François de Rugy, un écolo réformiste pour prendre la difficile succession de Hulot
Seul écologiste de poids de la majorité, le président de l'Assemblée nationale François de Rugy a pris mardi la succession de...

François de Rugy, un écolo réformiste pour prendre la difficile succession de Hulot

Seul écologiste de poids de la majorité, le président de l'Assemblée nationale François de Rugy a pris mardi la succession de...
Public Sénat

Par Charlotte HILL, Stéphanie LEROUGE

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Seul écologiste de poids de la majorité, le président de l'Assemblée nationale François de Rugy a pris mardi la succession de Nicolas Hulot, avec pour mantra de "l'action, encore de l'action et toujours de l'action".

A 44 ans, M. de Rugy obtient pour la première fois un portefeuille ministériel. Un choix logique pour Pascal Durand, proche de M. Hulot : "François de Rugy a donné des gages" à la majorité et "a de vraies convictions écolos", affirme l'ancien secrétaire national d'EELV à l'AFP.

Un parlementaire de la majorité se montre plus sévère: "Rugy, c'est le recroquevillement de la politique écologique, une énorme erreur mais en même temps un signal très clair", cingle-t-il.

Interrogé la semaine dernière sur RTL, M. de Rugy avait affirmé n'être "candidat à rien". Mais il avait aussi écrit sur Facebook qu'en matière d'écologie, "on ne peut plus se dérober devant la nécessité de l'action".

Chantre depuis toujours d'une écologie "réformiste", M. de Rugy avait rompu en août 2015 avec EELV, en critiquant la "dérive gauchiste" de ses camarades et leur choix de ne pas participer au gouvernement de Manuels Valls.

Ancien adjoint du maire de Nantes Jean-Marc Ayrault, ce n'est pas un macroniste de la première heure, ni un membre du premier cercle du président. Candidat à la primaire organisée par le PS et ses alliés pour la présidentielle, il avait annoncé dans la foulée son ralliement à Emmanuel Macron, en dépit de son engagement à soutenir le vainqueur Benoît Hamon.

"Je préfère la cohérence à l'obéissance", avait justifié le député, qui avait soutenu la déchéance de nationalité pendant le quinquennat Hollande.

Devenu vice-président de l'Assemblée après le départ de Denis Baupin en mai 2016, il a été élu au perchoir au début de la mandature.

- "Contesté" à l'Assemblée -

Au Palais Bourbon, M. de Rugy n'a pas fait l'unanimité, s'attirant la vindicte des Insoumis et des critiques au sein même de la majorité, en raison notamment de ses attaques contre les "multirécidivistes de l'absence".

"Ca bosse ici", lui avait rétorqué en février le président du groupe LREM Richard Ferrand, dont le nom est cité pour lui succéder au perchoir.

"Oui, il est contesté", affirmait en juin un député LREM, soulignant l'incapacité du député de Loire-Atlantique à avoir un "discours fédérateur". Autre reproche : on a "rapidement compris qu'il ne tiendrait pas sa promesse de remettre en jeu la présidence au bout de deux ans et demi, alors qu'il a été élu sur cet engagement", une critique qui s'éteint avec sa nomination au gouvernement.

Opposé à la limitation du droit d'amendement parlementaire, M. de Rugy a aussi appelé en juin le gouvernement à "mettre de l'ordre dans l'ordre du jour". Mais l'opposition ne lui en a pas particulièrement su gré, le député PCF Sébastien Jumel y voyant les "coups de menton" et "fausses colères" d'un président ayant "dealé un affaiblissement du Parlement", via le projet de réforme institutionnelle.

Pour M. de Rugy, ces inimitiés découlent en partie de sa volonté de moderniser l'institution - il a lancé en ce sens un vaste chantier toujours en cours.

Issu de la noblesse, et "assez souvent" attaqué sur son nom (patronyme complet: François Goullet de Rugy), selon son entourage, il n'a pourtant ni "château", ni trésor" et des parents enseignants.

Ce diplômé de Sciences Po a d'abord été assistant parlementaire du groupe Radical citoyen et Vert de 1997 - date de son adhésion aux Verts, après un passage à Génération écologie - à 2002.

A partir de 2001, il a été adjoint aux transports du maire de Nantes d'alors, Jean-Marc Ayrault. Il a été élu député en 2007 puis en 2012, avec le soutien du PS.

Père de deux enfants, il a épousé en décembre la journaliste de Gala Séverine Servat.

"Très attaché à la Bretagne", selon son entourage, il aime la pêche en mer, notamment au homard, les biographies et la variété française, de Renaud à Johnny Hallyday. Ce qui ne l'a pas empêché d'inviter le mauvais garçon du rap français Joey Starr à déclamer en mars de grandes pages des discours parlementaires sous les ors de l'hôtel de Lassay.

Partager cet article

Dans la même thématique

François de Rugy, un écolo réformiste pour prendre la difficile succession de Hulot
4min

Politique

Immigration : Laurent Nunez a « bon espoir que le plan 3 000 places de centres de rétention administrative aboutisse en 2029 »

A l’approche de l’examen du budget, le ministre de l’Intérieur, Laurent Nunez était auditionné par commission des lois du Sénat a présenté des crédits en hausse pour la mission sécurité et immigration de son ministère. Il en a profité pour confirmer que l’objectif 3 000 places en des centres de rétention administrative, initialement prévu pour 2027, ne sera pas tenu, comme l’avait révélé un rapport du Sénat.

Le

5min

Politique

Budget : des sénateurs souhaitent assouplir le droit des successions pour favoriser les dons aux associations

Les sénateurs Bernard Jomier et Grégory Blanc (Place Publique) ont déposé un amendement au projet de loi de finances 2026, visant à élargir la liberté des légataires dans la transmission de leur patrimoine, pour favoriser les donations aux causes d’intérêt général. De quoi permettre un débat « le plus large possible » selon les élus, dans une séquence budgétaire intense.

Le

Senat- Questions au gouvernement
11min

Politique

« Sa détermination reste totale » : de retour au Sénat, Bruno Retailleau retrouve sa « base arrière »

L’ancien ministre de l’Intérieur fait son retour au Sénat, après que les LR ont claqué la porte du gouvernement. Si certains y ont vu une sortie ratée, ses soutiens estiment au contraire que les événements lui donnent raison. Bruno Retailleau, qui se représentera aux sénatoriales de septembre 2026, se partagera entre la Haute assemblée et la présidence du parti. Il entame un tour de France et a lancé un « travail de fourmi » pour préparer le projet de 2027.

Le