François Fillon assure avoir de « vraies priorités par rapport au gaspillage de fonds publics que représenterait un service national d’un mois type " colonie de vacances ", tel que le propose Emmanuel Macron ». Des priorités en matière de défense qui n’ont visiblement pas fait oublier au candidat des Républicains les enjeux de la campagne présidentielle. Et force est de constater qu’il a fait du leader d’ « En Marche » son principal adversaire. Jusqu’à en oublier Marine Le Pen, pourtant en tête des intentions de vote selon les derniers sondages. « Derrière Mme Le Pen, il y a M. Macron », justifie le candidat, « sûr » que la candidate du Front national ne sera pas élue.
L’ancien président de la Commission de la défense à l’Assemblée nationale - « à 31 ans » précise t-il - a une priorité : la lutte contre le « totalitarisme islamique ». A l’image de François Hollande, il considère qu’il s’agit d’une véritable « guerre ». Et que la France ne peut la mener seule ni partout. Il critique « la multiplication brouillonne d’interventions tous azimuts initiées par le président Hollande », et estime nécessaire de « reconsidérer nos engagements » ainsi que de « redéfinir nos alliances » stratégiques ».
« La priorité est de battre le terrorisme islamique »
« Notre relation avec la Russie est une question décisive », estime François Fillon. S’il admet qu’il s’agit d’un « pays dangereux », il regrette que ce soit « à nouveau la « guerre froide » ». Sa stratégie ? « Engager un dialogue sérieux » avec Moscou car « la priorité est de battre le totalitarisme islamique ». « Faire de la Russie un ennemi héréditaire est une erreur stratégique », renchérit le candidat. Même raisonnement à l’égard de Bachar Al-Assad : « La priorité de la lutte contre l’Etat islamique doit nous conduire à parler avec tout le monde. »
Fillon : "Jusqu'où l'Allemagne veut aller en termes d'engagement?"
Outre ces alliances controversées, il appelle à « une coopération plus étroite avec l’Allemagne » et souhaite « une mutualisation du financement des opérations extérieures. Le candidat LR voit d’ailleurs le couple franco-allemand comme le « moteur » d’une « alliance européenne de défense », qu’il proposera de construire s’il vient à être élu.
Fillon : "Jusqu'où l'Allemagne veut aller en termes d'engagement?"
Des coopérations qui ne doivent pas s’arrêter aux frontières de l’Europe, ni à celle de l’Union européenne : « Je maintiendrai une relation bilatérale forte avec le Royaume-Uni, affirme le député de Paris, en particulier en matière de défense et de politique étrangère ». Le Brexit ne doit rien y changer selon lui. « Theresa May ne doit pas mettre de conditions à une coopération en termes de sécurité », poursuit-il.
Le candidat dit également vouloir « préserver les liens transatlantiques », bien qu’il ne manque pas de critiquer les interventions américaines « parfois plus le problème que la solution ».
« Une trajectoire financière robuste et pérenne »
Pour donner les moyens à ses ambitions en matière de défense, François Fillon compte confier au Chef d’état-major des armées le soin d’établir « une revue stratégique des moyens affectés à la défense ». Dans le cadre de son « programme de redressement national », il fixe comme limite « une trajectoire financière robuste et pérenne », qui débutera « avant le printemps 2018 » par l’adoption d’une nouvelle loi de programmation militaire pour les années 2018-2023. En 2023, le candidat espère que le budget de la défense représentera 2% du PIB.
Des moyens financiers qui permettront notamment de « moderniser notre force de dissuasion nucléaire » et de renforcer les équipements de défense : drones, hélicoptères interarmées légers, frégates de taille intermédiaire…
Des militaires sur-sollicités
L’autre préoccupation de François Fillon, c’est la « condition sociale des militaires ». Parmi les mesures qu’il propose, la « rénovation de casernes » ainsi qu’une « offre locative accessible en Ile-de-France dédiée aux célibataires géographiques ». Le candidat LR souhaite également mettre en place « une aide à la garde d’enfants, par un système de places réservées en crèches », « une aide à la gestion des tâches administratives » et « des moyens pour compenser la perte d’activité du conjoint ». Enfin, il estime essentiel de les aider à « préparer une seconde carrière » et formule plusieurs propositions à cette fin.
Si la condition sociale des militaires inquiète l’ancien Premier ministre, leurs conditions de travail également. Il regrette une dégradation de celles-ci due à une « sur-sollicitation » depuis le début de l’opération Sentinelle, qu’il prévoit d’ailleurs de la « redimensionner », de manière à retirer aux militaires les missions de garde statique pour qu’ils ne se consacrent plus qu’aux missions d’interventions ponctuelles. Une proposition qui implique « une clarification des rôles respectifs de l’armée, de la gendarmerie et de la police » accompagnée d’une politique plus dynamique d’emploi des réserves ».
S’il devient président de la République, François Fillon tient à être un réel « chef des armées ». « Ce n’est pas un titre abstrait mais une fonction opérationnelle », ajoute le candidat.