François Asselineau : le candidat du « Frexit » n’est « pas un fanfaron »
Inconnu du grand public, François Asselineau, président de l'Union Populaire Républicaine (UPR) sera candidat à la présidentielle. Avec 524 parrainages d’élus, celui qui se définit comme le candidat du « Frexit » a présenté son projet devant la presse.

François Asselineau : le candidat du « Frexit » n’est « pas un fanfaron »

Inconnu du grand public, François Asselineau, président de l'Union Populaire Républicaine (UPR) sera candidat à la présidentielle. Avec 524 parrainages d’élus, celui qui se définit comme le candidat du « Frexit » a présenté son projet devant la presse.
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« Je peux vous assurer que je vais faire un score qui va beaucoup surprendre l’ensemble de la classe politique française ». Ce vendredi, c’est plutôt François Asselineau, président de l'Union Populaire Républicaine (UPR) et candidat à l’élection présidentielle, qui semble surpris de l’affluence des journalistes dans son QG de campagne. Pile, à l’heure et même en avance, il arrive dans cet appartement cossu  près des Champs Elysées sous les cris de « Asselineau président » d’une vingtaine de militants venus faire la claque. Un jour à marquer d’une pierre blanche, le président de l’UPR a ses signatures. 524 sont validés à ce jour par le Conseil Constitutionnel. « Je suis donc en mesure de dire que je suis candidat à la présidence de la République » annonce-t-il avec une joie toute en retenue.

Affichage et vidéos sur le net

Une retenue qui doit faire partie du personnage. « Je ne suis pas un fanfaron» (…) « j’ai toujours dit que ce serait difficile d’obtenir ces parrainages » rappelle-t-il. Fort d’un mouvement qui revendique « 16 800 adhérents », « 8 millions de vues » sur sa chaine Youtube, cet ancien inspecteur des finances passé par l’ENA et HEC a pourtant de quoi savourer les fruits de sa pré-campagne de l’ombre. Depuis 10 ans, à coup d’affichage et de vidéos sur Internet, il creuse son sillon souverainiste et patriote. Sur son site Internet, il diffuse des « conférences » où il se met en scène dans des réquisitoires contre les Etats-Unis, l’Union Européenne, cibles récurrentes de cet ancien conseiller de Paris.

 Après un premier échec en 2012 où il n’avait récolté que 17 signatures, « on ne savait pas comment s’y prendre» concède-t-il, son premier coup d’éclat électoral eut lieu lors des dernières élections régionales avec plus de 189 000 voix récoltées. Pour cette présidentielle, ce sont des maires ruraux sans étiquette qui sont à l’origine de ces parrainages surprises.

Souverainiste mais « pas d’extrême droite »

 « Le candidat du Frexit », c’est ce qu’on peut lire sur les 200 000 affiches collées bénévolement par ses militants, dans toute la France. « « La colonne vertébrale de son projet » consiste à activer l’article 50, la clause de retrait du Traité de Lisbonne, comme l’ont fait les Britanniques. Raison pour laquelle, aux cotés de son pupitre, il n’y a pas de trace de drapeau européen, mais des drapeaux Français, de l’ONU et de la Francophonie. Mais la sortie de l’Union européenne, de l’Euro et de l’OTAN, ne veut pas dire extrême droite assure-t-il. « C’est un mensonge, une calomnie, une diffamation constante que de faire croire aux Français comme aux peuples d’Europe que vouloir récupérer les grands acquis de la Révolution française ce serait être d’extrême droite » scande le candidat désireux de revenir sur ce qu’il nomme « les grands fondamentaux de l’Histoire de France » (…) Loin de vouloir isoler la France je veux au contraire la réintégrer dans le concert des Nations ».

« globe-trotter » avec « de la carrure »

Pour cette entrée officielle en campagne, ce n’est pas une déclinaison de mesures concrètes qui compose ses 45 minutes de discours. « Les autres candidats présentent un programme de Premier ministre et non un programme de chef de l’Etat » compare-t-il. François Asselineau qui n’est donc, ni « un fanfaron » ni un acteur de « Music-hall » est un président en devenir « garant de l’indépendance nationale » comme le définit la Constitution. Tout en cohérence avec cette présentation,  une liste de 15 « caractéristiques essentielles d’un bon chef d’Etat » est distribuée à l’assistance. Certaines raisonnent avec l’actualité « un président est désintéressé financièrement » et doit être en dehors « des clivages politiques, religieux ou ethniques (…) « il ne doit jamais semer la discorde entre les Français ». D’autres prennent la forme d’un autoportrait : « il doit posséder de l’expérience, de l’érudition et de la carrure ». « Pour ce qui me concerne, j’ai été pendant 4 années de ma vie dans des cabinets ministériels (…) j’ai accompagné François Mitterrand en Corée ou au Kazakhstan. J’ai accompagné Edouard Balladur en Arabie Saoudite. J’ai accompagné Jacques Chirac au Japon » détaille celui qui se considère comme un « globe-trotter » avec 85 pays visités à son actif.

« Monsieur Cheminade ! Monsieur Cheminade ! »

Le dossier de presse contient aussi  plusieurs photocopies de la Constitution de 1958.  On l’aura compris, les électeurs en recherche d’une VIème République peuvent passer leur chemin. Ici c’est la Vème rien que la Vème. L’Article 5, lui plait en particulier, « Le président de la République (…) est le garant de l’indépendance nationale, de l’intégrité du territoire et du respect des traités ». Bon, certains traités n’auront tout de même plus lieu d’être sous présidence, celui de Maastricht ou de Lisbonne, par exemple.

Côté budget, François Asselineau assure que les fameuses affiches ou encore le loyer de son QG « de l’ordre de 7000 euros par mois » sont financés par les cotisations de ses militants.

Candidat officiel à l’élection présidentielle, François Asselineau est en passe de contredire son propre slogan d’affiche : « le parti qui monte malgré le silence des médias ».Toutefois, le chemin vers la notoriété n’est pas encore tout à fait accompli. A l’image de cette journaliste qui l’interpelle à la fin de son discours : « Monsieur Cheminade ! Monsieur Cheminade ! »

Reportage vidéo Mounir Soussi

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