Pendant trois jours, ce collectif de scientifiques propose aux nouveaux parlementaires de quitter leur costume pour enfiler la casquette d’universitaire. A travers des formations de 30 minutes animées par un binôme de chercheurs, ils entendent leur fournir les clés de compréhension et les outils nécessaires pour prendre en compte les enjeux climatiques et écologiques durant leur mandat. Des documents synthétiques sont à leur disposition, avec les constats du GIEC résumés en quelques pages. Traduire la science représente pour eux un objectif démocratique, afin de « partager les connaissances pour qu’elles deviennent des réalisations politiques », confie Christophe Cassou, climatologue. A l’origine du mouvement, Christophe Cassou lance l’idée avec Matthieu Orphelin, ex-député du Maine-et-Loire. Son expérience parlementaire lui permet d’affirmer, « le dérèglement climatique est un des sujets dont on parle le moins à l’Assemblée nationale ».
« Nul n’est censé ignorer la loi, et nul n’est censé ignorer les enjeux climatiques », Matthieu Orphelin
L’idée de réunir ces scientifiques vise à impulser une considération nouvelle du climat au sein du débat parlementaire : « ces enjeux doivent rayonner dans toutes les politiques publiques […] et les rapports du GIEC sont utiles s’ils sont lus et utilisés ». Si ces considérations écologiques ont jusque-là été déniées, Christophe Cassou et Matthieu Orphelin alertent sur l’urgence d’agir, notamment pour la jeunesse, « qui attend toujours une réaction et souffre d’anxiété pour son futur ». Justement, le groupe scientifique partage cette initiative avec un collectif de jeunes, « Pour un Réveil Écologique », présent à leurs côtés afin de mettre en œuvre la rencontre entre science et politique. En 2018, ce collectif d’étudiants avait lancé un manifeste signé par plus de 30 000 jeunes, cherchant à accélérer la transition vers un modèle économique compatible avec les limites planétaires, notamment par le biais de formations pour les dirigeants. Léa Falco, une des représentantes de ce mouvement, affirme qu’il s’agit d’une « première mondiale, dont la mise en place d’une médiation scientifique dès les premiers jours de mandat suscite beaucoup d’espoirs ».
Des solutions clés en main
« Les différents rapports scientifiques ont prouvé qu’il y a de nombreuses solutions politiques à mettre en œuvre, avec des co-bénéfices sur la santé, la psychologie, l’économie, etc », rapporte Magali Reghezza, géographe. Couvet Denis, spécialiste de la dynamique des socioécosystèmes, rajoute, « l’Etat peut agir ; il peut inciter les acteurs à réduire leurs impacts, décourager la surexploitation, protéger les espèces naturelles, comme prôner l’économie circulaire ou l’agroécologie… ». Face à l’urgence écologique, toutes les sciences représentées, sont prêtes à prêter main-forte au champ politique ; et espèrent une participation massive de la part des députés.