Fin du « ni-ni » pour les législatives : « autre temps, autres mœurs » chez LR
En annonçant que les candidats LR se désisteraient en cas de triangulaires dans les circonscriptions où le FN menacerait de l’emporter, François Baroin enterre la ligne du « ni-ni » imposée par Nicolas Sarkozy lors des élections départementales de 2015. Une décision saluée par les sénateurs Les Républicains.

Fin du « ni-ni » pour les législatives : « autre temps, autres mœurs » chez LR

En annonçant que les candidats LR se désisteraient en cas de triangulaires dans les circonscriptions où le FN menacerait de l’emporter, François Baroin enterre la ligne du « ni-ni » imposée par Nicolas Sarkozy lors des élections départementales de 2015. Une décision saluée par les sénateurs Les Républicains.
Public Sénat

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Depuis hier soir, François Baroin, chef de file des Républicains pour les législatives martèle sa volonté de faire barrage au Front national. Celui qui refuse d’incarner « une droite scrogneugneu », entendez revancharde, a, conformément à ses déclarations au soir du premier tour de la présidentielle, réaffirmé ce matin sur France Inter, que sa « position vise à faire barrage au FN en tout temps, tous lieux, toutes circonstances ». Comment ? En se prononçant en faveur du « désistement » des candidats de son parti au second tour dans les circonscriptions où le FN serait le mieux placé pour l’emporter. « Je souhaite d’ailleurs que la réciproque soit vraie du côté d’En Marche comme du Parti socialiste » a-t-il ajouté. Sur LCI, ce matin, le porte parole du gouvernement, Christophe Castaner a confirmé que « partout où le candidat de la République en Marche, en se maintenant au second tour, ferait prendre le risque d’une élection du Front national, partout nous retirerons notre candidat ».

LR « un strapontin à la majorité présidentielle » tacle Le Pen

Sur Twitter, la présidente du FN y voit un retour de « l’UMPS » maintes fois décriée par le passé. « L’échange des consentements entre LR et LREM a eu lieu. Le mariage est acté » a-t-elle posté. « En abandonnant ainsi le « ni-ni » (…) M. Baroin apporte une énième confirmation de ce que nous répétons depuis des semaines : LR n’est pas un parti d’opposition à M. Macron, c’est un strapontin à la majorité présidentielle » affirme Marine Le Pen dans un communiqué de presse.

François Baroin impose sa ligne

Si François Baroin indique « qu’il s’agit d’une décision personnelle » et « pas celle du bureau politique qui se réunira au soir du premier tour des législatives », le sénateur-maire de Troyes semble vouloir éviter de nouveaux remous au sein de son parti comme ceux de l’entre-deux-tours de la présidentielle. En effet, si François Baroin, François Fillon ou encore Xavier Bertrand et Christian Estrosi, ont appelé clairement à voter en faveur d’Emmanuel Macron, d’autres comme Laurent Wauquiez ou Eric Ciotti appelaient à faire barrage au FN sans évoquer un vote pour le candidat d’En Marche.

« Une position qui est claire et qui défend les valeurs fondamentales »

Au groupe LR du Sénat ce mardi, difficile de trouver quelqu’un pour contredire la ligne martelée par François Baroin. « Je suis bien sûr sur cette ligne-là » confirme le sarkozyste Pierre Charon, qui regrette toutefois le temps pris par la République en Marche pour annoncer qu’ils feraient de même dans l’hypothèse où un candidat LR serait mieux placé pour faire barrage au Front national. « Ils ont mis un tout petit peu de temps à répondre »(…) ça a quand même tardé un tout petit peu ».

« Les gaullistes sont les adversaires historiques du FN et de l'extrême droite » a fait valoir François Baroin. Un rappel des valeurs de la droite républicaine, là encore validée par les sénateurs du groupe. « C’est une position qui est claire et qui défend les valeurs fondamentales qui sont les nôtres et avec lesquelles on ne doit pas transiger » abonde François-Noël Buffet, un fidèle de François Fillon lors de la campagne présidentielle.

Le ni-ni » imposé par Nicolas Sarkozy en 2015

En 2015 pourtant, le soir du premier tour des élections départementales où la droite est bien partie pour être majoritaire, Nicolas Sarkozy alors président de l’UMP avait appelé à voter « ni pour le Front national ni pour la gauche » dans les départements où les candidats UMP étaient éliminés.

