Fracture territoriale : Camani engage un « bras de fer avec l’État » pour sauver le Lot-et-Garonne

Fracture territoriale : Camani engage un « bras de fer avec l’État » pour sauver le Lot-et-Garonne

Désemparé par la « situation financière désastreuse » du département du Lot-et-Garonne dont il est à la tête, le sénateur socialiste Pierre Camani a écrit une lettre ouverte à Emmanuel Macron. Il espère attirer son attention sur une « problématique majeure », la fracture territoriale. Quinze départements ruraux, dont le Lot-et-Garonne, ne sont plus en mesure de payer la totalité de la charge du RSA qui leur incombe. Le Président le reçoit ce mercredi. 
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Par Alice Bardo

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Le président du Conseil département du Lot-et-Garonne, Pierre Camani, a fait un pari, celui d’un « bras de fer avec l’État ». En début d’année, à l’occasion du vote du budget de son département, il a inscrit une « dépense exceptionnelle attendue de l’État » d’un montant de 20 millions d’euros. Une « dotation fictive » qui lui a permis « d’équilibrer (son) budget et de compenser une partie de ce que l’État ne (lui) rembourse pas ».

« Je me bats contre un État qui étrangle (les départements ruraux) de longue date. En Lot-et-Garonne, le dernier cran du garrot a été serré cette année », s’inquiète le sénateur.  La baisse des dotations de l’État en est la cause. Pour l’année 2017, « il s’est désengagé à hauteur de 50 millions d’euros, sur les 330 millions nécessaires au fonctionnement du département ». «  L’État ne compense pas les charges qu’il nous impose en termes de solidarité nationale, à savoir l’allocation personnalisée d’autonomie (APA) pour les personnes âgées, la prestation de compensation du handicap (PCH) et la charge du RSA pour les personnes en insertion », ajoute Pierre Camani.

« Les pauvres paient pour les pauvres »

Ce reste à charge pour le financement du RSA qui incombe aux départements, le président du Conseil départemental du Lot-et-Garonne ne peut plus l’assumer. Alors il a pris une décision : « Nous ne paierons pas, en 2017, cinq mensualités à la CAF pour rembourser le RSA » a-t-il écrit au président de la République. Quatorze autres départements sont dans la même situation. Un manque à gagner pour l’État de 215 millions d’euros. Dans ces territoires ruraux, « les pauvres paient pour les pauvres », remarque le sénateur qui défend mener un « combat pour la justice ».

S‘il a été contraint de réduire des politiques publiques pour faire face à la difficulté financière de son département, il refuse d’augmenter la fiscalité depuis huit ans pour ne pas plus prendre à la gorge une population dont 10% touche le RSA. En Lot-et-Garonne, une personne sur six vit sous le seuil de pauvreté et 63% de foyers sont suffisamment modestes pour ne pas être imposables. Des ressources en moins pour le département. Et c’est précisément pour cette raison que Pierre Camani souhaite que l’État adapte le montant de ses dotations selon qu’il s’agisse de départements ruraux « qui ont de très faibles ressources et lourdes charges en raison du chômage et de la présence de nombreuses personnes âgées » ou de départements qui disposent d’une métropole ou d’un littoral qui, eux, « ont des ressources qui augmentent ».

« Je pense que j’aurais une réponse rapidement »

Lorsqu’il était candidat, Emmanuel Macron avait dit vouloir « supprimer » les départements dans les zones les plus urbanisées et structurées par des métropoles. « De vraies économies » qu’il souhaiterait rediriger vers les départements les plus ruraux. Pierre Camani y a vu une « porte ouverte » et avait profité du début du mandat du nouveau Président pour attirer son attention.  « Il y a peut-être plus de latitude en début de mandat pour prendre à bras-le-corps ce problème », précise-t-il.

Emmanuel Macron reçoit ce mercredi le président du Lot-et-Garonne.

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