Le virus continue de circuler. Même dans les départements classés « verts ». La semaine dernière, deux clusters ont été détectés et pris en charge par l’agence régionale de santé (ARS). Le premier a été identifié dans le village d’Eglise-Neuve-de-Vergt, à quelques kilomètres de Périgueux (Dordogne) et le second à Chauvigny (Vienne). Si plusieurs cas ont été identifiés et isolés, aucun n’a pour le moment été hospitalisé.
« Un mauvais signal »
Au collège Gérard-Philipe de Chauvigny, près de Poitiers, un foyer était apparu la semaine dernière après une réunion de préparation de la rentrée du 18 mai. Quatre cas avaient été testés positifs, dont un membre de la direction. Vingt personnes au total ont été placées en quatorzaine, même les personnes dont le test était négatif. Le maire, Gérard Herbert, avait d’ailleurs menacé de ne pas rouvrir les écoles de la commune si le personnel éducatif et les agents travaillant dans ces écoles, n'étaient pas dépistés.
Une situation qui inquiète les élus. D’après le sénateur et ancien maire de la commune de Chauvigny, Alain Fouché, c’est « un mauvais signal pour les familles de la commune ». Même si la rentrée au collège Gérard-Philippe a été repoussée au 27 mai, le foyer de Chauvigny a réveillé les craintes – et les réticences- à la veille de la rentrée des écoles. « Cet événement donne une leçon d'humilité à tous ceux qui clament haut et fort qu'il faut se rassurer, être confiant, respectons les gestes barrière et tout va bien, en plus dans une zone qui n'est pas touchée, etc. », a estimé sur France Bleu Poitou Gilles Tabourdeau, secrétaire SNUipp-FSU de la Vienne, réclamant des tests pour « tous les enseignants ».
Pour Alain Fouché, ce « mini-cluster » est l’occasion de mettre en garde la population : « Ce n’est pas parce qu’un département est vert qu’il est protégé, ça peut arriver du jour au lendemain ». Le sénateur l’avoue, il est « en colère » face à cette propagation du virus : « Ca donne une mauvaise image de la ville ». De son côté, Yves Bouloux (LR), sénateur de la Vienne, se dit un peu « choqué » par la situation. Mais pas question de remettre en cause la première phase de déconfinement « elle est absolument utile. La crise sanitaire est terrible mais la crise sociale et économique est à peu près autant dangereuse », « le confinement ne peut pas durer ad vitam aeternam ».
« Un test grandeur nature »
En Dordogne, un cluster familial avait été identifié après des obsèques fin avril dans le village d’Eglise-Neuve-de-Vergt, à quelques kilomètres de Périgueux. Au total, en remontant les « cas contacts » de toutes les personnes concernées, 127 ont été dépistées, et 9 testées positives, sans aucun cas grave. Pour l’un des sénateurs de Dordogne, Bernard Cazeau (LREM), si cet exemple est « un avertissement sévère », ce foyer épidémique est un bon « exemple » de ce qui peut être fait pour tester la population et remonter la chaîne des cas contacts : « Ça a été une bonne méthode pour se roder, et un bon exercice grandeur nature. Le médecin, le personnel de l’ARS… c’est toute la chaîne sanitaire qui s’est mise en branle et a retrouvé les gens présents à l’enterrement en quinze jours. Ça montre que le système marche ».
Même discours dans l’opposition. Le sénateur socialiste de Dordogne, Claude Berit-Débat, est rassuré par la prise en charge de ce cluster : « C’était un test grandeur nature ». Les deux sénateurs se montrent optimistes quant à au déconfinement, « ça ne veut pas dire liberté totale. Il ne faudra pas desserrer les gestes barrières mis en place pendant le confinement » prévient Bernard Cazeau.
Les petits clusters sont relativement courants : la Nouvelle-Aquitaine en a connu 29 depuis le début de la crise, rappelle l'ARS. Dimanche 10 mai, quatre salariés ont à leur tour été testés positifs dans une entreprise de l’agroalimentaire, cette fois en Vendée.