Sarkozy: "Nous n'appellerons ni à voter pour le FN, ni pour la gauche"
01:20

« Le front républicain était pour nous un piège à cons »

Pour Pierre Charon en 2015, le front républicain était un piège à cons
00:49

« C’était autre chose à ce moment-là parce que le front républicain était pour nous un piège à cons. Là, c’est différent. C’est normal et c’est républicain de faire ce qu’on fait là. Et c’est bien d’avoir des gens comme Baroin pour mener la campagne car il n’est pas contesté » a justifié Pierre Charon. « 2015 c’était 2015 et maintenant c’est 2017 » a balayé à son tour, le sénateur du Val-de-Marne, Christian Cambon. « Autre temps, autres mœurs » complète Gérard Longuet (voir le sujet de Flora Sauvage) avant d’ajouter. « Le débat d’entre deux tours a très clairement montré que Mme Le Pen était bien empêtrée dans ses solutions et que l’isolement de l’Europe, la rupture avec l’euro était une absurdité totale ». Cet après-midi, François Baroin note que le « Front national est en grande difficulté ». « Ses positions sont contestées en interne. La petite fille de Jean-Marie Le Pen est partie. M. Philippot va finir en place publique avec un procès de Moscou au lendemain des législatives et Madame Le Pen s’est noyée dans le débat. Ça prouve bien que c’est une impasse ».

Au-delà des divergences de fond entre Les Républicains et le Front National, pour la droite, l’abandon du « ni-ni » a aussi des raisons stratégiques. Moins il y aura de triangulaires aux législatives et moins le FN aura de députés et donc ne pourra prétendre supplanter Les Républicains en tant que premier parti d’opposition.

Partager cet article

Dans la même thématique

Fin du « ni-ni » pour les législatives : « autre temps, autres mœurs » chez LR
3min

Politique

« C'est 50.000 euros de manque à gagner » : un an après les Jeux, ce para-sportif dénonce le départ de ses sponsors

Un an après, quel est l’héritage des Jeux olympiques et paralympiques ? Inclusion, transports, infrastructures, sponsors… pour Sofyane Mehiaoui, joueur de basket fauteuil qui a représenté la France, si l’accès à la nouvelle Adidas Arena porte de Clignancourt à Paris est un vrai bénéfice, le départ de ses sponsors révèle le manque d’engagement durable des marques auprès de parasportifs. Il témoigne dans l'émission Dialogue Citoyen, présenté par Quentin Calmet.

Le

Fin du « ni-ni » pour les législatives : « autre temps, autres mœurs » chez LR
6min

Politique

Agences de l’État, qui veut gagner des milliards ? 

La ministre des Comptes publics propose de supprimer un tiers des agences de l'État pour faire deux à trois milliards d’économies. Seulement, pour en rayer de la liste, encore faudrait-il savoir combien il en existe…Une commission d'enquête sur les missions des agences de l’État s’est plongée dans cette grande nébuleuse administrative. ARS, France Travail, OFB, CNRS, ADEME, ANCT, des agences, il y en a pour tous et partout ! Mais “faire du ménage” dans ce paysage bureaucratique touffu rapportera-t-il vraiment les milliards annoncés par le gouvernement et tant espérés par la droite ? Immersion dans les coulisses de nos politiques publiques…

Le

President Emmanuel Macron Visits the 55th Paris Air Show at Le Bourget
7min

Politique

Budget 2026 : « Emmanuel Macron a une influence, mais ce n’est pas le Président qui tient la plume »

Le chef de l’Etat reçoit lundi plusieurs ministres pour parler du budget. « Il est normal qu’il y ait un échange eu égard à l’effort de réarmement qui est nécessaire », explique l’entourage d’Emmanuel Macron. « Il laisse le gouvernement décider », souligne le macroniste François Patriat, mais le Président rappelle aussi « les principes » auxquels il tient.

Le

Bruno Retailleau public meeting at Docks 40 in Lyon.
5min

Politique

Tribune de LR sur les énergies renouvelables : « La droite essaye de construire son discours sur l’écologie dans une réaffirmation du clivage gauche/ droite »

Après la publication d’une tribune sur le financement des énergies renouvelables, le parti de Bruno Retailleau s’est retrouvé sous le feu des critiques. Pourtant, en produisant un discours sur l’opposition aux normes écologiques, LR semble revitaliser le clivage entre la gauche et la droite.

Le