Fiscalité : un gain estimé à 1,5 million d’euros pour les 100 contribuables les plus riches

Fiscalité : un gain estimé à 1,5 million d’euros pour les 100 contribuables les plus riches

Bercy a en partie répondu aux questions du président PS de la commission des finances du Sénat, Vincent Eblé, sur l’impact de la réforme ISF et de la flat tax. Selon l’estimation de la commission, le gain total est de 1,5 million d’euros pour chacun des 100 contribuables les plus riches.
Public Sénat

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Vincent Eblé n’aura pas eu besoin de se déplacer jusqu’à Bercy. Le président PS de la commission des finances du Sénat a reçu tard dans la nuit de mercredi à jeudi les informations qu’il avait demandées la semaine dernière au ministère de l’Economie et des Finances sur l’impact de l’ISF et de la « flat tax », le prélèvement forfaitaire unique de 30%. Deux mesures du budget 2018 qui valent à Emmanuel Macron d’être taxé de « Président des riches ». Comme il l’avait annoncé à publicsenat.fr la semaine dernière, il menaçait de se rendre sur place à Bercy pour obtenir les éléments, comme ses pouvoirs de président de la commission des finances lui permettent.

La centaine de parlementaires qui ont signé un appel dans Libération pour que Bercy donne ces éléments d’information seront-ils satisfaits ? En partie. Car Bercy n’a pas répondu totalement au questionnaire détaillé préparé par les services de la commission des finances du Sénat. Mais de nouveaux éléments significatifs ont été transmis.

Grâce au prélèvement forfaitaire unique (PFU), ou flat tax, « les 100 premiers contribuables à l’ISF gagneront chacun, en moyenne, 582.380 euros par an. Pour les 1.000 premiers contribuables, le gain moyen lié au PFU s’élèvera à 172.220 euros par an » explique Vincent Eblé, selon les éléments transmis par Bercy (voir la vidéo, images de Sandra Cerqueira).

Flat tax : 44% du gain total est capté par 1% des ménages aux revenus les plus élevés

En élargissant aux 1% des ménages aux revenus le plus élevés, ces derniers captent « 44% du gain total ». « Le bénéfice lié à la mise en place du PFU apparaît ainsi extrêmement concentré » affirme le sénateur PS de Seine-et-Marne.

Bercy n’a en revanche pas pu chiffrer l’impact du remplacement de l’ISF par l’IFI (impôt sur la fortune immobilière) dans la mesure où « le patrimoine immobilier des redevables n’est pas connu avec précision » selon la réponse transmise par le ministère. Le sénateur PS y voit plutôt « une forme d’opacité ».

Estimation pour la réforme de l’ISF

Pour obtenir un chiffre, Vincent Eblé a dû travailler par déduction. Bruno Le Maire, le ministre de l’Economie, a indiqué la semaine dernière devant les députés que les 100 premiers contribuables à l’ISF payent chacun en moyenne 1,26 million d’euros par an au titre de cet impôt. « Dans la mesure où les plus hauts patrimoines sont constitués à environ 85% d’actifs financiers, il peut être fait l’hypothèse que le gain lié à la transformation de l’ISF en IFI s’élève pour ces contribuables à environ 1 million d’euros par an » estime Vincent Eblé. Une estimation à prendre « avec prudence », reconnaît-il. Mais qui donne un ordre d’idée.

Entre la réforme de l’ISF et la flat tax, les plus riches s’en sortent par conséquent plutôt très bien… « Pour les 100 premiers contribuables à l’ISF, le gain total lié aux deux réformes peut donc être estimé à environ 1,5 million d’euros par an » affirme Vincent Eblé, soit 1 million venant de la réforme de l’ISF et les 580.380 euros, grâce à la flat tax. « Un montant supérieur à l’ISF » acquitté jusqu’à présent par ces 100 Français les plus riches. Au total, les gains cumulés pour les 100 premiers contribuables représentent donc un cadeau de la part de l’Etat de 150 millions d’euros. L’ISF rapportait lui 4 milliards d’euros dans les caisses de l’Etat, après plafonnement.

50.000 emplois créés à long terme, selon Bercy

Quant à l’effet en termes d’emploi, ils sont très limités sur le long terme. Et ce sont ici les données de Bercy qui permettent de l’affirmer. « Ces deux mesures évaluées conjointement conduiraient à long terme à une augmentation du PIB de 0,5% point et à la création de 50.000 emplois » répond Bercy à la commission des finances. « L’effet sur l’emploi serait donc extrêmement limité » constate Vincent Eblé. De quoi alimenter la suite des débats sur le budget au Sénat, puis lors de son retour à l’Assemblée nationale.

Dans la même thématique

Lampedusa – 190 Migrants From Ghana Arrived on the Island on a Coast Guard Boat, Italy – 18 Sep 2023
7min

Politique

Pacte migratoire européen : « L’idée est d’arriver à un accord général avant les élections européennes de 2024 »

Après trois ans d’âpres négociations, l’Union européenne se dirige vers un accord pour un nouveau pacte migratoire. Les échecs répétés de la réglementation actuelle et les récents épisodes d’afflux de migrants ont fini de convaincre les Vingt-sept de la nécessité d’en finir avec le statu quo. Analyse avec François Héran, sociologue et démographe, spécialiste des questions de migrations internationales.

Le

Spontaneous demonstration against the pension reform in Bordeaux
6min

Politique

Contrôles au faciès : récépissé, caméras-piétons, formation des forces de l’ordre… Quelles solutions ?

Saisi par plusieurs ONG, le Conseil d’Etat doit se pencher vendredi sur la pratique des « contrôles au faciès ». Les associations demandent au juge administratif d’ordonner à l’Etat de prendre une série de mesures telle que la modification du Code de procédure pénale pour interdire la discrimination dans les contrôles d’identité. Un débat de longue date au Sénat et dans le débat public.

Le

PARIS : Rendez-vous Gerard Larcher dans son bureau au Senat.
6min

Politique

Gérard Larcher en passe d’être élu président du Sénat pour la cinquième fois

A lui seul, il représente l’institution. Gérard Larcher s’apprête à être réélu président du Sénat pour la cinquième fois, le 2 octobre. Une longévité qui fait figure d’exception dans le paysage politique actuel. Depuis sa première élection en 2008 au Plateau, le sénateur LR a su imprimer sa marque sur la Haute assemblée.

Le

Fiscalité : un gain estimé à 1,5 million d’euros pour les 100 contribuables les plus riches
7min

Politique

Ils quittent le Sénat : Pierre Laurent, le discret militant communiste

Pierre Laurent est du genre réservé. Aussi bien au Sénat qu’au Parti communiste, ce Parisien de naissance a pourtant occupé les plus hautes fonctions : vice-président du Sénat, secrétaire national du PCF.. Après onze ans à la Chambre haute, il s’apprête à rendre les clés, côté parti en revanche, il ne rendra jamais sa carte.

Le