europe, la rupture avec l’euro était une absurdité totale ». Cet après-midi, François Baroin note que le « Front national est en grande difficulté ». « Ses positions sont contestées en interne. La petite fille de Jean-Marie Le Pen est partie. M. Philippot va finir en place publique avec un procès de Moscou au lendemain des législatives et Madame Le Pen s’est noyée dans le débat. Ça prouve bien que c’est une impasse ».
Au-delà des divergences de fond entre Les Républicains et le Front National, pour la droite, l’abandon du « ni-ni » a aussi des raisons stratégiques. Moins il y aura de triangulaires aux législatives et moins le FN aura de députés et donc ne pourra prétendre supplanter Les Républicains en tant que premier parti d’opposition.