François Fillon, candidat « balafré » par les affaires
Détrôné de sa place de favori à cause du scandale des emplois fictifs présumés accordés à sa famille, le conservateur François Fillon a démontré...

François Fillon, candidat « balafré » par les affaires

Détrôné de sa place de favori à cause du scandale des emplois fictifs présumés accordés à sa famille, le conservateur François Fillon a démontré...
Public Sénat

Par Sophie PONS

Temps de lecture :

5 min

Publié le

Détrôné de sa place de favori à cause du scandale des emplois fictifs présumés accordés à sa famille, le conservateur François Fillon a démontré sa pugnacité tout au long de la campagne présidentielle.

"Je suis comme ces combattants balafrés" qui ne "baissent pas la tête devant les balles" de leurs adversaires, dit de lui-même cet ancien Premier ministre (2007-2012) de 63 ans, qui voit dans ses déboires judiciaires un "scandale démocratique", une "confiscation de l'élection", un "complot" voire l'oeuvre d'un "cabinet noir" décidé à lui nuire.

Son image d'homme intègre et ses promesses énergiques de redressement lui avaient permis en novembre de remporter haut la main et à la surprise générale la primaire de la droite, face à l'ex-président Nicolas Sarkozy et l'ancien Premier ministre Alain Juppé, donné favori.

Le candidat du parti Les Républicains à la présidentielle, François Fillon, lors d'un meeting à Chassieu près de Lyon, le 12 avril 2017
AFP

Porteur d'un programme de coupes budgétaires, "fier de ses valeurs", se revendiquant de l'histoire chrétienne de la France, ce libéral assumé qui ne cache pas son admiration pour Margaret Thatcher avait alors toutes les chances, selon les sondages, de remporter l'élection présidentielle des 23 avril et 7 mai, après cinq années de pouvoir socialiste.

A l'époque, la presse française parle de "la revanche de Mister Nobody". A Moscou, le président russe Vladimir Poutine salue en lui un "grand professionnel", ce qui déclenche en France une polémique sur ses relations avec le Kremlin.

Mais fin janvier, ce passionné de course automobile qui, affirment ses amis, "ne supporte pas d'être deuxième", s'empêtre dans un scandale désastreux pour sa popularité: révélations de presse sur des emplois fictifs présumés au profit de son épouse Penelope et de deux de ses cinq enfants, auditions, perquisitions, se soldent par une mise en examen (inculpation) pour "détournement de fonds publics".

Une phrase de sa campagne - "Qui imagine le général de Gaulle mis en examen?" - lui revient alors en boomerang. A chaque déplacement, il est accueilli par des concerts de casseroles, des cris "voleur!" et "rends l'argent".

- 'Crocodile' -

François Fillon entre sa fille Marie et son épouse Penelope lors du rassemblement de ses partisans sur l'esplanade du Trocadéro le 5 mars 2017 à Paris
François Fillon entre sa fille Marie et son épouse Penelope lors du rassemblement de ses partisans sur l'esplanade du Trocadéro le 5 mars 2017 à Paris
AFP

Mais ce catholique pratiquant estime que sa probité et sa légitimité restent entières. Opiniâtre selon ses soutiens, suicidaire selon ses détracteurs, il poursuit sa campagne sans fléchir. "L'autorité morale me vient de mon passé, de 36 ans de vie publique, elle me viendra du choix des Français", a-t-il insisté jeudi, lors de la dernière émission télévisée réunissant tous les candidats.

Rassemblement de soutien à François Fillon, le 5 mars 2017 à Paris
Rassemblement de soutien à François Fillon, le 5 mars 2017 à Paris
AFP/Archives

Les sondages de la dernière semaine de campagne le placent toujours derrière la candidate d'extrême droite Marine Le Pen et le centriste Emmanuel Macron, mais l'écart s'est réduit.

Celui qui défend haut et fort l'ordre, l'autorité, la sécurité, la rigueur, la famille, la grandeur de la France, espère "bousculer les scénarios" de défaite, grâce à un "sursaut" en sa faveur. Il se présente comme le seul candidat "sérieux" et plaide sans relâche pour un "vote de raison". Et, pour mobiliser ses électeurs, agite la menace "communiste" alimentée selon lui par la récente percée du héraut de la gauche radicale, Jean-Luc Mélenchon.

"Je ne vous demande pas de m'aimer, je vous demande de me soutenir, parce qu'il y va de l'intérêt de la France", lançait-il récemment.

