Fin du port du masque en extérieur : « Le premier ministre a cédé à la pression populaire ! », tonne Alain Milon

Fin du port du masque en extérieur : « Le premier ministre a cédé à la pression populaire ! », tonne Alain Milon

À partir de jeudi, le port du masque dehors, c’est fini. Le premier ministre a annoncé la nouvelle ce mercredi tout comme la levée du couvre-feu le 20 juin. Des mesures saluées dans leur globalité par les sénateurs, à quelques exceptions près…
Public Sénat

Par Pierre Maurer

Temps de lecture :

5 min

Publié le

Mis à jour le

C’est le deuxième allègement des mesures sanitaires le plus important depuis le dernier confinement. Le port du masque à l’extérieur ne sera plus obligatoire dès jeudi 17 juin en France, sauf certaines exceptions, et le couvre-feu sera levé dès dimanche, a annoncé Jean Castex ce mercredi, au vu de la baisse des contaminations. Le Premier ministre précise que le masque en extérieur ne sera de rigueur que dans des situations de promiscuité (file d’attente, transports, lieux bondés, tribune de stade).

« Il faut arrêter avec les mesures qui n’ont pas d’intérêt »

Une mesure saluée à peu près de tous les côtés dans les rangs du Sénat. « Cela devenait psychologiquement difficile à supporter avec la période de chaleur. Si on veut retrouver notre vie normale, il faut retrouver la possibilité de se déplacer sans masque en extérieur. Mais en intérieur, il faut être particulièrement attentif. La contrepartie c’est de bien faire comprendre qu’il faut aérer les pièces », prévient René-Paul Savary, sénateur LR et médecin. Président de la mission d’information sur le covid, le sénateur apparenté socialiste Bernard Jomier observe que le « Premier ministre note un changement d’ambiance dans le pays, qu’il veut accompagner, surtout après la victoire de la France face à l’Allemagne en football. » De longue date, ce médecin généraliste de formation réclamait l’arrêt du port du masque en extérieur comme de nombreux médecins. « Il faut arrêter avec les mesures qui n’ont pas d’intérêt et celles qui n’ont plus de légitimité politique, comme le couvre-feu. Ces deux mesures me paraissent cohérentes et justifiées », poursuit-il.

Interrogée par Public Sénat, la sénatrice apparentée LR Céline Boulay-Espéronnier « applaudit » cette décision. « La vie reprend ! », a tweeté le patron des sénateurs LR Bruno Retailleau.

Mais quelques-uns trouvent à y redire. À l’image du sénateur LR et ancien président de la commission d’enquête covid du Sénat, Alain Milon. « Le premier ministre a cédé à la pression populaire ! Je crains que nous ayons par la suite un rebond de l’épidémie comme cela se passe actuellement en Angleterre. Il aurait fallu maintenir ces restrictions sanitaires », martèle-t-il. « Je suis très favorable au port du masque. On peut le dire 100 fois, 1000 fois… Le port du masque a empêché l’extension de l’épidémie de covid. Mais en même temps on n’a pas eu de bronchite, de gastro-entérite, de grippe, donc le port du masque est nécessaire », explique-t-il.

Le sénateur socialiste de Paris, David Assouline, s’interroge lui aussi. « J’espère que l’intensité des vaccinations ne va pas faiblir. On va croiser les doigts. La prudence est importante. Le conseil scientifique lui-même dit ‘attention en septembre il peut y avoir une nouvelle vague’. Je suis très heureux qu’on ne porte pas le masque mais la seule question que j’ai posée c’est que, à quatre jours près il y a quand même une élection… » , soulève-t-il. Dimanche 20 juin doit se tenir le premier tour des élections régionales et départementales. « Ça ne changeait rien à notre bonheur que ce soit le 30 juin. Je trouvais ça déjà très bien. On est tous heureux mais je pense que ce n’est pas totalement étranger à des calculs », insiste-t-il. « Ce n’est pas par hasard et ça un petit goût electoraliste », enchérit-il.

« Prudence, prudence »

De couvre-feu, il ne sera donc plus question à partir du 20 juin. Mais la levée de cette mesure n’empêchera pas le maintien des protocoles sanitaires pour les lieux publics et la fête de la musique du 21 juin et autres événements jusqu’au 30 juin (organisation de concerts seulement en extérieur avec gestes barrière et pas sur la voie publique, règles et jauges pour les bars restaurants et lieux de spectacles…) Les supporteurs du match France-Portugal de l’Euro de football pourront ainsi profiter de cette levée le 23 juin.

« Prudence, prudence », répète René-Paul Savary. « J’aurais bien attendu la fin du mois. On sait que le variant Delta bouge, il faut que les gens restent dans un état d’esprit où on est encore dans une situation de fragilité par rapport à l’épidémie. Le couvre-feu était un rappel de l’ordre », estime-t-il. Euro de football, festivals de musique… « Il y a des grands événements culturels qui vont reprendre, il faut faire attention », rappelle le sénateur LR. La France était l’un des trois derniers pays en Europe à imposer un couvre-feu.

« Le déconfinement, ce n’est pas le défoulement ! »

D’autant qu’en Angleterre, le gouvernement britannique a freiné son calendrier de réouverture, la faute au fameux variant Delta. « Je ne comprends pas très bien ce que fait l’Angleterre, le Premier ministre britannique a sans doute une gestion très politique. Le variant Delta sur une population vaccinée ne provoque pas de flambée », soutient Bernard Jomier qui rappelle que la population britannique a, pour une grande majorité, reçu qu’une seule dose de vaccin.

À l’inverse, Alain Milon, lui aussi médecin, se fait inquiet : « On voit qu’en Angleterre, le variant Delta s’étale un peu partout sur le territoire. Le déconfinement ce n’est pas le défoulement ! ». En France, l’objectif a été fixé à 35 millions de Français complètement vaccinés fin août, a annoncé Jean Castex, en se félicitant que les contaminations aient baissé à 3 200 cas quotidiens en moyenne sur 7 jours. Plus de 30 millions de Français ont à ce jour reçu une première dose de vaccin.

Dans la même thématique

Paris: Weekly session of questions to the government at the Senate
10min

Politique

Nouveau texte immigration : face à une majorité divisée, Bruno Retailleau prêt à jouer l’opinion

Moins d’un an après le précédent projet de loi, le gouvernement va porter un nouveau texte sur l’immigration. L’idée est de reprendre « les articles censurés par le Conseil constitutionnel », selon l’entourage du ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau. Mais chez les députés Renaissance, on prédit un groupe coupé en deux sur le sujet. « On sait qu’aucun texte ne passera sans l’accord du RN », pointe le sénateur écologiste Guy Benarroche.

Le

Paris : Weekly council of ministers
6min

Politique

Immigration : quelles dispositions censurées pourraient revenir dans le nouveau texte ?

Le gouvernement a annoncé l’examen d’un nouveau texte sur l’immigration dès le début de l’année 2025. Il y a à peine un an, la droite sénatoriale menée par Bruno Retailleau avait vu ses amendements au précédent texte largement censurés par le Conseil constitutionnel au motif de cavaliers législatifs. Ces dispositions pourraient réapparaître.

Le