Fonds Marianne :  « Il y a au moins, une porosité entre le politique et l’administration », affirme Jean-François Husson

En attendant les auditions de Marlène Schiappa, de Mohamed Sifaoui et de Sonia Backès les 13 et 14 juin, le rapporteur de la Commission d’enquête sur l’attribution du fonds Marianne, Jean-François Husson est revenu sur l’audition de l’ancien directeur de cabinet de Marlène Schiappa.
Henri Clavier

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La publication d’un rapport de l’Inspection générale de l’administration (IGA) critiquant son action, a provoqué la démission du préfet Christian Gravel, secrétaire général du Comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation (CIPDR). Auditionné le 16 mai, le préfet Gravel avait laissé entrevoir l’existence d’une porosité entre le travail de l’administration et celui du cabinet de la ministre Marlène Schiappa, alors ministre déléguée à la citoyenneté. Pour rappel, le fonds Marianne avait été lancé en 2021, après la mort de Samuel Paty, et cherchait à lutter contre la haine et la radicalisation en ligne. Depuis, plusieurs soupçons sont apparus quant à l’attribution et l’utilisation des fonds.

 « Il y a eu, dès l’origine, une grande légèreté et probablement une faute »

Jean-François Husson, rapporteur de la commission d’enquête sur le fonds Marianne, se dit « surpris par la démission » tout en reconnaissant que « le rapport de l’IGA est particulièrement sévère ». Surtout, « le rapport pointe un manque de transparence et d’équité dans le choix des associations », précise le rapporteur de la commission d’enquête. En effet, les deux associations ayant bénéficié de la plus grande subvention présentent de sérieux doutes quant à l’utilisation adéquate des fonds et à la légitimité de leur sélection. « Les auditions que l’on mène, on les mène avec une forme de sérénité pour pouvoir constater objectivement les faits pour rétablir la chronologie », détaille Jean-François Husson comme pour mettre en lumière les contradictions dans les chronologies présentées par les différentes personnes auditionnées.

« Attribuer des sommes aussi importantes à des associations dont les budgets sont aussi faméliques ou qui sont en cours de constitution démontre, me semble-t-il, qu’il y a eu, dès l’origine, une grande légèreté et probablement une faute », explique Jean-François Husson qui ajoute également « je pense que c’est beaucoup plus sérieux que ce que l’on a pu apprendre jusqu’à maintenant ».

L’implication du cabinet de Marlène Schiappa

Comme le rapportent les différents membres de la commission d’enquête, la transparence dans l’attribution des subventions du fonds Marianne est largement mise en doute. « Les mécanismes de décision ne sont pas clairs. Il y a, au moins, une porosité entre le politique et l’administration », affirme Jean-François Husson. Selon le rapporteur, le cabinet de la ministre aurait joué un rôle dans la sélection des dossiers et l’attribution des subventions.

L’audition du préfet Jallet, ancien directeur de cabinet de Marlène Schiappa, ce mercredi 7 juin, confirme le doute existant. « A priori, le cabinet suivait de très près [l’attribution du fonds Marianne] mais sans s’en mêler. On nous dit que la ministre ne s’en occupait pas mais les déclarations sont assez contradictoires donc on va recouper les différentes auditions et les différents témoignages », explique Jean-François Husson. Les auditions des 13 et 14 juin, de Marlène Schiappa et de Mohamed Sifaoui, sont donc extrêmement attendues.

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