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Fonction publique : le ministre Stanislas Guerini veut « lever le tabou du licenciement », colère des syndicats

Estimant que ce serait un « dévoiement du statut de la fonction publique » de « considérer qu’au nom de la garantie de l’emploi, on ne puisse pas se séparer d’un agent qui ne ferait pas son boulot », le ministre souligne qu’il est déjà possible de se séparer d’un agent pour insuffisance professionnelle ou pour faute.
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Attention, poudrière. Le ministre de la Fonction publique, Stanislas Guerini, a lancé mardi la concertation autour de son projet de réforme de la fonction publique, qui vise notamment à accentuer la rémunération au mérite des fonctionnaires et faciliter les mutations d’une branche à l’autre de la fonction publique (Etat, collectivités, hôpitaux). Mais le ministre doit faire face d’emblée à la colère des syndicats.

Il faut dire que Stanislas Guerini ne se facilite pas la tâche. « Je veux qu’on lève le tabou du licenciement dans la fonction publique », a déclaré mardi dans Le Parisien le ministre, pointant une « culture de l’évitement sur ces sujets-là » et un « un dévoiement du statut de la fonction publique » de « considérer qu’au nom de la garantie de l’emploi, on ne puisse pas se séparer d’un agent qui ne ferait pas son boulot ». Plus qu’un pavé dans la marre, un sujet explosif.

« Je ne souhaite pas remettre en cause le statut de la fonction publique »

Au micro de France Inter mercredi matin, il a tempéré ses propos, estimant qu’« on confond tout sur ces sujets-là. Le statut de la fonction publique, c’est la garantie de l’emploi. Je ne souhaite pas le remettre en cause », a-t-il assuré.

« Quand on supprime un service administratif, les agents publics, on leur confie une autre mission. Pour ainsi dire, il n’y a pas de licenciement économique dans la fonction publique et je ne souhaite pas changer ça, je pense que statutairement c’est quelque chose de très important, qui distingue le public du privé », a poursuivi le ministre de la Fonction publique, tout en rappelant que le statut des fonctionnaires prévoit dans certains cas de licencier un agent : « Mais le statut (des fonctionnaires, NDLR) n’a jamais expliqué, pas même en 1946 quand il a été instauré, qu’on ne pouvait pas licencier quelqu’un qui ne fait pas bien son travail. Cet outil-là est très mal défini et surtout extrêmement peu appliqué : il y a dans l’Etat 2,5 millions d’agents publics. L’année dernière, il y a eu 13 licenciements pour insuffisance professionnelle ». Quant à « la révocation pour faute », un autre type de sanction « il y en a eu 222 », a détaillé Stanislas Guerini.

« Les agents publics sont les premiers à me dire qu’ils veulent un système qui soit juste, qui récompense mieux l’engagement, qui puisse justement récompenser le travail et qui au fond soit capable de distinction », a-t-il encore ajouté.

La CGT dépose des préavis de grève pour les JO, rejoignant Force ouvrière

En parallèle, les syndicats entendent mettre la pression à l’approche des Jeux olympiques de Paris. La CGT a annoncé ce mercredi avoir déposé des préavis de grève dans les trois branches de la fonction publique courant du 15 avril au 15 septembre. Ils couvriront donc la période des Jeux olympiques (26 juillet-11 août) et paralympiques (28 août-8 septembre).

« Pas de trêve olympique » a prévenu le premier syndicat de la fonction publique dans un communiqué, qui avait déjà fait savoir son intention d’appeler à la grève pendant les JO. Il demande notamment « des recrutements pérennes, des compensations salariales au titre des contraintes professionnelles générées par les Jeux, […] des droits aux congés, au télétravail choisi et à la déconnexion ».

Ce préavis rejoint celui du deuxième syndicat de la fonction publique, Force Ouvrière (FO), qui avait également déposé début mars un préavis de grève s’étendant sur toute la période des Jeux Olympiques. La CFDT (3e syndicat) et l’Unsa (4e) ont à l’inverse fait savoir qu’ils n’appelaient à ce stade pas à la mobilisation pendant les JO.

« Tout le pays souhaite qu’il n’y ait pas de grèves » pendant les Jeux olympiques, avait martelé début mars le ministre Stanislas Guerini. Il avait alors jugé « très inexacte » l’affirmation des syndicats selon laquelle il n’y aurait pas de dialogue avec le gouvernement pour préparer les Jeux olympiques et confirmé que les agents publics mobilisés pendant les JO toucheraient des primes de 500, 1.000 voire 1.500 euros, en fonction de leur degré d’implication et de l’impact de l’évènement sur leur métier.

(Avec AFP)

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