Fonds Marianne : « C’est un peu la République des copains », tacle Daniel Breuiller

Au micro de Public Sénat, le sénateur écologiste du Val de Marne, Daniel Breuiller est revenu sur l’audition du président de l’USEPPM, une des associations qui posent question, dans le cadre de la commission d’enquête sur le fonds Marianne.
Henri Clavier

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

 « Merci de votre franchise, monsieur président, concernant votre naïveté ». C’est par cette formule que Daniel Breuiller a commencé sa question lors de l’audition de Cyril Karunagaran. En effet, les explications confuses du président de l’USEPPM sur l’attribution et l’utilisation des subventions dans le cadre du fonds Marianne, laissent perplexes.

 « Le cabinet a instruit les demandes de subvention, ça ne marche jamais comme ça »

Comme indiqué lors de l’audition au Sénat, l’USEPPM a déposé un dossier de subvention auprès du fonds Marianne sur les conseils de Mohamed Sifaoui. Selon Daniel Breuiller, de nombreux éléments laissent penser que la procédure menant au dépôt de la demande de subventions n’a pas vraiment été impartiale. « Déjà on lui demande de déposer un dossier, c’est un peu la République des copains. Le cabinet a instruit les demandes de subventions, ça ne marche jamais comme ça, je préfère quand ça reste dans l’administration », explique Daniel Breuiller. Ces zones d’ombre dans l’attribution des subventions ont été confirmées par Monsieur Karunagaran qui est néanmoins resté flou dans ses propos.

LIRE AUSSI » L’USEPPM, principale bénéficiaire du fonds Marianne peine à justifier l’utilisation des subventions

 « Ces deux personnes ont été choisies pour un discours qui séduisait peut-être la ministre elle-même »

 « Ces deux personnes [Mohamed Sifaoui et Cyril Karunagaran] ont été choisies pour un discours qui séduisait peut-être la ministre elle-même », explique Daniel Breuiller puisque « de la ressource associative sur des sujets comme cela, il y en a beaucoup ». Un choix encore plus étonnant lorsque l’on sait que l’association ne comptait que cinq adhérents et bénéficiait d’un budget de 50 000 euros, ce qui ne l’a pourtant pas empêché de se voir accorder une subvention de 355 000 euros. D’une part, la production de l’association laisse à désirer et se cantonne à une animation de différents comptes sur les réseaux sociaux. « 355 000 euros pour 500 tweets je connais beaucoup d’associations prêtes à postuler », ironise Daniel Breuiller.

Ensuite, le sénateur est revenu sur le cumul de la fonction de président de l’association et de la fonction de directeur administratif et financier par Cyril Karunagaran, alors même que ce dernier confie qu’il n’avait « jamais fait de demande de fonds publics ». Une question déjà posée lors de l’audition. « Ce n’est pas illégal, ça peut être autorisé par les statuts mais visiblement ce n’est pas le cas », explique Daniel Breuiller. Pour rappel, 77 % de la subvention de 355 000 euros a servi à verser des salaires, notamment à Mohamed Sifaoui et Cyril Karunagaran.

Partager cet article

Dans la même thématique

Paris: French Prime Minister Sebastien Lecornu  delivers his policy speech
8min

Politique

Budget de la Sécu : le PS devra-t-il rejeter le texte, malgré la suspension de la réforme des retraites ?

La suspension de la réforme des retraites passera par un amendement au budget de la Sécu. Mais le texte comporte de nombreuses mesures dénoncées au PS. « On va se battre pied à pied pour sortir toutes les saloperies qui existent », prévient le patron des sénateurs PS, Patrick Kanner. En interne, certains dénoncent aujourd’hui « l’erreur » d’Olivier Faure, qui a exigé le non-recours au 49-3, au risque de donner « un budget invotable ». « Si la copie est trop injuste, nous voterons contre », prévient la porte-parole du PS, Dieynaba Diop.

Le

Fonds Marianne : « C’est un peu la République des copains », tacle Daniel Breuiller
4min

Politique

Suspension de la réforme des retraites : « La censure n’aurait pas été une position totalement stupide », pour les Républicains, avance Muriel Jourda

Le gouvernement Lecornu II est parvenu à se négocier un sursis, en acceptant de suspendre la réforme des retraites jusqu’au 1er janvier 2028, ardemment réclamée par les socialistes. Une ligne rouge des Républicains, qui ont toutefois décidé de ne pas censurer. Un choix que n’aurait pas fait la sénatrice Muriel Jourda.

Le

Paris: no-confidence debate in French parliament
6min

Politique

Inéligibilité : pourquoi le Conseil d’Etat a rejeté le recours de Marine Le Pen ?

C’était attendu, le Conseil d’Etat a refusé de transmettre au Conseil constitutionnel la question prioritaire de constitutionnalité (QPC) de Marine Le Pen. La triple candidate à l’élection présidentielle avait promis d’utiliser « toutes les voies de recours possibles » pour contester l’exécution provisoire de sa peine de 5 ans d’inéligibilité prononcée en première instance dans l’affaire des emplois fictifs d’assistants parlementaires RN. Mais elle va devoir attendre la décision de son procès en appel pour savoir si elle pourra se présenter devant les électeurs. Explications.

Le

Vote results displayed after no-confidence motion against French Prime Minister
4min

Politique

Rejet de la motion de censure LFI : découvrez les détails du vote

La motion de censure de La France Insoumise, examinée ce matin par les députés, a été rejetée. 271 voix ont été récoltées contre les 289 nécessaires. Sept élus socialistes lui ont apporté leur vote. Celle déposée par le RN a également échoué avec 144 voix pour.

Le

La sélection de la rédaction

Fonds Marianne : « C’est un peu la République des copains », tacle Daniel Breuiller
11min

Politique

Fonds Marianne : le préfet Gravel dénonce le calendrier imposé par le cabinet de Marlène Schiappa

Devant la commission d’enquête du Sénat, le secrétaire général du Comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation a regretté le calendrier imposé par le cabinet de Marlène Schiappa au moment du lancement du Fonds Marianne. Malgré les problèmes avec deux lauréats du Fonds, Christian Gravel a défendu le travail « rigoureux » de ses équipes.

Le

Fonds Marianne : « C’est un peu la République des copains », tacle Daniel Breuiller
10min

Société

Fonds Marianne : « On ne nous a jamais interdit de faire des contenus politiques », assure la présidente de Reconstruire le commun

Auditionnée par la commission d’enquête du Sénat sur le fonds Marianne, Ahlam Menouni, présidente de « Reconstruire le commun », dont les contenus à caractère politique sont mis en cause, assure que la convention signée pour obtenir les subventions ne prévoyait pas « de condition liée à notre ligne éditoriale » et qu’aucune consigne claire n’a été donnée pour éviter les contenus politiques. Elle contredit ainsi Christian Gravel, qui dirige le comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation, qui a assuré le contraire devant les sénateurs.

Le