Fracture territoriale : Camani engage un « bras de fer avec l’État » pour sauver le Lot-et-Garonne

Fracture territoriale : Camani engage un « bras de fer avec l’État » pour sauver le Lot-et-Garonne

Désemparé par la « situation financière désastreuse » du département du Lot-et-Garonne dont il est à la tête, le sénateur socialiste Pierre Camani a écrit une lettre ouverte à Emmanuel Macron. Il espère attirer son attention sur une « problématique majeure », la fracture territoriale. Quinze départements ruraux, dont le Lot-et-Garonne, ne sont plus en mesure de payer la totalité de la charge du RSA qui leur incombe. Le Président le reçoit ce mercredi. 
Public Sénat

Par Alice Bardo

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

Le président du Conseil département du Lot-et-Garonne, Pierre Camani, a fait un pari, celui d’un « bras de fer avec l’État ». En début d’année, à l’occasion du vote du budget de son département, il a inscrit une « dépense exceptionnelle attendue de l’État » d’un montant de 20 millions d’euros. Une « dotation fictive » qui lui a permis « d’équilibrer (son) budget et de compenser une partie de ce que l’État ne (lui) rembourse pas ».

« Je me bats contre un État qui étrangle (les départements ruraux) de longue date. En Lot-et-Garonne, le dernier cran du garrot a été serré cette année », s’inquiète le sénateur.  La baisse des dotations de l’État en est la cause. Pour l’année 2017, « il s’est désengagé à hauteur de 50 millions d’euros, sur les 330 millions nécessaires au fonctionnement du département ». «  L’État ne compense pas les charges qu’il nous impose en termes de solidarité nationale, à savoir l’allocation personnalisée d’autonomie (APA) pour les personnes âgées, la prestation de compensation du handicap (PCH) et la charge du RSA pour les personnes en insertion », ajoute Pierre Camani.

« Les pauvres paient pour les pauvres »

Ce reste à charge pour le financement du RSA qui incombe aux départements, le président du Conseil départemental du Lot-et-Garonne ne peut plus l’assumer. Alors il a pris une décision : « Nous ne paierons pas, en 2017, cinq mensualités à la CAF pour rembourser le RSA » a-t-il écrit au président de la République. Quatorze autres départements sont dans la même situation. Un manque à gagner pour l’État de 215 millions d’euros. Dans ces territoires ruraux, « les pauvres paient pour les pauvres », remarque le sénateur qui défend mener un « combat pour la justice ».

S‘il a été contraint de réduire des politiques publiques pour faire face à la difficulté financière de son département, il refuse d’augmenter la fiscalité depuis huit ans pour ne pas plus prendre à la gorge une population dont 10% touche le RSA. En Lot-et-Garonne, une personne sur six vit sous le seuil de pauvreté et 63% de foyers sont suffisamment modestes pour ne pas être imposables. Des ressources en moins pour le département. Et c’est précisément pour cette raison que Pierre Camani souhaite que l’État adapte le montant de ses dotations selon qu’il s’agisse de départements ruraux « qui ont de très faibles ressources et lourdes charges en raison du chômage et de la présence de nombreuses personnes âgées » ou de départements qui disposent d’une métropole ou d’un littoral qui, eux, « ont des ressources qui augmentent ».

« Je pense que j’aurais une réponse rapidement »

Lorsqu’il était candidat, Emmanuel Macron avait dit vouloir « supprimer » les départements dans les zones les plus urbanisées et structurées par des métropoles. « De vraies économies » qu’il souhaiterait rediriger vers les départements les plus ruraux. Pierre Camani y a vu une « porte ouverte » et avait profité du début du mandat du nouveau Président pour attirer son attention.  « Il y a peut-être plus de latitude en début de mandat pour prendre à bras-le-corps ce problème », précise-t-il.

Emmanuel Macron reçoit ce mercredi le président du Lot-et-Garonne.

Dans la même thématique

Fracture territoriale : Camani engage un « bras de fer avec l’État » pour sauver le Lot-et-Garonne
3min

Politique

Revalorisation du barème de l’impôt : « On peut imaginer plusieurs scenarii », selon Claude Raynal

Après avoir été présenté en conseil des ministres ce mercredi 11 décembre, le projet de loi spéciale sera examiné à l’Assemblée nationale à partir du 16 décembre et au Sénat en milieu de semaine prochaine. Cet après-midi, les ministres démissionnaires de l’Economie et du budget ont été entendus à ce sujet par les sénateurs. « La Constitution prévoit des formules pour enjamber la fin d’année », s’est réjoui le président de la commission des Finances du Palais du Luxembourg à la sortie de l’audition.

Le

Paris: Emmanuel Macron Receives President Of Guinea-Bissau Umaro Sissoco Embalo
4min

Politique

« Réguler les égos » : comment Emmanuel Macron conçoit son rôle dans son camp

Au moment où le chef de l’Etat s’apprête à nommer un nouveau premier ministre, Emmanuel Macron a reçu ce mercredi à déjeuner les sénateurs Renaissance, à l’Elysée. Une rencontre prévue de longue date. L’occasion d’évoquer les collectivités, mais aussi les « 30 mois à venir » et les appétits pour 2027…

Le

Fracture territoriale : Camani engage un « bras de fer avec l’État » pour sauver le Lot-et-Garonne
4min

Politique

Gouvernement : « On ne peut pas simplement trépigner et attendre que le Président veuille démissionner », tacle Olivier Faure

Olivier Faure, le Premier secrétaire du PS, réclame un Premier ministre de gauche, alors que LFI refuse de se mettre autour de la table pour travailler sur la mise en place d’un gouvernement, préférant pousser pour une démission du chef de l’Etat. Ce mercredi, députés et sénateurs PS se sont réunis alors que le nom du nouveau chef de gouvernement pourrait tomber d’un instant à l’autre.

Le