Le ministre de l’Action et des Comptes publics doit rencontrer neuf organisations syndicales de fonctionnaires, jusqu'à lundi prochain. Ce mardi, il a reçu, à l’Hôtel de Cassini, rue de Babylone à Paris, les membres de la CGT, le premier syndicat représentatif chez les fonctionnaires, de la CFDT, le deuxième syndicat, de FO, le troisième.
Interrogé ce matin sur RTL à propos du nouveau nom de son ministère qui regroupe les fonctions des anciens ministères du Budget et de la Fonction publique, Gérald Darmanin a indiqué que cette fusion permettrait « d’être au rendez-vous de la simplification et des nouvelles technologies. »
Le ministre a précisé que l’objectif d’une réduction de 120 000 postes de fonctionnaires allait être respecté. Il s’est par ailleurs voulu rassurant, expliquant que son gouvernement adopterait une approche « non-comptable. » Il a en effet assuré « qu’on ne supprime pas des fonctionnaires mais des postes de fonctionnaires. »
Cette affirmation répondait à la critique adressée par Annick Girardin, l'ancienne ministre de la Fonction publique de François Hollande, devenue la ministre des Outre-mer d’Emmanuel Macron, le 20 mai dernier sur France Info. Elle y a expliqué que la réforme de la fonction publique « n'est pas une question de nombre. » « Nous avons à revoir nos services publics. Et surtout nous avons à faire en sorte que les services publics soient bien là où ils sont attendus dans les milieux les plus isolés », avait-elle affirmé.
« Un point de rupture » pour la CGT
À l’issue de la première prise de contact, Jean-Marc Canon, le représentant de la CGT fonction publique, a indiqué « qu’il s’agissait d’un premier échange », tout en regrettant l’abandon du terme fonction publique dans le nom du ministère. La suppression de 120 000 postes de fonctionnaires sera considérée comme un « un point de rupture » pour le syndicat qu’il représente. « Les grandes orientations, nous les contestons, et ce matin nous n'avons pas eu d'éléments qui précisent les choses » a déclaré Jean-Marc Canon.
Jean-Marc Canon : « La question du pouvoir d’achat, la valeur du point, les effectifs, la retraite, le jour de carence ont été abordés dans l’entrevue avec le ministre. »
« La question du pouvoir d’achat, la valeur du point, les effectifs, la retraite, le jour de carence ont été abordés dans l’entrevue avec le ministre », a expliqué ce dernier. Le fait de scinder la valeur du point d'indice des fonctionnaires qui sert à calculer la rémunération dans la fonction publique inquiète également la CGT, a souligné Jean-Marc Canon. Le ministre a par ailleurs confirmé qu'il n'y aurait « pas de hausse de la valeur de ce point d'indice » sous le quinquennat.
La CFDT veut privilégier la réflexion sur les missions des fonctionnaires
Mylène Jacquot, la secrétaire générale de la CFDT fonction publique, a indiqué que, pour le syndicat qu’elle représente, toute « modernisation » de la fonction publique devait d’abord passer par une réflexion sur les missions. Interrogée sur le bilan à tirer de cette première rencontre, Mylène Jacquot a déclaré avoir « dit [nos] attentes en matière de carrières et de rémunérations », espérant que le gouvernement « puisse annoncer assez rapidement la tenue d’un rendez-vous salarial dès 2017 » et annoncer « un agenda social. » « On jugera aux actes » a-t-elle précisé. La responsable syndicale a cependant salué un ministre « plutôt à l'écoute » - un pronostic partagé par le représentant de FO - qui dit « vouloir réfléchir à la question des missions et de la modernisation. »
Mylène Jacquot : « J'aimerais que le gouvernement puisse annoncer assez rapidement la tenue d’un rendez-vous salarial dès 2017. »
« Nous n'irons pas autour d'une table pour discuter de comment on supprime 120 000 fonctionnaires » a cependant affirmé Mylène Jacquot, ajoutant que « s'adapter aux attentes des usagers avec des services publics plus accessibles partout, grâce au numérique notamment, nécessite des accompagnements pour les agents. »
FO regrette des « mauvaises annonces » mais se dit satisfaite de la méthode
Christian Grolier, le secrétaire général de FO fonction publique, a expliqué que le programme était « une mauvaise nouvelle », la réduction du nombre de postes de fonctionnaires étant, pour lui, « une logique comptable contre laquelle FO s’est battue pendant dix ans, sous les quinquennats de Nicolas Sarkozy puis de François Hollande. » « Le postulat de départ de la réduction de 120 000 postes de fonctionnaires ne nous plaît pas » a déploré Christian Grolier.
De même, au sujet du jour de carence des fonctionnaires, le secrétaire général de FO fonction publique a regretté que le rétablissement de ce jour de carence soit à l’agenda du ministre. Ce système, mis en place pour les fonctionnaires par Nicolas Sarkozy en 2011, consiste à supprimer la paie le premier jour d'absence pour maladie. Durant la campagne présidentielle, Emmanuel Macron s'était dit favorable à cette mesure, de même que François Fillon et Marine Le Pen, contrairement à Benoît Hamon et Jean-Luc Mélenchon.
La méthode employée par le ministre semble cependant satisfaire FO, à travers la voix de Christian Grolier, et notamment la volonté manifeste de Gérald Darmanin de « trouver un compromis. » Christian Grelier a salué le choix de ce dernier de procéder par réunions bilatérales plutôt que par « grands-messes avec tous les syndicats, comme sous le quinquennat de François Hollande. »