Le secrétaire général de Force Ouvrière Jean-Claude Mailly a estimé lundi que le gouvernement d'Edouard Philippe a "multiplié les erreurs" à l'égard des fonctionnaires chez qui les réformes suscitent une "vraie inquiétude" sur France Inter.
Interrogé sur le rétablissement du jour de carence, le gel du point d'indice et la suppression de 120.000 postes dans la fonction publique, M. Mailly a estimé que le gouvernement "multiplie les erreurs graves", "a multiplié les boulettes".
"Il y a une vraie inquiétude chez les fonctionnaires, j'ai fait passer le message", a-t-il dit.
Sur le rétablissement du jour de carence en particulier, M. Mailly a affirmé ne pas comprendre cette décision.
Les "fonctionnaires ne l'avalent pas, c'est une erreur de le réintroduire", a-t-il insisté.
"Pour 170 millions d'euros, je pense que ça n'en valait pas la peine", a-t-il ajouté plus tard sur LCP, en faisant référence au coût du "micro-absentéisme" avancé par le ministre des comptes publics Gérald Darmanin.
"Je pense que c’est surtout pour gratter 170 millions d’euros, plus que pour faire chuter l’absentéisme", a ajouté Jean-Claude Mailly.
Egalement interrogé sur les annonces du gouvernement concernant les fonctionnaires, le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger évoquait lundi sur RTL des "annonces déséquilibrées", induisant un climat "extrêmement anxiogène".
"Evidemment qu’il faut un rétablissement des comptes publics, mais on a l’impression que la seule variable d’ajustement, ce sont les fonctionnaires", a déclaré Laurent Berger.
Comme souhaité par Emmanuel Macron avant son élection à la présidence de la République, le ministre de l'Action et des comptes publics, Gérald Darmanin, a annoncé jeudi dernier le rétablissement d'un jour de carence pour les fonctionnaires dès 2018, destiné notamment à "rétablir de l'équité entre le public et le privé", lors des états généraux des comptes de la nation à Bercy.
Le jour de carence consiste, en cas d'arrêt maladie, à supprimer la rémunération le premier jour d'absence. Mis en place pour les fonctionnaires le 1er janvier 2012, sous la présidence de Nicolas Sarkozy, il avait été supprimé par François Hollande en janvier 2014. Marylise Lebranchu, alors ministre de la Fonction publique, avait jugé cette mesure "injuste, inutile et inefficace".
Tandis que, dans le privé, le salarié en arrêt maladie ne perçoit une indemnité qu'à partir du quatrième jour de maladie (trois jours de carence) mais voit sa perte de salaire souvent compensée par son employeur, à l'exception des petites PME ou encore des artisans, ce n'est pas le cas dans la fonction publique, où il n'y a pas de compensation financière.
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