Visite de Bruno Le Maire en Guadeloupe

Financement de campagne : une enquête ouverte contre le micro parti de Bruno Le Maire

En 2016, alors candidat à la primaire LR, Bruno Le Maire avait lancé un micro parti « Avec BLM » pour financer sa campagne. Or, comme le révèle Mediapart, certains prêts n’ont pas été remboursés et pourraient s’apparenter à des dons déguisés. Ce qui est interdit par le code électoral. Une enquête a été ouverte par le parquet de Paris.
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C’est une affaire qui pourrait fragiliser un peu plus le gouvernement. Le ministre de l’Economie et des Finances, Bruno Le Maire est dans le viseur de la Brigade de répression de la délinquance économique (BRDE)

Comme le révèle Mediapart ce lundi, une enquête a été ouverte par le parquet de Paris pour des factures non réglées par son micro parti « Avec BLM » crée en vue de la primaire LR 2016, au cours de laquelle Bruno Le Maire avait fini cinquième avec 2,4 % des voix. Son micro parti avait à l’époque récolté 2 millions d’euros.

Après cet échec cuisant, Bruno Le Maire a eu du mal à éponger les dettes de ce microparti, mis en sommeil après les échéances électorales. Mediapart précise que, sur « plus d’une dizaine » de prestataires non payés, les plus grosses dettes annulées émanent de deux spécialistes de la communication politique : Experian (facture de 24.990 euros non réglée) et Catch Digital Strategy (9.000 euros). Interrogé par la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP), le microparti avait notamment justifié les dettes annulées par le dépassement du délai de prescription légal de cinq ans. En effet, selon l’article L52-7-1 du code électoral, la durée des prêts ne peut excéder cinq ans. Le candidat bénéficiaire doit adresser chaque année à la CNCCFP un état du remboursement du prêt.

Les enquêteurs vont donc devoir déterminer si ces dettes annulées ne sont pas des dons illégaux. Une enquête a été ouverte pour « participation au financement d’un parti politique par une personne morale par dons ou fourniture d’avantages à un prix inférieur à ceux habituellement pratiqués » et pour « acceptation par le parti politique de ces mêmes avantages », a précisé le parquet. Ces infractions sont passibles de trois ans d’emprisonnement et de 45.000 euros d’amende, conformément à l’article L113-1 du code électoral.

Des investigations qui tombent au plus mal pour le ministre qui a récemment présenté un cap budgétaire destiné à désendetter la France en réduisant ses dépenses publiques. D’autant qu’elles s’ajoutent à une liste déjà fournie de piliers de la majorité visés par des enquêtes judiciaires.

Plusieurs figures proches du Président, du secrétaire général de l’Elysée Alexis Kohler au garde des Sceaux Éric Dupond-Moretti en passant par le ministre des Armées Sébastien Lecornu ou François Bayrou, sont mises en cause dans d’autres dossiers pénaux.

Le ministre du Travail, Olivier Dussopt sera notamment jugé du 27 au 30 novembre prochains pour favoritisme, soupçonné d’avoir arrangé l’attribution d’un marché public daté de 2009-2010 au groupe de traitement de l’eau Saur lorsqu’il était maire d’Annonay (Ardèche).

Les comptes de campagnes électorales du président Emmanuel Macron, lui-même, intéressent aussi la justice : deux informations judiciaires ont été ouvertes par le Parquet national financier (PNF) sur des soupçons de financement illégal de ces campagnes et sur les liens entre des proches du président et des membres du cabinet de conseil McKinsey, qui auraient pu œuvrer gratuitement lors de la campagne présidentielle de 2017.

 

 

 

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