Les semaines se suivent et se ressemblent à droite. La droite n’arrive pas à se sortir de la crise dans laquelle elle s’enfonce, à moins de deux mois de la présidentielle. Au lendemain du rassemblement du Trocadéro, voulu comme une démonstration de force par les derniers soutiens de François Fillon, Alain Juppé a confirmé « une bonne fois pour toute, (qu’il ne sera) pas candidat » face à « l’obstination » de François Fillon. Il savonne au passage la planche au candidat, dénonçant le « prétendu complot » que dénonce le camp Fillon depuis le début de l’affaire.
C’est au moment où l’horizon semble enfin se dégager un peu pour François Fillon, que les sarkozystes ont porté leur estocade. Réunis autour de l'ex-chef de l'Etat lundi matin, ils demandent à François Fillon de « prendre ses responsabilités » et de choisir lui-même « un successeur » à sa candidature, ont indiqué à l'AFP plusieurs participants à cette réunion…
« François Fillon souhaite travailler avec François Baroin »
« Nicolas Sarkozy partage les convictions de François Fillon. Ce qui est vrai, c’est qu’il ne souhaiterait pas un autre candidat manifestement. On peut dire qu’il cherche une autre solution. (…) Nicolas Sarkozy n’avait pas très envie de soutenir Alain Juppé. Et il doit sans doute estimer que la victoire de François Fillon est difficile. Les chiffres ne lui donnent pas tort » affirme à publicsenat.fr le sénateur Gérard Longuet, membre du comité stratégique du candidat, qui ne cache pas être aujourd’hui un peu « désabusé » face à la situation.
Le comité politique de la campagne, réuni ce lundi soir, reprend dans ces conditions un certain intérêt, même s’il ne peut être décisionnaire. Selon l’AFP François Fillon y a affirmé qu’il n’y avait « pas de plan B, il faut que chacun se reprenne ». Gérard Larcher, proche du candidat qui a pris ses distances ces derniers jours, sans pour autant prendre la parole, lui a apporté son soutien lors de cette réunion. François Fillon a « mis fin aux hésitations, le débat est clos » a affirmé le président du Sénat. « François Fillon est toujours candidat, il sera notre candidat. Retroussons-nous les manches » a réagi sur Public Sénat la sénatrice Caroline Cayeux.
Cayeux : "François Fillon est toujours candidat, il sera notre candidat. Retroussons-nous les manches"
Selon Gérard Longuet, une solution de sortie de crise pourrait refaire son apparition : celle d’un ticket Fillon-Baroin, déjà évoqué au début de l’affaire. « François Fillon souhaite travailler avec François Baroin, qui était présent à ses côtés au Trocadéro. Ils peuvent parfaitement travailler ensemble » affirme Gérard Longuet. Si cette idée d’un ticket était soumise lors du comité, « il y aura une ambiguïté car au comité politique, il n’y a ni Nicolas Sarkozy, ni Alain Juppé, même si des gens parleront en leur nom » nuance cependant le sénateur LR de la Meuse.
« J’ai plutôt le sentiment que sauf surprise, la messe est dite »
La tentative des sarkozystes de trouver un autre candidat est défendue par le sénateur Alain Houpert, qui avait lui-même soutenu l’ex-Président lors de la primaire. « Fillon doit adouber Baroin » affirme-t-il dans un entretien à publicsenat.fr.
Mais cet énième plan B tient-il la route ? « J’ai plutôt le sentiment que sauf surprise, la messe est dite. Pour l’opinion publique, c’était Juppé ou Fillon. Maintenant que Juppé n’est plus là, ce sera difficile de recommencer la division à droite et autour de Baroin. Ça fait vraiment faiseur de roi mais ce n’est plus le moment. Les électeurs de droite en ont ras-le-bol » affirme un parlementaire LR. Le même ajoute : « Baroin, c’est trop tard, ça n’a plus de sens. Pourquoi ne pas désigner le candidat par tirage au sort ? Il y a des manœuvres en cours, mais ça donne le sentiment que ce sont les derniers feux ». Avant extinction ?