« Nous avons besoin d’être vigilants et de tirer les leçons d’une situation inédite », assure la ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, après le dérapage des finances publiques en 2024. Les estimations de déficit public avaient été plusieurs fois revues à la hausse à cause d’une mauvaise estimation des recettes de l’Etat. Alors que le Parlement a définitivement adopté le budget de la sécurité sociale le 17 février, après le budget de l’Etat le 6 février, le gouvernement prévoit un déficit de 5,4% du PIB pour l’année 2025, un chiffre qui fait débat.
Si le texte de Michel Barnier tablait sur un déficit de 16 milliards pour le budget de la Sécurité sociale, la version adoptée hier retient un déficit de 22,1 milliards d’euros. Compte tenu de ces éléments, le député LIOT et rapporteur général du budget à l’Assemblée nationale, Charles de Courson, retient un déficit autour de 5,7%. Si la ministre des comptes publics se dit « satisfaite du budget », Amélie de Montchalin assure qu’il faut reprendre « le chemin d’une trajectoire de retour à l’équilibre ».
« Parce que le moment politique est inédit, on pense que c’est nécessaire que les parlementaires soient associés »
Pour cela, la ministre assure vouloir renforcer le dialogue entre les parlementaires et Bercy. « Ce qui va être nouveau, c’est l’association que nous allons avoir des parlementaires. Parce que le moment politique est inédit, on pense que c’est nécessaire que les parlementaires soient associés », assure Amélie de Montchalin. La gestion du dérapage des finances publiques par Bruno Le Maire avait été particulièrement critiquée par les commissions des finances du Sénat et de l’Assemblée nationale. « Le chiffre de 5,4% ce n’est pas un totem lancé dans le débat et on voit si on peut y arriver », explique Amélie de Montchalin.
« Nous allons avoir une méthode extrêmement rigoureuse, peut être inédite, de suivi tous les mois de la manière dont les dépenses se déploient pour atteindre 5,4% », souligne la ministre des Comptes publics. Si le suivi des dépenses et de la perception des recettes de l’Etat est assuré par Bercy, Amélie de Montchalin souhaite « rendre tout ce travail public, transparent » en le présentant régulièrement aux parlementaires.
Négociations à venir sur le système de retraites
Malgré ces gages, les sénateurs ont exprimé certains doutes sur le pilotage des dépenses de la sécurité sociale. La majorité de droite et du centre a notamment exprimé ses réserves sur une éventuelle refonte de la réforme des retraites. La Cour des comptes doit publier, ce mercredi 19 février, le rapport sur lequel doivent s’appuyer les partenaires sociaux pour renégocier la réforme des retraites. « On attend tous une chose, c’est que ce diagnostic, demandé par le Premier ministre, serve de point de départ incontestable et incontesté de ce conclave des retraites », rappelle Amélie de Montchalin. Le gouvernement a fait de l’équilibre budgétaire du système de retraites le préalable à une refonte de la réforme de 2023.