Une cour britannique a ordonné mercredi la remise à la justice française d'Alexandre Djouhri, protagoniste clé de l'enquête sur le financement libyen présumé de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007, a appris jeudi l'AFP auprès du PNF, confirmant une information de Marianne.
L'homme d'affaires de 60 ans avait été arrêté en janvier 2018 à Londres, en vertu de mandats d'arrêt européens émis par la justice française, notamment pour "détournements de fonds publics" et "corruption". Un tribunal londonien avait ordonné son extradition en février 2019 mais il avait fait appel de cette décision.
Selon les textes européens, la justice britannique a dix jours pour exécuter cette décision qui n'est pas susceptible de recours, a précisé une source judiciaire. Ce délai peut être toutefois prorogé de dix jours pour des raisons exceptionnelles.
Alexandre Djouhri est très attendu par les juges d'instruction français, les investigations ayant mis au jour plusieurs flux financiers suspects l'impliquant dans cette affaire.
Le nom de ce proche de Claude Guéant, ex-ministre de Nicolas Sarkozy, est notamment apparu dans l'enquête pour la vente en 2009 d'une villa située à Mougins, sur la Côte d'Azur, à un fonds libyen géré par Bachir Saleh, ancien dignitaire du régime de Khadafi.
Il est soupçonné d'en avoir été le véritable propriétaire et de l'avoir cédée à un prix surévalué, permettant de dissimuler d'éventuels versements occultes, ce qu'il dément.
Les magistrats anticorruption français avaient émis des mandats d'arrêt européens en décembre 2017 puis en février 2018 à son encontre, en vertu desquels il a été arrêté à l'aéroport londonien de Heathrow, en provenance de Genève, où il réside.
Hospitalisé à plusieurs reprises pour des problèmes cardiaques, il avait été assigné à résidence dans la capitale britannique, sous caution.
Alexandre Djouhri conteste la validité de ces mandats d'arrêt, considérant ne pas être en fuite mais n'avoir pas été convoqué par la justice française dans les formes.
Ses recours doivent être examinés le 19 mars par la cour d'appel de Paris, en même temps que des requêtes en nullité déposées par l'ancien président français Nicolas Sarkozy, ses anciens ministres Claude Guéant, Eric Woerth et Brice Hortefeux dans ce dossier.