Fonds Marianne : Rachid Temal estime que Marlène Schiappa s’est « crashée » devant la commission d’enquête

Après l’audition de Marlène Schiappa devant la commission d’enquête sénatoriale sur le “fonds Marianne” qu’elle a lancé lorsqu’elle était ministre déléguée auprès du ministre de l’Intérieur en 2021, les sénateurs réagissent. Pour le socialiste Rachid Temal, la désormais secrétaire d’Etat n’a pas assumé ses responsabilités. Le centriste Jean-Michel Arnaud estime lui que cette affaire illustre le bon fonctionnement des “contre-pouvoirs” en France.
Stephane Duguet

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L’audition de Marlène Schiappa était très attendue par les sénateurs de la commission d’enquête sénatoriale, mais aussi très scrutée par les médias et le monde politique. Les réponses de l’ancienne ministre déléguée chargée de la citoyenneté devaient éclairer les membres de la commission sur l’utilisation de ce fonds lancé en 2021, après l’assassinat du professeur Samuel Paty par un terroriste et qui visait à lutter contre « les discours séparatistes » sur les réseaux sociaux.

 

Durant son audition, Marlène Schiappa, dorénavant secrétaire d’Etat chargée de l’économie sociale et solidaire et de la vie associative, a marqué ses distances avec la validation des subventions par le Comité Interministériel de Prévention de la Délinquance et de la Radicalisation (CIPDR) et nié toute implication personnelle dans le choix des associations.

Elle balaie ainsi les accusations de favoritisme suite à l’octroi de 355 000 euros à l’Union Fédérative des Sociétés d’éducation physique et de préparation militaire (USEPPM) anciennement dirigée par le journaliste Mohamed Sifaoui. Ce dernier ayant déclaré sur Twitter avoir été « encouragé » à déposer un dossier par « les membres du cabinet de Madame Schiappa et par elle-même ».

« Marlène Schiappa n’a jamais vraiment été ministre », raille Rachid Temal

Autant dire que les explications de Marlène Schiappa devant les sénateurs ont été accueillies froidement par certains sénateurs, à l’image du socialiste Rachid Temal. Sur Public Sénat, il a dénoncé l’argumentaire utilisé par la ministre. « On voit devant nous le crash d’une ministre qui après avoir fait des coups politiques est rattrapé par la patrouille. Elle vient de se scratcher devant l’ensemble des médias », estime le sénateur du Val-d’Oise.

 

Selon lui, le témoignage de la ministre entre en contradiction avec les précédentes auditions menées par Claude Raynal, président socialiste de la commission d’enquête et son rapporteur, le sénateur Les Républicains Jean-François Husson. « Le sentiment, c’est que soit elle ment quand on écoute les autres intervenants, notamment son directeur de cabinet, soit elle était totalement inconséquente et pas sérieuse. En tout cas, elle fait le choix de la légèreté plutôt que celui de la responsabilité », raille-t-il. Rachid Temal ajoute qu’au vu de ses explications, « on a le sentiment que Marlène Schiappa n’a jamais été vraiment ministre. »

Capture Public Sénat

« On a des contre-pouvoirs qui fonctionnent » , positive Jean-Michel Arnaud

Invité à réagir à cette même audition, Jean-Michel Arnaud, sénateur centriste, tient à souligner une « conséquence positive” de cette affaire du « fonds Marianne » . « On a des contre-pouvoirs qui fonctionnent et un Sénat qui sur l’affaire Benalla, sur la question des concessions d’autoroute ou sur l’affaire Orpéa est en première ligne pour faire son travail » , explique le sénateur des Hautes-Alpes. 

 

« Je veux rassurer les concitoyens, les parlementaires, les journalistes, la justice, chacun dans ses pouvoirs fait son travail. Nos institutions ne sont pas totalement corrompues, mais sont là, présentes, pour rééquilibrer quand c’est nécessaire » , rappelle Jean-Michel Arnaud. La commission d’enquête sénatoriale poursuit d’ailleurs son travail. Sonia Backès, secrétaire d’Etat chargée de la citoyenneté, qui a hérité du portefeuille de Marlène Schiappa est auditionnée ce mercredi 14 juin à partir de 16h30. Demain, jeudi 15 juin, c’est Mohamed Sifaoui, qui répondra aux questions des sénateurs après deux rendez-vous manqués ce mois-ci. La dernière à cause d’une perquisition à son domicile dans le cadre de cette affaire. 

 

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