François Bayrou à l’Assemblée

François Bayrou invite les partis et les présidents de l’Assemblée et du Sénat à Matignon pour tenter de trouver une sortie de crise

L’ensemble des formations politiques, à l’exception de LFI et du RN, se retrouvent ce jeudi autour de la même table, à l’invitation du premier ministre, pour tenter de trouver la ligne de crête qui permette à François Bayrou de ne pas tomber à la première censure. Une équation complexe, au regard des déclarations à gauche et à droite.
François Vignal

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Une réunion pour rien ? Pour conclure ? Esquisser des compromis ? Ou constater les désaccords ? Les regards se tournent à nouveau sur Matignon, ce jeudi, où le premier ministre convie les forces politiques, à l’exception de LFI et du RN, après une première série de consultations, où François Bayrou a vu les responsables des partis et des groupes parlementaires, un à un. Un sentiment de déjà-vu. La semaine dernière, Emmanuel Macron avait rassemblé les mêmes acteurs autour de la même table, mais à l’Elysée, après, là aussi, des consultations, parti par parti.

Le premier ministre a invité ce jeudi à 14 heures les présidents de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet et du Sénat Gérard Larcher, ainsi que « les présidents de partis et de groupes qui ont eu la responsabilité des affaires du pays à une période ou à une autre de la Ve République », écrit-il dans une lettre aux partis. Ce qui exclut LFI et le RN.

Encore prêt au « compromis », le PS attend du premier ministre qu’il « propose le chemin d’une sortie de crise »

Au moment où François Bayou est attendu sur la composition de son gouvernement, sera-t-il capable de trouver la solution qui lui assure de ne pas être censuré ? Alors que le PS évoquait dans un premier temps l’idée d’un pacte de non-censure, grâce à des compromis sur quelques grands sujets, demandant le non-recours au 49.3, les socialistes sont aujourd’hui très circonspects sur les premiers pas du Béarnais.

Dans un courrier signé par tous les responsables socialistes, le PS explique se rendre à Matignon pour évoquer « la situation institutionnelle risquée, le budget, le drame à Mayotte, les émeutes en Nouvelle-Calédonie, la composition de votre gouvernement », tout en répétant que le PS ne participera pas au gouvernement. Se disant néanmoins « disponible à d’éventuels compromis », le PS souligne que c’est au premier ministre « de proposer le chemin d’une sortie de crise et de construire les conditions de la stabilité, sans compromission avec l’extrême droite et avec ses idées ».

« Il ne sait pas où il va », pointe l’écologiste Marine Tondelier

Les écologistes sont encore davantage remontés contre le premier ministre. « Il a raté ses premières 48 heures, plus personne ne comprend rien », a taclé jeudi Marine Tondelier, patronne des Ecologistes, sur Public Sénat, estimant que le premier ministre « pave le chemin de sa propre censure ».

« Je suis arrivée inquiète, je suis sortie chamboulée », affirme la secrétaire nationale des écologistes, à propos de son entretien avec le premier ministre. Les écologistes s’étonnent de l’absence de ligne politique pour le gouvernement. « Il ne sait pas où il va », lance la responsable.

« La poursuite à l’identique d’une politique déjà désavouée par les électeurs dans les urnes, mais aussi par les députés au moyen de la censure, ne pourra conduire qu’aux mêmes effets. Il est de la responsabilité du camp présidentiel de l’éviter », préviennent par ailleurs les Ecologistes dans un communiqué.

Quant aux communistes, ils ont demandé à François Bayrou un texte « d’urgence budgétaire », n’écartant pas non plus une censure. Mais le PCF ne fera pas de censure automatique. « Toutes les victoires que nous pourrons obtenir, nous essayerons de les arracher », a affirmé Fabien Roussel, numéro 1 du Parti communiste français.

A droite, Bruno Retailleau fait monter la pression

A droite, on veut avant tout en savoir plus. « On attend vraiment des éclaircissements de la part de François Bayrou », affirme à publicsenat.fr Mathieu Darnaud, président du groupe LR du Sénat, après sa rencontre cette semaine avec François Bayrou. « La question budgétaire, c’est la priorité des priorités », ajoute le sénateur de l’Ardèche.

Une participation des LR n’est pas exclue. Mais son prédécesseur à la tête du groupe LR, Bruno Retailleau, devenu l’homme fort du gouvernement au ministère de l’Intérieur, fait monter la pression. Les conditions « ne sont pas réunies pour l’instant », a-t-il averti mercredi sur BFM TV. Coup de bluff ou vraie menace ? Alors qu’un grand texte immigration était annoncé pour début 2025, le ministre semblerait prêt à mettre de l’eau dans son vin, en acceptant de multiplier plusieurs petites mesures, plutôt qu’un grand texte médiatique et symbolique, visant avant tout le résultat. « Ce n’est pas le véhicule législatif (qui compte), mais l’intention et la portée des dispositions, qui pourraient être traduites par des propositions de loi, des décrets, du réglementaire », avance Mathieu Darnaud.

« Je n’ai pas de ligne rouge », a pour sa part affirmé jeudi sur TF1 Gérard Larcher, qui juge qu’il faut « apporter des remèdes sur le retour à l’équilibre budgétaire et la question de la sécurité ». « Il y a urgence d’avoir un gouvernement », insiste le président LR du Sénat.

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