Empêtré dans les affaires judiciaires, le candidat de droite à la présidentielle française François Fillon a accusé jeudi le président socialiste François Hollande d'organiser des fuites vers la presse, ce dernier démentant en questionnant son "intégrité".
Vainqueur surprise de la primaire de la droite, ancien favori des sondages désormais distancé par la candidate d'extrême droite Marine Le Pen et l'ex-ministre centriste Emmanuel Macron, M. Fillon a vu sa candidature vaciller après des révélations fin janvier sur les emplois fictifs présumés de son épouse Penelope et de deux de ses enfants.
Ces révélations ont abouti à son inculpation la semaine dernière - une première pour un candidat majeur à la présidentielle française - notamment pour détournement de fonds publics, complicité et recel de détournement de fonds publics, recel et complicité d'abus de biens sociaux. Et la justice a élargi récemment son enquête à des soupçons d'"escroquerie aggravée, faux et usage de faux".
François Hollande inaugure l'Agence Française Anticorruption à Bercy, le 23 mars 2017
POOL/AFP
Son épouse est convoquée mardi par les juges en vue d'une éventuelle inculpation.
Premier ministre sous l'ex-président de droite Nicolas Sarkozy (2007-2012), M. Fillon, 63 ans, actuellement éliminé au premier tour du 23 avril selon tous les sondages, a contre-attaqué avec virulence jeudi soir sur la chaîne publique France 2, accusant le président Hollande de diriger un "cabinet noir".
"Ca fait deux mois que la presse déverse sur moi des torrents de boue", s'est-il emporté face à un journaliste lui demandant s'il était "un homme d'argent".
"Il y a un livre qui sort ces jours-ci, dont j'ai pu lire les bonnes feuilles, qui a été écrit par des journalistes qui sont très loin d'être mes amis puisque deux d'entre eux sont des journalistes du Canard enchaîné", l'hebdomadaire d'investigation qui avait révélé les emplois fictifs présumés, a fait valoir M. Fillon.
François Fillon sur France 2 dans "L'émission politique", le 23 mars 2017 à Paris
AFP
D'après l'ancien Premier ministre, ce livre, titré "Bienvenue place Beauvau", "explique que François Hollande fait remonter toutes les écoutes judiciaires qui l'intéressent à son bureau, ce qui est d'une illégalité totale". "On cherchait un cabinet noir, on l'a trouvé (...) Ce soir, solennellement, je demande qu'il y ait une enquête d'ouverte sur les allégations qui sont portées dans ce livre, parce que c'est un scandale d'Etat".
- Candidat 'aux abois' -
L'un des auteurs du livre, Didier Hassoux, a démenti les affirmations d'un candidat "aux abois" qui "essaye de faire un coup".
"On n'a jamais écrit ça", a-t-il lancé sur la radio FranceInfo. "La seule personne qui croit qu'il y a un cabinet noir à l'Elysée, c'est François Fillon. (...) Ce cabinet noir n'existe pas".
Quant au président Hollande, il a rapidement "condamné avec la plus grande fermeté les allégations mensongères de François Fillon" dans un communiqué, dénonçant "un trouble insupportable" à la campagne présidentielle et assurant que depuis son élection en 2012, "l'exécutif n'est jamais intervenu dans aucune procédure judiciaire et a toujours respecté strictement l’indépendance de la magistrature".
"Et sur les affaires particulièrement graves concernant M. Fillon, parce qu'elles touchent à l'intégrité et à l'exemplarité, le président de la République n'en a été informé que par la presse", selon le communiqué.
Christine Angot, le 2 novembre 2015 à Paris après avoir reçu le pris Décembre pour "Un amour impossible"
AFP
"Le seul scandale ne concerne pas l'Etat, mais une personne qui aura à en répondre devant la justice", a insisté la présidence.
Le ministère français de la Justice a également réagi, soulignant dans un communiqué que "ce candidat à la présidence de la République a voté systématiquement contre tous les textes renforçant l’indépendance de la Justice et favorisant la transparence de la vie politique", ce qui "traduit une évidence que ne peuvent effacer les affirmations sans fondement de ce soir".
Après sa charge contre le pouvoir, M. Fillon a fait son mea culpa au sujet des trois costumes de luxe, d'une valeur de 13.000 euros, offerts par son "ami" Robert Bourgi, sulfureux avocat proche des réseaux de la "Françafrique".
"J'ai eu tort d'accepter" ces costumes, "j'ai fait une erreur de jugement" et "je les ai rendus" à ce "très vieil ami de plus de 20 ans", a-t-il dit.
Il a en revanche qualifié de "mensonge éhonté" les informations du Canard Enchaîné sur le paiement à sa société de conseil 2F d'une somme de 50.000 dollars pour mettre en relation une homme d'affaires libanais et le président russe Vladimir Poutine.
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