"Le Front national a changé de nature, et il faut que ce changement de nature soit acté par un changement de nom": Marine Le Pen est déterminée à rebaptiser le parti d'extrême-droite fondé par son père en 1972, tout en restant mystérieuse sur la nouvelle appellation.
"Il y a beaucoup de noms qui circulent mais il y en a un seul qui est dans ma tête", a-t-elle expliqué mi-février. Elle doit en faire part dimanche, lors de son discours de clôture du Congrès du parti, avant un vote des militants dans les jours suivants.
Il devrait quoi qu'il en soit en être terminé du Front national: trop vieux, trop diabolisé, trop sulfureux, trop Jean-Marie Le Pen, et surtout trop associé aux affaires et aux défaites.
"Nous sommes un nouveau mouvement qui a vocation à consolider une base", martèle Marine Le Pen qui, de fait, donne raison à son ex-bras droit désormais honni Florian Philippot, inlassable défenseur d'une dénomination nouvelle lors de son passage au Front.
Mais quel nouveau nom ? Philippot devenu président d'un nouveau parti, "Les Patriotes", ce terme, autrefois prisé par Mme Le Pen, est désormais banni - généralement remplacé dans les discours par le mot "national", auquel les militants semblent attachés.
Le mot "Front" n'a plus, en revanche, les faveurs de la présidente du parti, qui lui trouve une connotation "un peu militaire", a-t-elle fait savoir il y a un mois.
Le FN pourrait-il se muer en "Mouvement national" ? L'hypothèse est peu probable, tant elle renverrait à Bruno Mégret, qui avait fait sécession du FN à la fin des années 90 pour créer le "Front national-Mouvement national", devenu Mouvement national républicain.
De même, Mme Le Pen a opposé une fin de non-recevoir à Gilbert Collard, qui proposait "Les Nationaux".
Mais selon plusieurs observateurs, le "Rassemblement national" pourrait tenir la corde. Fusion sémantique de "Front national" et "Rassemblement bleu marine", il rappelle par ailleurs le nom du groupe parlementaire frontiste à l'Assemblée nationale entre 1986 et 1988: "Front national-Rassemblement national".
Trente ans plus tôt, le Rassemblement national avait déjà été le nom d'un parti, alors présidé par l'avocat d'extrême-droite Jean-Louis Tixier-Vignancour... dont la campagne présidentielle en 1965 avait été dirigée par un certain Jean-Marie Le Pen.
Ce dernier a d'ailleurs dit tout le mal qu'il pensait d'un changement de nom du FN: "une trahison" et "un suicide politique".
"Marine, je ne saurais trop te mettre en garde contre le risque que comporte une telle innovation", a prévenu le finaliste de la présidentielle de 2002. "Le nom d'un mouvement c'est aussi en partie sa substance, c'est son âme et on n'a pas le droit de l'effacer."