Le secrétaire d'Etat à la Fonction publique, Olivier Dussopt, et les syndicats de fonctionnaires ont ouvert mardi un nouveau chantier de concertation, portant sur le recours accru aux contractuels voulu par le gouvernement, synonyme pour les syndicats d'une "attaque" contre le statut.
"Le développement accru (du recours) aux contrats est pour nous une entorse, voire une attaque au statut" de fonctionnaire, a déclaré à l'issue de la réunion Bernadette Groison (FSU) au nom de l'intersyndicale, devant une centaine d'agents de la fonction publique rassemblés pour l'occasion devant le ministère de l'Economie.
"Nous souhaitons faciliter le recours aux contractuels non pas pour favoriser une multiplication des contrats courts mais pour permettre aux employeurs publics de recruter de manière plus réactive, plus rapide, plus autonome", a déclaré M. Dussopt à l'AFP.
Par ailleurs, "la volonté d'améliorer les conditions d'emploi des contractuels", qui n'ont pas le statut de fonctionnaire, est portée "tant par l'Etat que par les organisations syndicales", a-t-il fait valoir. Le secrétaire d'Etat souhaite offrir aux contractuels, "plus de visibilité et de garanties en matière d'évolution professionnelle", tout en encadrant leur recrutement par "de nouvelles garanties en termes de transparence" et "d'objectivité", selon un communiqué.
"À notre demande d'un plan de titularisation" des agents contractuels -alors que le précédent (loi Sauvadet) est arrivé à échéance en mars- le gouvernement oppose "un plan de contractualisation", a fustigé Mme Groison.
La réunion "confirme le désaccord fondamental que nous avons avec le gouvernement en matière d'emploi public", a abondé auprès de l'AFP Jean-Marc Canon (CGT).
Fin 2016, la fonction publique comptait 967.000 agents non titulaires (hors contrats aidés) sur 5,7 millions d'agents publics, selon l'Insee.
Trois réunions de travail se tiendront d'ici la fin juin dans le cadre de ce chantier, le deuxième des quatre annoncés en février par le Premier ministre pour cette concertation destinée à "refonder le contrat social avec les agents publics".
Le premier chantier, portant sur le dialogue social, s'est ouvert début avril et continue à se tenir en parallèle. Les deux autres, sur une rémunération plus individualisée et un accompagnement renforcé des évolutions de carrière -comprenant notamment des plans de départs volontaires inédits dans la fonction publique- doivent être abordés respectivement à partir de la fin mai et du mois de juin.
Les neuf syndicats représentatifs de la fonction publique (CGT, CFDT, FO, Unsa, FSU, Solidaires, CFTC, CFE-CGC, FA-FP) appellent tous à la grève le 22 mai contre ces projets de réforme et la suppression de 120.000 postes de fonctionnaires d'ici la fin du quinquennat. Dans une "lettre ouverte aux usagers", ils appellent ces derniers à se mobiliser "pour défendre les services publics".
Les organisations ont à nouveau été reçues par M. Dussopt dans l'après-midi, dans le cadre de leur préavis de grève. "Aucune réponse satisfaisante" n'a été apportée à leurs revendications, ont-elles déclaré dans un communiqué commun, en réaffirmant "la nécessité d'une forte mobilisation le 22 mai".
De l'aveu même de M. Dussopt, "le principal point de désaccord" reste le dégel et la revalorisation du point d'indice servant au calcul de la rémunération des fonctionnaires, réclamés par les syndicats mais qui ne constitue pas "la piste privilégiée" par le gouvernement.