Fonctionnaires: la suppression du ministère suscite la critique des syndicats

Fonctionnaires: la suppression du ministère suscite la critique des syndicats

La suppression d'un ministère de la Fonction publique à part entière au sein du nouveau gouvernement a suscité la critique unanime des syndicats...
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Par Sandra LACUT

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La suppression d'un ministère de la Fonction publique à part entière au sein du nouveau gouvernement a suscité la critique unanime des syndicats - craignant qu'elle soit réduite à une simple "variable budgétaire" -, relayée par leur ancienne ministre socialiste Marylise Lebranchu.

Les 5,4 millions d'agents publics, qui représentent un emploi sur cinq, seront désormais rattachés au ministère de l'Action et des comptes publics, sous la houlette de Gérald Darmanin, 34 ans, maire de Tourcoing. Un ministre "issu d'une droite dite dure, qui voulait supprimer plusieurs centaines de milliers de postes d'agents publics", rappelle Marylise Lebranchu.

Pour l'ancienne ministre PS de la fonction publique, de la décentralisation et de la réforme de l'Etat, ce rattachement donne "l'impression que la fonction publique devient une variable d'ajustement budgétaire".

"Même Nicolas Sarkozy n'avait pas franchi un tel cap !", s'est insurgée la CGT (1er syndicat chez les fonctionnaires). "En effaçant ainsi la fonction publique, en la rattachant à un département ministériel qui en fera avant tout une variable budgétaire et en y nommant une personnalité fortement ancrée à droite", Emmanuel Macron et Edouard Philippe "indiquent clairement leur volonté de poursuivre et d'amplifier les nocives politiques d'austérité", estime le syndicat.

"Les fonctionnaires sont, quels que soient leur statut et leur entrée dans la fonction publique, l'ossature de la République", a assuré le nouveau ministre. Il pilotera les comptes publics (budget) et sociaux (comptes de la Sécu) ainsi que la Fonction publique et la Réforme de l'État, selon son entourage.

Manifestation de fonctionnaires à Marseille, le 31 mars 2016, contre le projet de réforme du travail
Manifestation de fonctionnaires à Marseille, le 31 mars 2016, contre le projet de réforme du travail
AFP/Archives

"Les ambitions de modernisation, d'économies et de transformation des collectivités publiques, nécessaires à la préservation de nos équilibres et à la qualité de nos administrations, se feront en dialogue permanent avec les agents", a assuré son ministère jeudi soir dans un communiqué, précisant que M. Darmanin prendrait "personnellement contact" vendredi avec les organisations syndicales de la fonction publique.

"Il leur proposera de les recevoir individuellement la semaine prochaine pour commencer à dialoguer sur les objectifs" fixés par le gouvernement, ajoute le communiqué.

La grogne syndicale est loin de se résumer à la CGT. A FO (3e), l'Union interfédérale des agents de la fonction publique (UIAFP-FO) dénonce aussi une "vision purement comptable et budgétaire" et demande "un ministère à part entière".

- Suppression de 120.000 postes -

L'UIAFP-FO rappelle quelques-unes des "intentions" du président de la République lorsqu'il était en campagne : suppression de 120.000 postes de fonctionnaires, fin de l'évolution uniforme des rémunérations de toutes les fonctions publiques "dans une logique d'individualisation des rémunérations basée sur le mérite", "remise en cause du code des pensions civiles et militaires en introduisant un régime unique de retraite en points", "contrats pour remplacer le système des corps de fonctionnaires jugé trop rigide".

Pour Solidaires (6e) aussi, ce "rapprochement" entre action et comptes publics fait craindre que la fonction publique et ses agents servent de "variable d'ajustement pour l'équilibre des comptes de la nation".

"Mais où est passée la fonction publique ?", s'interroge la CFDT (2e), qui dit attendre "une réponse rapide à ses interrogations qui concernent plus de 5 millions de fonctionnaires et agents publics".

L'Unsa (4e) évoque "un mauvais signal donné aux agents" qui "renvoie à un passé" où la révision générale des politiques publiques (RGPP), dont la mesure phare était le non-remplacement d'un départ à la retraite sur deux dans la Fonction publique d'Etat, "avait réduit la politique fonction publique à une gestion mécanique par les seuls coûts".

Bernadette Groison, présidente de la FSU, 2e organisation syndicale de la fonction publique, le 7 septembre 2016 à Nantes
Bernadette Groison, présidente de la FSU, 2e organisation syndicale de la fonction publique, le 7 septembre 2016 à Nantes
AFP

5e syndicat de fonctionnaires, mais première chez les enseignants, la FSU juge inacceptable "de traiter des missions de services publics par le seul prisme budgétaire", tandis que CFTC et CFE-CGC dénoncent également en choeur un "choix comptable" et une "logique comptable".

De son côté, Mme Lebranchu, invitant Emmanuel Macron à expliquer "où et quand" il supprimera 120.000 postes de fonctionnaires, dit néanmoins "attendre de voir comment les nouveaux équilibres ministériels vont concrètement se mettre en place".

Pour elle, une seule question vaut : "quels services publics voulons-nous ?".

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