FN : Marine Le Pen « en tournée », pour mieux refonder

FN : Marine Le Pen « en tournée », pour mieux refonder

La rentrée politique de Marine Le Pen, ce week-end, à Brachay, est la première étape d’une « tournée » de refondation. Les dernières défaites électorales obligent le FN à se tourner vers sa base pour mettre en œuvre un nouveau logiciel politique.
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Où est donc passée Marine Le Pen ? La question était sur toutes lèvres, le mois dernier, tant la présidente du Front national s’est montrée absente du débat public. La trêve des confiseurs passée, la présidente du FN  a fait son retour, jeudi,  au 20 Heures de TF1 et va revenir au premier plan « avec une nouvelle tournée »  de refondation, comme l’explique Jean-Lin Lacapelle, secrétaire national en charge des fédérations du parti.  « C’est comme quand vous lancez un nouveau produit. Il vous faut un nouveau slogan, un nouveau logo. C’est ce que nous allons faire pour cette tournée qui va compter 12 étapes, qui vont nous amener à Toulouse le 23 septembre, puis dans le Vaucluse en octobre » détaille cet ancien directeur commercial de l’Oréal.

Le nom Front national vit-il ses derniers jours ?

Première étape, Brachay. Petite commune d’une soixantaine d’habitants où Marine Le Pen a fait des scores colossaux à la présidentielle de 2012 et 2017. Raison pour laquelle, depuis 2014, c’est le point de départ de ses rentrées politiques. Du côté des prochaines élections sénatoriales, il n’y a pas vraiment de surprise à attendre. Il est peu probable que le FN fasse mieux que ses deux sièges actuels. En cette année sans élection au suffrage universel direct, l’enjeu va donc constituer à se tourner vers sa base pour tirer les leçons, bien amères, de la défaite à la présidentielle et du score décevant des législatives. Comme annoncé au début de l’été, un questionnaire, en cours d’élaboration, va être envoyé à tous les adhérents à la fin du mois. L’une des questions portera sur le changement de nom du parti. « À titre personnel, quand on m’interrogeait sur ce sujet il y a quelques mois, j’avais une réponse affective. Le nom Front national était un capital confiance. Maintenant je me rends compte que c’est un frein » concède Jean-Lin Lacapelle. Florian Philippot et même Marine Le Pen sont également favorables à ce changement de nom.

Un parti sous tensions

Au-delà du relooking, c’est la ligne du parti qui est au cœur de cette période «  de réflexion » au FN. Symptomatique, la question de la sortie de l’euro, mal négociée entre les deux tours de la présidentielle, avait précipité la défaite de la candidate frontiste. Lors du séminaire de « refondation » tenu à huis clos fin juillet, il a été acté que la sortie de la monnaie unique serait reléguée à la fin d’un éventuel quinquennat. « C’est une bonne chose. Ça empêchera nos ennemis de spéculer contre la monnaie française, si nous accédons au pouvoir » confie un cadre historique du parti.

Philippot « emmerde » et doit être « viré » selon certains

Florian Philippot, vice-président du FN, pourfendeur en chef de la monnaie unique et président de l’association « Les Patriotes », une initiative plutôt mal perçu en interne, est sur la sellette. « Il emmerde un peu en ce moment. Il faut bien le reconnaître » a estimé le député FN Gilbert Collard. À un point, que le maire de Béziers, Robert Ménard, demande à Marine le Pen de le « virer ». « Il y a un problème, d’abord un problème de programme. On ne peut pas dire autant d'âneries sur l'Europe, dire que c'est une espèce de dictature, que les peuples européens vivraient sous le joug de l'euro et qu'ils vivraient dans la misère, tout ça c'est faux, c'est juste fou », s'est désolé l’ancien journaliste sur BFM.

« On ne peut pas rester uniquement sur la lutte contre l’immigration et l’islam radical »

« Je ne comprends pas ces critiques à l’encontre de Florian Philippot qui a fait passer le FN de 9/10% à 30/34% aux derniers scrutins. C’est surtout de la jalousie » analyse Maxime Thiébaut, ancien directeur de cabinet de Nicolas Dupont-Aignan qui a désormais rejoint « Les Patriotes ». « Il faut expliquer de manière positive ce qu’est la souveraineté nationale. C’est un combat de libération. On ne peut pas rester uniquement sur la lutte contre l’immigration et l’islam radical » ajoute-il.  Et si pour certains, comme Robert Ménard, la ligne Philippot est un repoussoir pour les électeurs de droite, selon Maxime Thiébaut, c’est surtout « l’absence de crédibilité gouvernementale » perçue entre les deux tours de la présidentielle, qui les a fait fuir. Voilà qui donne déjà matière à débats internes avant le prochain congrès de Lille au mois de mars, où la présidente du FN devrait être candidate à sa succession.

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