Pas encore officiellement lancée, la candidature de Gabriel Attal pour prendre la tête de Renaissance ne fait plus beaucoup de doute en interne. Une bataille d’ex-premiers ministres, face à Elisabeth Borne, déjà candidate, va s’engager, au risque de tomber dans la guerre des chefs. Mais certains, à commencer par Emmanuel Macron, prônent un accord pour avoir un seul candidat.
François Bayrou dans la tourmente
Par Public Sénat
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François Bayrou est-il devenu l’épine dans le pied du gouvernement ? Les soupçons d'emploi fictifs qui pèsent sur les assistants parlementaires européens du Modem, son parti, compliquent la vie du nouveau pouvoir. D’autant que le parti est visé par une enquête préliminaire.
Le ministre de la Justice pose un triple problème à l’exécutif : sur le fond de l’affaire déjà. Si les faits sont avérés, le garde des Sceaux se retrouve dans une position politiquement difficile à tenir, alors que son projet de loi « pour la confiance dans notre vie démocratique » est présenté ce mercredi en conseil des ministres ; dans l’attitude de François Bayrou face à Radio France ensuite, dont il a appelé un des directeurs pour se plaindre, en tant que « citoyen » dit-il, des appels de ses journalistes à des collaboratrices du Modem. Une pression dont les politiques sont malheureusement coutumiers, mais qui est encore plus difficile à assumer quand on est ministre de la Justice. Enfin, dans ses rapports au premier ministre. Edouard Philippe a recadré hier son ministre, mais François Bayrou continue de lui tenir tête et revendique sa liberté de parole. C’est le premier couac sérieux au sein du gouvernement.
Interrogé mercredi matin sur RTL, François Bayrou récuse toute irrégularité. Il n'a « jamais existé » d'emplois fictifs d'assistants parlementaires européens au Modem, assure-t-il. « Il y a eu des mi-temps, des collaborateurs qui étaient à mi-temps ou à tiers de temps ou à 60% de leur temps, à temps partiel, travaillant avec des parlementaires européens et qui, pour l'autre mi-temps, avaient des responsabilités à l'intérieur de notre organisation », explique François Bayrou et « chaque fois que le temps devenait important, ils étaient pris en charge à 100% » par le parti (voir la vidéo).
« Je n’ai pas l’intention de me mettre un bâillon »
Son intervention auprès de la presse, il l’assume. Ce n’est pas Edouard Philippe qui le fera changer d’avis. « Quand on est ministre on ne peut plus réagir comme quand on est un simple citoyen » a bien tenté de recadrer le locataire de Matignon. Réponse ce matin du ministre : « Il faut de la liberté de parole, je ne sais pas vivre sans la liberté de parole », « quand on est un responsable, un homme politique, (...) quand on pense qu'il y a des choses importantes à dire, il faut les dire ». « Je n’ai pas l’intention de me mettre un bâillon » insiste-t-il dans Le Monde. Le conseil des ministres, ce matin, va être sympathique…
Entre les deux, le porte-parole du gouvernement Christophe Castaner, tente de joindre les deux bouts en jouant l’équilibriste. Il reconnaît sur RMC « une maladresse si on donne le sentiment qu'il y a une menace dans le propos », tout en soulignant « ça n’était pas le cas pour François Bayrou », avant de reconnaître que ce dernier « a appelé pour se plaindre »… Pour justifier et expliquer cet appel, Christophe Castaner invoque le off, quitte à être de mauvaise foi : « Vous savez, c'est cette culture qu'on a un peu dans le milieu politique de faire du off, et quelque fois ce off peut être mal interprété. Ce fut le cas, maintenant passons à autre chose, passons à l'essentiel ».
Tenir des propos « off the record » consiste pour un politique à parler à un journaliste sans être repris ou cité officiellement. Il permet au politique de s’exprimer plus librement et au journaliste de dépasser les éléments de communication officiels et d’obtenir des informations. Or appeler un responsable d’une rédaction pour se plaindre du travail d’un journaliste n’est pas du « off ». C’est une pression.