Les sénateurs ont très envie de parler à Marlène Schiappa. Après les révélations sur l’utilisation du fonds Marianne, créé après l’assassinat de Samuel Paty par la ministre macroniste, afin de lutter contre la radicalisation en ligne, les sénateurs du groupe écologiste du Sénat demandent à auditionner l’ex-ministre déléguée à la Citoyenneté, aujourd’hui secrétaire d’Etat chargée de l’Economie sociale et solidaire et de la Vie associative. Ils ont écrit à François-Noël Buffet, président LR de la commission des lois, et à Laurent Lafont, président centriste de la commission de la culture et de l’éducation, pour en faire la demande.
« Le 30 mars 2023, nous découvrions par voie de presse qu’une subvention de plus de 355.000 euros octroyée à l’Union des sociétés d’éducation physique et de préparation au service militaire (USEPPM) aurait été détournée et utilisée de manière frauduleuse », écrit le président du groupe écologiste, Guillaume Gontard, dans cette lettre dont publicsenat.fr a obtenu copie. « Au vu de la gravité des informations révélées et vous sachant également attachés à la transparence sur l’utilisation des deniers publics, notre groupe souhaite proposer aux commissions des lois et de la culture, de l’éducation et de la communication du Sénat d’auditionner Madame la secrétaire d’Etat chargée de l’Economie sociale et solidaire et de la Vie associative sur l’utilisation et l’attribution de ces fonds publics », demandent les sénateurs écolos dans ce courrier en date du 12 avril. La lettre a été envoyée juste avant les nouvelles révélations, celle de Mediapart, sur le financement via ce fond de contenus politiques pendant les dernières campagnes présidentielle et législatives.
« On a des suspicions très fortes, des éléments qui interrogent et un silence assourdissant »
Cette volonté d’auditionner Marlène Schiappa s’ajoute à la demande des sénateurs PS de lancer une commission d’enquête transpartisane sur le sujet, comme publicsenat.fr l’annonçait hier. « En urgence, on a demandé l’audition de Marlène Schiappa. Cela nous paraissait la moindre des choses. Ensuite, c’est sûr, que vu la gravité des faits, une commission d’enquête paraît nécessaire. Evidemment qu’on soutient la demande du groupe PS », nous affirme Guillaume Gontard. Le sénateur de l’Isère ajoute : « Sur l’usage de ces fonds, notamment pendant la campagne présidentielle, et qui en a profité, il y a quand même des choses qui sont très graves et qui interrogent ».
« On a des suspicions très fortes, des éléments qui interrogent et un silence assourdissant de la première concernée, excepté un communiqué. Le Parlement doit se saisir de ça et faire son travail », continue le président de groupe, qui note qu’« on a quand même un gouvernement qui nous fait des leçons sur l’utilisation des réseaux sociaux, sur les fake news, et imaginer que ces fonds aient pu être utilisés pour autre chose, ça nous interroge ». Sur la méthode, « notre idée à la base, c’est déjà d’auditionner Marlène Schiappa et de se décider ensuite si la commission se transforme en commission d’enquête », explique Guillaume Gontard. Il jugerait « assez étonnant, de la part de la majorité sénatoriale, qui est toujours très rapide pour réagir sur ces sujets-là, de ne pas le faire ».