Alors que le gouvernement s’apprête à tomber, chacun réfléchit à la suite. A droite, « le nom de François Baroin recircule », glisse le sénateur LR Roger Karoutchi. Au PS, on tend la main. « Nous sommes à la disposition du président de la République », avance Patrick Kanner, à la tête du groupe PS du Sénat. Pour le centriste Hervé Marseille, il faut « trouver une plateforme d’action, comme disent les socialistes, de non censurabilité, pour essayer de trouver un accord ». Les grandes manœuvres ont commencé.
France 4 : les sénateurs votent le maintien de la chaîne jeunesse
Par Pierre Maurer
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L’épidémie de covid-19 - et la mobilisation des parlementaires - a sauvé France 4 d’un destin funeste. Promise à une fermeture en août, la chaîne est une rescapée de dernière minute. Mardi soir, Emmanuel Macron a fait volte-face en indiquant vouloir maintenir la chaîne. Avant cette annonce, en commission, les sénateurs avaient voulu inscrire dans la loi la nécessité qu’une des chaînes du groupe France Télévisions soit consacrée à des programmes dédiés à la jeunesse. C’est chose faite avec l’adoption de l’article 17 bis de la loi sur les « œuvres culturelles à l’ère numérique » qui modifie la loi de 1986 et dispose : une des chaînes du service public sera « entre six heures et vingt heures, exclusivement consacrée à des programmes destinés à la jeunesse ».
Le rapporteur LR Jean-Raymond Hugonet et le président centriste de la commission Culture du Sénat, Laurent Lafon, avaient vivement fait campagne aux côtés de 40 sénateurs pour la sauvegarde de France 4. Une tribune initiée par les élus de la chambre Haute appelait le gouvernement à revenir sur ce choix et rappelait que la BBC a décidé de relancer sa chaîne éducation BBC 3 en janvier 2022.
Pour sa nouvelle mouture, le président de la République a souhaité « que France 4 poursuive sa mission autour de deux axes : jeunesse en journée, culture en soirée, pour prolonger le succès de l’expérience Culturebox », chaîne dédiée à la culture et mise en place pendant les confinements.
Une nouvelle formule saluée de toutes parts au Sénat. « Nous nous réjouissons que le chef de l’Etat se soit rallié à notre proposition », a glissé Jean-Raymond Hugonet, tandis que la ministre de la Culture, Roselyne Bachelot, saluait « une excellente nouvelle ». Pour les écologistes, Monique de Marco a souligné un « geste fort » quand la centriste Catherine Morin-Desailly a félicité une « très bonne décision ». Seul le socialiste David Assouline s’est interrogé sur ce revirement soudain : « Je ne peux que me réjouir que le président de la République ait enfin renoncé à supprimer France 4. Mais je trouve curieux que ce soit lui qui annonce ce renoncement. J’ai mis beaucoup d’énergie à revenir sur le sujet à chaque débat. C’est une victoire qui doit nous encourager à ne jamais rien lâcher ».
Meilleure protection des œuvres françaises
Les sénateurs avaient précédemment adopté les dispositions portant sur la cession des catalogues de l’audiovisuel français : l’article 17 du projet de loi prévoit que le rachat d’œuvres françaises soit accompagné d’une obligation de recherche d’exploitation suivie, et que tout projet de cession d’œuvres soit déclaré six mois avant auprès du ministère de la Culture. « Six mois qui permettront de vérifier que l’acheteur a bien les garanties pour assurer une recherche d’exploitation suivie » avait expliqué Roselyne Bachelot devant la commission de la culture du Sénat il y a quelques semaines.