"Ma conviction c'est que je vais gagner cette élection présidentielle parce que ma candidature correspond aujourd'hui à un moment de l'histoire de notre pays", assurait-il jeudi.

François Fillon entouré de sa femme Penelope et d'Edouard Balladur à Paris, le 9 avril 2017
François Fillon entouré de sa femme Penelope et d'Edouard Balladur à Paris, le 9 avril 2017
AFP/Archives

Fils de notaire, ce politicien de carrière est né au Mans dans le centre-ouest de la France le 4 mars 1954. Jeune diplômé de droit public, il entre en politique en 1976 comme assistant du député d'une petite ville proche du Mans, Sablé-sur-Sarthe.

A la mort de son mentor en 1980, il lui succède et devient en 1981 le benjamin de l'Assemblée nationale.

Le président du RPR, Philippe Séguin, s'entretient avec le porte-parole du RPR, François Fillon, le 13 décembre à Paris
Le président du RPR, Philippe Séguin, s'entretient avec le porte-parole du RPR, François Fillon, le 13 décembre à Paris
AFP/Archives

De 1993 à 2005, il participe à tous les gouvernements de droite, siège au Sénat en 2005-2007, avant de devenir pendant cinq ans le chef du gouvernement, dans l'ombre du bouillant Nicolas Sarkozy.

Fin politique selon certains, il est opportuniste pour d'autres. "Ce bon surfeur sait prendre les vagues des autres", résume Jean-Pierre Raffarin, un ex-Premier ministre.

Il "est tel un crocodile: il a l'air de dormir mais est prêt à bouffer n'importe qui sur la berge", confiait en 2012 un des ministres de son équipe.

Partager cet article

Dans la même thématique

François Fillon, candidat « balafré » par les affaires
3min

Politique

« Ce sont des centaines de milliers de patients qui sont aujourd’hui en train de mourir », alerte ce médecin généraliste installé en Haute-Vienne

En France, neuf millions de personnes vivent dans un désert médical. L’augmentation de ce chiffre ne cesse d’inquiéter les professionnels de santé qui appellent le personnel politique à agir au plus vite, car derrière les statistiques se cache un véritable enjeu sanitaire. Raccourcir les parcours de formation des médecins ? Aller aux devants des patients avec des bus médicalisés ? Axel De Tarlé reçoit la sénatrice Corinne Imbert et le médecin généraliste Martial Jardel pour en débattre dans l’émission Et la Santé ça va ?.

Le

François Fillon, candidat « balafré » par les affaires
2min

Politique

« On impose des rythmes de cadres à des enfants », constate Sylvain Chemin, membre de la Convention citoyenne sur les temps de l’enfant

Depuis septembre, près de 140 citoyens tirés au sort se réunissent plusieurs fois par mois au Conseil économique et social pour débattre des temps de l’enfant. Sylvain Chemin, responsable immobilier à Cherbourg-en-Cotentin et père d’une collégienne en classe de 6ème, a pris part aux travaux de cette nouvelle Convention. Son constat est clair et limpide, la réalité des collégiens et des lycéens est à rebours des mesures préconisées. Il témoigne au micro de Quentin Calmet dans l’émission Dialogue Citoyen.

Le

World News – October 14, 2025
10min

Politique

Suspension de la réforme des retraites : vers « un vote contre » des députés Renaissance, mais un soutien des sénateurs macronistes

La suspension de la réforme des retraites divise au sein de Renaissance. « Il y a deux écoles », entre ceux, plutôt issus de l’aile gauche, prêts à soutenir « le deal » entre Sébastien Lecornu et le PS, et les autres, notamment de l’aile droite, qui ne veulent pas se « dédire » et pour qui cette « concession énorme » reste au travers de la gorge…

Le

« Gérard Larcher n’était pas content » : crispation au Sénat sur le calendrier budgétaire proposé par le gouvernement
5min

Politique

« Gérard Larcher n’était pas content » : crispation au Sénat sur le calendrier budgétaire proposé par le gouvernement

La définition des séances de travail sur le budget 2026 a froissé le président du Sénat, mardi, lors d’une réunion avec les présidents de commission et le gouvernement. Il estime que le Sénat ne peut pas prendre le relais des textes budgétaires dans de bonnes conditions. Une nouvelle conférence des présidents doit revenir sur la question la semaine prochaine.

Le