Fonds Marianne : « Marlène Schiappa n’est coupable de rien, mais elle a une attitude de coupable », lâche Mohamed Sifaoui

Interrogé par la commission d’enquête sur le fonds Marianne, Mohamed Sifaoui, ancien directeur des opérations de l’USEPPM, association bénéficiaire de la plus importante subvention, s’est défendu de toutes relations – si ce n’est distantes – avec la ministre Marlène Schiappa.
Thomas Fraisse

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« Je le dis. Marlène Schiappa n’est pas mon amie, elle ne l’a pas été hier et elle ne le sera pas demain ». En début d’audition, par deux fois, Mohamed Sifaoui a tenu à clarifier sa relation avec l’ex-ministre déléguée chargée de la Citoyenneté et actuelle secrétaire d’État. « Je n’ai pas bâti mes relations à travers une politique de copinage », a avancé jeudi 15 juin, devant la commission d’enquête sénatoriale sur le Fonds Marianne, l’ancien directeur des opérations de l’USEPPM, association sélectionnée pour recevoir une subvention de 355 000 euros, assurant que Marlène Schiappa ne faisait pas figure d’exception.

Mais Mohamed Sifaoui a également profité de son audition pour charger le comportement de la Ministre, entendue la veille par la commission. « Je n’aime pas les gens qui n’ont pas de courage, je ne respecte pas les gens qui n’ont pas de courage. Je vous l’ai dit, Madame Schiappa est innocente mais j’ai aussi dit, dès le départ, que son attitude est curieuse. Elle a une attitude de quelqu’un qui est coupable », a-t-il lâché. « Elle n’est coupable de rien, je le redis devant vous. Mais elle a une attitude de coupable. Si j’étais un observateur extérieur de cette affaire, je me dirais ‘tiens Madame Schiappa a quelque chose à se reprocher’ » a-t-il lâché.

« Ce n’est pas le sujet, et nous ne parlons pas de culpabilité », a voulu recadrer Claude Raynal, le président de la commission d’enquête.

Mohamed Sifaoui s’est-il entretenu personnellement avec Marlène Schiappa ? Encore une fois, l’intéressé répond par la négation. « Septembre, octobre, novembre, décembre, février, mars jusqu’au mois d’avril », compte-t-il en expliquant que durant toute cette période, il n’a rencontré que les conseillers du cabinet ministériel. À l’évocation de rencontres avec Marlène Schiappa, le journaliste se permet même de rire. « Ça s’est traduit par des rencontres en fin de réunions avec son cabinet ». Il ajoute : « Le 22 avril, elle devait me recevoir pour que nous puissions parler de ce projet en tête-à-tête. Finalement, cette rencontre a été annulée en raison d’un agenda compliqué, où elle était retenue avec le président de la République ou le Premier ministre. Elle arrive en fin de rendez-vous avec son directeur de cabinet, Monsieur Sébastien Jallet, elle me salue et me dit encore une fois qu’elle compte sur moi et qu’elle m’encourage vraiment à le mettre en application [le projet] le plus vite possible ».

« Je n’ai jamais sollicité un rendez-vous pour aller faire des offres de service »

Sans pouvoir s’entretenir avec Marlène Schiappa, Mohamed Sifaoui s’est tout de même engagé dans ce projet qui lui tenait à cœur. « J’ai compris qu’il y avait une traduction politique à partir de 2020, un vrai changement de doctrine. C’est que l’État allait enfin affronter l’Islam politique, l’idéologie islamiste, et mettre les moyens politiques pour répondre à la propagande islamiste de plus en plus pressante contre la France, la République, les institutions, les élus, les universitaires, les journalistes etc. ».

Toutefois, Mohamed Sifaoui prévient les sénateurs de la commission d’enquête qu’il ne doit pas être considéré comme l’initiateur des discussions avec le cabinet de Marlène Schiappa. « Il y a eu des rencontres régulières à la demande du cabinet, encore une fois à la demande de Madame Schiappa » s’énerve-t-il.  « Je n’ai jamais sollicité un rendez-vous pour aller faire des offres de service ».

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