François Bayrou écarte une suspension de la réforme des retraites
A quelques heures du discours de politique générale, le premier ministre a commencé à donner ses arbitrages aux présidents des groupes du socle commun.
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Après de multiples entretiens à l’Elysée, la succession à Matignon aura duré un peu plus d’une semaine. Fidèle du chef de l’État, le patron du mouvement démocratique (MoDem) François Bayrou devient le nouveau Premier ministre, après la censure de Michel Barnier à l’Assemblée nationale. Emmanuel Macron a fait le choix d’un centriste chargé de trouver un point d’équilibre à l’Assemblée nationale. Haut-commissaire au plan depuis 2020 et maire de Pau depuis dix ans, le centriste a la charge de composer un nouveau gouvernement. Il avait été reçu par Emmanuel Macron ce vendredi matin, mais aussi quelques heures après l’adoption de la motion de censure.
Ancien enseignant, auteur d’une biographie d’Henri IV et fils d’agriculteur, le Béarnais fait donc son retour aux responsabilités gouvernementales, sept ans et demi après son bref passage au ministère de la Justice, poste qu’il avait dû quitter quand a éclaté l’affaire des assistants parlementaires du MoDem. Il a finalement été relaxé en février dernier.
Avant qu’Emmanuel Macron jette son dévolu sur Michel Barnier, François Bayrou se disait favorable à une nomination du socialiste Bernard Cazeneuve à Matignon. Les deux hommes s’étaient d’ailleurs affichés ensemble à la rentrée du MoDem.
François Bayrou pourrait être de nature à éviter, a priori, une censure du RN. Ardant partisan de l’instauration de la proportionnelle aux législatives, il avait aussi accordé son parrainage à Marine Le Pen pendant la présidentielle de 2022. Il avait pris sa défense à l’annonce des réquisitions dans son procès sur les assistants parlementaires du RN, estimant qu’une peine d’inéligibilité avec exécution provisoire serait de nature à « biaiser la vie démocratique ».
Le 22 février 2017, deux mois avant le premier tour de l’élection présidentielle, François Bayrou avait annoncé à la surprise générale qu’il retirait sa candidature pour se rallier à Emmanuel Macron. C’était sa quatrième campagne présidentielle.
Comme conditions à cette alliance électorale, le maire de Pau avait demandé « véritable alternance, un vrai changement des pratiques et non pas un recyclage des pratiques anciennes », plaidant notamment pour une loi de moralisation de la vie publique, le premier texte présenté après les législatives de juin 2017. « Il faut un changement pour notre démocratie pour que le pluralisme soit enfin respecté au sein de notre vie publique et au sein du Parlement. Je n’accepte pas que les deux tiers des Français n’aient aucune représentation », avait-il également exigé à l’époque.
Son parti, le MoDem, s’était notamment illustré ces dernières années à l’Assemblée nationale comme le poil à gratter de l’ex-majorité présidentielle. À partir de l’été 2022, en pleine poussée de l’inflation, les députés démocrates cultivaient des propositions de justice fiscale, poussant notamment une plus forte imposition des « superdividendes » et une taxation des rachats d’action. Des mesures plébiscitées à gauche, une partie de l’hémicycle qui détient probablement la clé d’une stabilité du futur gouvernement.
Mais mercredi matin, le premier secrétaire du PS Olivier Faure avait estimé que François Bayrou ne serait « pas un bon choix ». « Cela ne peut pas être François Bayrou […] On ne peut aujourd’hui donner le signal d’une continuité avec cette année passée », a estimé le patron des socialistes, alors que l’Élysée recherche un accord de non-censure entre un maximum de forces politiques.
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