En déplacement au Salon de l’élevage à Cournon d’Auvergne (Puy-de-Dôme), Michel Barnier a annoncé une aide de 75 millions d’euros pour les éleveurs de brebis victimes de la fièvre catarrhale ovine et des prêts garantis par l’Etat pour les exploitations en difficulté. Des mesures bienvenues pour les agriculteurs qui ne calment pas pour autant leur colère.
Fonds Marianne : « Il y a une contradiction entre ce qu’a dit Marlène Schiappa et la réalité », affirme le président de la commission d’enquête
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Depuis l’éclatement du scandale du Fonds Marianne, Marlène Schiappa a toujours défendu ne pas avoir participé au processus de sélection des associations lauréates du fonds. Une ligne de défense remise en question par le témoignage de son directeur de cabinet de l’époque, ce mercredi, devant la commission d’enquête du Sénat. Celui-ci a assumé « une volonté du cabinet et de la ministre de pouvoir décider, valider, l’emploi des crédits du Fonds interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation (FIPD). » D’après lui, « les ministres sont responsables des politiques publiques, ils doivent en rendre compte devant la représentation nationale » et il est ainsi « légitime que la ministre décide de l’emploi des crédits qu’elle a en responsabilité. »
« Sébastien Jallet nous a confirmé la réalité de cette incursion de Marlène Schiappa sur ce dossier »
« Je constate que c’est un changement », réagit Claude Raynal, président de la commission d’enquête sur le Fonds Marianne. « Jusqu’au cabinet de Mme Schiappa, le Comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation (CIPDR) fonctionnait directement et seul le secrétariat général du CIPDR prenait les décisions de sélection », note le sénateur PS. Plus précisément, le préfet Jallet a affirmé que c’est bien Marlène Schiappa qui avait rendu « l’arbitrage » qui avait conduit à supprimer la subvention de 100 000 euros accordée par le comité de sélection du Fonds Marianne à une association en raison d’un « historique » de relations « assez ancien » et complexe.
Claude Raynal confirme d’abord que cette association, qui n’a pas été nommée pendant l’audition, est bien SOS Racisme. Ensuite, il estime que ce témoignage contredit effectivement le discours de la ministre jusqu’à présent. « Sébastien Jallet nous a confirmé la réalité de cette incursion de Marlène Schiappa sur ce dossier pour demander que la subvention soit supprimée. Qu’un ministre puisse avoir son mot à dire sur des propositions de subvention ce n’est pas le sujet en soi. Le sujet c’est que Marlène Schiappa a toujours dit qu’elle n’avait pas participé à ce choix. Il y a une contradiction entre ce qu’elle a toujours dit et la réalité. […] Nous verrons ce qu’elle dit sous serment », détaille ainsi le président de la commission d’enquête, alors que la ministre sera auditionnée le 14 juin prochain à 10h.
Mohamed Sifaoui : « D’une certaine façon, on est allé le chercher »
Pour Claude Raynal, il reste « beaucoup de questions » : « Il y a un sujet sur l’organisation des services de Marlène Schiappa : une ministre a la responsabilité de ce qu’il se passe dans son ministère. Un certain nombre de faiblesses sont relevées par nous, mais également par l’IGA qui a rendu son rapport et est redoutable de ce point de vue là. Il y a des manquements de son administration, en était-elle informée ? Comment aurait-elle pu éviter un certain nombre de choses ? » Ensuite, se pose bien la question « de la sélection des projets » et de « la part qu’elle y a prise », ainsi que leur suivi confirme-t-il.
En particulier, les subventions attribuées à l’Union Fédérative des Sociétés d’éducation physique et de préparation militaire (USEPPM), dont le responsable éditorial était l’essayiste Mohamed Sifaoui, interrogent. D’après Claude Raynal, dire à ce stade que ce Fonds Marianne a été créé sur mesure pour M. Sifaoui est « exagéré. » En revanche, il semblerait que le cabinet de la ministre soit bien allé « chercher » M. Sifaoui, sur un dossier qui a fini en « échec assez lourd » : « M. Sifaoui a toujours indiqué avoir été sollicité par le cabinet de la ministre notamment. D’une certaine façon, on est allé le chercher, ça ne se passe bien et ça se termine par une demande de remboursement, de la moitié de la somme, en dehors de toute considération pénale. »
De là à parler d’un scandale d’Etat ? Pour Claude Raynal, aller aussi loin poserait d’autres questions : « Il y a un certain nombre de sujets, mais le scandale d’Etat ce serait qu’il y a eu des volontés, c’est une autre nature de sujet. »