France: l’Assemblée s’offre un nouveau visage, rajeuni, renouvelé, fémininisé
Un bloc centriste imposant après des décennies de bipartisme, une vague de nouveaux députés souvent novices en politique, un...

France: l’Assemblée s’offre un nouveau visage, rajeuni, renouvelé, fémininisé

Un bloc centriste imposant après des décennies de bipartisme, une vague de nouveaux députés souvent novices en politique, un...
Public Sénat

Par Daphné BENOIT, Robin GREMMEL

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4 min

Publié le

Un bloc centriste imposant après des décennies de bipartisme, une vague de nouveaux députés souvent novices en politique, un nombre record de femmes et des élus plus jeunes... l'Assemblée nationale française a changé de visage sous l'impulsion du nouveau président Macron.

- Le clivage gauche/droite remisé -

Devenu en mai le plus jeune président de l'histoire de France, Emmanuel Macron a parachevé dimanche sa prise de pouvoir éclair en remportant une majorité écrasante à l'Assemblée nationale, un an seulement après la création de son mouvement politique centriste et pro-européen.

Le parti présidentiel la République en marche (REM) et sa formation alliée du MoDem ont obtenu dimanche une confortable majorité absolue à l'Assemblée: 350 des 577 sièges.

A l'inverse, les partis traditionnels de gauche et de droite qui alternaient au pouvoir en France depuis des décennies ont subi un camouflet: le parti socialiste, laminé, n'obtient que 29 élus contre 284 dans l'Assemblée sortante. A droite, Les Républicains conservent 113 sièges, loin cependant de leur ambition initiale d'imposer une cohabitation à Emmanuel Macron.

- Plus jeune -

L'Assemblée perd plus de cinq ans de moyenne d'âge en passant de 54 ans en 2012 à 48 ans en 2017. Le nombre de retraités a fondu de plus de moitié, de 106 à 41 élus.

Vainqueur dans le nord de la France d'un duel contre une candidate pro-Macron, l'élu d'extrême droite Ludovic Pajot, 23 ans, sera le benjamin de l'Assemblée nationale.

Le nouveau député de cette circonscription ancrée dans l'ex-bassin minier, qui a fait des études de droit, s'est principalement fait connaître pour ses positions anti-migrants.

La benjamine de l'assemblée sortante, Marion Maréchal-Le Pen, était elle aussi issue des rangs du parti anti-immigration Front national (FN). La nièce de la patronne du FN Marine Le Pen s'était fait élire à l'âge de 22 ans, devanant la plus jeune députée de l'histoire de la Ve République, fondée en 1958. Elle ne s'est pas représentée.

- Plus féminine -

Le record du nombre de femmes à l'Assemblée - 155 en 2012 - est battu avec 223 élues, soit près de 40% des députés de la nouvelle législature.

Créé il y a seulement un an, le parti présidentiel REM compte la part la plus importante de femmes dans ses rangs avec 47% d'élues, devant le parti de gauche radicale La France Insoumise (LFI - 41%).

Parmi ces élues pro-Macron, l'avocate Laetitia Avia, 31 ans, est devenue dimanche l'une des toutes premières femmes d'origine africaine élues à l'Assemblée nationale.

Cette féminisation va nettement améliorer le classement de la France, jusqu'ici au 64e rang mondial en terme de parité parlementaire, loin derrière la Belgique (19e), l'Allemagne (22e) ou la Suisse (36e), d'après le classement dressé par l'Inter-Parliamentary Union (IPU).

- Plus novice -

Ces élections entérinent un renouvellement historique du personnel parlementaire: au total, 424 élus sur 577 n'ont jamais été députés. Sur les 345 députés candidats à leur réélection, seuls 140 ont passé la rampe. Au final, environ 75% des sièges vont changer d'occupant.

Tous les députés de gauche radicale LFI et de 91% des députés LREM sont nouveaux venus, contre 40% des députés du parti de droite Les Républicains et 6% des députés socialistes.

Pour nombre d'observateurs, cette déferlante de novices en politique à l'Assemblée sous les couleurs du parti pro-Macron promet une majorité docile au président français, à qui ils devront leur existence politique.

"Vous imaginez ces nouveaux visages arriver et qu'on va leur dire: +tu t’assois là, tu votes l'amendement et tu obéis ?+ Pas du tout", a assuré lundi Jean-Paul Delevoye, président de la Commission d'investiture de La République en Marche. "Nous ne sommes plus dans une société d'obéissance (...) Nous sommes dans une société d'adhésion", s'est-il défendu.

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