France : Hollande tente de calmer le jeu en banlieue
A deux mois de l'élection présidentielle, le président et le gouvernement français s'emploient à calmer le jeu dans les banlieues et sur le...
Par Tiphaine LE LIBOUX
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A deux mois de l'élection présidentielle, le président et le gouvernement français s'emploient à calmer le jeu dans les banlieues et sur le terrain politique, après des violences urbaines déclenchées par le viol présumé d'un jeune noir pendant un contrôle de police.
"On ne peut pas accepter, à cause d'un drame que j'ai moi-même dénoncé, qu'il y ait de la casse", a déclaré le chef de l'Etat, François Hollande, à Aubervilliers, une banlieue défavorisée au nord de Paris. "Je refuserai aussi toutes les provocations", a-t-il ajouté au cours d'un déplacement consacré à l'emploi des jeunes.
A Aubervilliers les habitants ne se montraient guère convaincus par la visite du président socialiste. "Il aurait dû venir avant", estime Nadia, 50 ans, mère de quatre enfants. "Il n'y a rien pour nos enfants ici".
Véhicule incendié lors de violences ayant émaillé une manifestation le 11 février 2017 à Bobigny
AFP
En 2012, François Hollande avait réalisé de bons scores dans ces quartiers au moment de son élection. Sa cote de popularité a ensuite chuté et il a finalement renoncé à solliciter un nouveau mandat.
Malgré les milliards d'euros investis par l’Etat dans les banlieues, le taux de chômage dans les 1.436 quartiers dits "prioritaires" est de 26,7%, contre 10% ailleurs, et 42% des habitants y vivent sous le seuil de pauvreté (fixé à 11.871 euros par an).
- Voitures incendiées -
Après une décennie de volontarisme politique, les disparités entre les quartiers en difficulté et le reste du territoire sont loin d'être comblées : l'ancien Premier ministre socialiste Manuel Valls avait ainsi évoqué un "apartheid social".
Le président François Hollande au chevet de Théo à l'hôpital Robert Ballanger le 7 février 2017 à Aulnay-sous-Bois
LE PARISIEN/AFP
Depuis plusieurs jours, certaines banlieues défavorisées de Paris connaissent des violences sporadiques, avec des incendies de voitures ou des jets de pierres visant les forces de l'ordre. Au moins 25 personnes ont encore été interpellées dans la nuit de lundi à mardi et elles sont au total 245 à avoir été appréhendées par les forces de l'ordre en France depuis le déclenchement des violences urbaines le 4 février.
Ces incidents suivent l'arrestation le 2 février de Théo, 22 ans, pendant un contrôle d'identité en partie filmé. Ce jeune noir, qui dit avoir été violé par un policier avec une matraque, a dû être opéré et hospitalisé.
L'affaire a connu un nouveau rebondissement mardi avec le témoignage dans la presse d'un de ses amis qui affirme avoir été passé à tabac par l'un des policiers impliqués dans l'interpellation de Théo, une semaine plus tôt. Un nouveau dossier dont la police des polices a été saisie par le ministre de l'Intérieur Bruno Le Roux.
Le ministre de l'Intérieur Bruno Le Roux et le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian le 3 février 2017 au Louvre à Paris
AFP
Les rapports sont conflictuels entre jeunes et policiers dans ces quartiers sensibles où vivent de nombreux jeunes issus de l'immigration africaine et maghrébine.
Cette question avait déjà été au cœur des émeutes qui avaient enflammé la France en 2005, pendant trois semaines, après la mort de deux adolescents électrocutés dans un transformateur, où ils se cachaient de la police.
Le gouvernement craint désormais une multiplication des incidents dans ces zones déshéritées, jusque-là largement absentes des débats en vue de l'élection présidentielle.
- 'Vivre ensemble' -
"Il faut que la justice passe", a lancé mardi François Hollande, qui avait rendu visite à Théo le 7 février, à l'hôpital. "Il est très important de montrer que nous sommes capables de vivre ensemble dans une société apaisée".
Bruno Le Roux, en déplacement dans d'autres villes de banlieue, a jugé que "ceux qui manifestent en cassant ne servent en rien les intérêts qu'ils prétendent mettre en avant". "Ce n'est pas une affaire qu'on va oublier", a-t-il aussi promis à des mères de famille.
Le gouvernement est sous le feu des critiques de l'extrême droite, dont la candidate à la présidentielle Marine Le Pen est en tête dans les intentions de vote pour le premier tour du 23 avril et qui n'a pas condamné les policiers suspendus après le viol présumé.
"Le gouvernement se mure dans un silence qui reflète autant sa lâcheté que son impuissance", a accusé cette dernière, qui a mis en circulation une pétition pour soutenir la police.
Le candidat centriste Emmanuel Macron a de son côté jugé d'Alger où il est en déplacement que la politique à suivre dans les banlieues "ne se règle pas sur des barricades" et appelé à "un véritable investissement de l'Etat".
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