La France insoumise et le Parti socialiste, en discussion depuis plusieurs jours en vue d’un rassemblement pour les législatives, ont trouvé un « accord de principe » sur les circonscriptions, a annoncé mercredi matin la direction du PS. Les socialistes devraient en obtenir 70, mais, à ce stade, les négociations pour un « accord global » se poursuivent. L’union de la gauche derrière la figure de Jean-Luc Mélenchon, qui ambitionne de devenir Premier ministre, est loin de faire l’unanimité au sein du parti à la rose. Ces derniers jours, plusieurs figures tutélaires du PS ont pris la parole pour dénoncer le rapprochement avec l’extrême gauche, à commencer par François Hollande, qui a alerté la semaine dernière sur un risque de « disparition » du PS.
Ces négociations « sont aussi une forme de clarification de la ligne du PS », a commenté mercredi matin l’écologiste Sandrine Rousseau, qui était invitée de « Bonjour chez vous » sur Public Sénat. « Cette frange qui refusait tout pas vers la gauche, qui a refusé des réformes sociales importantes, qui ne s’est jamais engagée aussi fortement sur l’écologie que l’urgence de la situation l’exigeait… Qu’elle s’en aille ! », a-t-elle taclé.
François Hollande, Bernard Cazeneuve… « S’ils veulent partir, qu’ils partent ! »
La candidate malheureuse à l’investiture écolo pour la présidentielle reproche notamment aux anciens poids lourds du quinquennat de François Hollande, partisans d’un modèle social-démocrate européen, d’avoir entravé le rapprochement des forces de gauche. « François Hollande a été l’un des artisans principaux du blocage et je pense même qu’il a été l’un des artisans de l’émiettement de la gauche à la présidentielle », estime Sandrine Rousseau.
Pour sa part, l’ancien Premier ministre Bernard Cazeneuve a menacé dans un message posté sur sa page Facebook de quitter le PS si l’accord avec LFI devait aboutir. Le socialiste y énumère une longue série de critiques à l’égard du projet des insoumis, parmi lesquelles « le communautarisme », « la haine entretenue de l’État, de la police » ou encore « la destruction du projet européen ». « Je préférerais qu’ils restent, mais s’ils veulent partir, qu’ils partent ! Ils ne peuvent pas tout bloquer, bloquer une renaissance de la gauche, une recomposition », soupire Sandrine Rousseau. Et d’ajouter : « On ne peut pas imaginer que ce soit la déchéance de nationalité et les lois Travail qui aient un droit de veto sur ce qu’il se passe à gauche aujourd’hui. Ce serait injuste et pas à la hauteur des enjeux. »
Un accord « douloureux » pour les Verts
Elle a également tenu à prendre la défense du Premier secrétaire du PS, Olivier Faure, qui s’est vu reprocher pendant la présidentielle de ne pas suffisamment mobiliser le parti en faveur de sa candidate, Anne Hidalgo. « Je salue le travail incroyable d’Olivier Faure qui tient la barre malgré les vents contraires, malgré les secousses, les coups de pression et les coups de menton. Respect à lui ! »
De leur côté, les écolos, qui ont bouclé leur accord avec LFI en début de semaine, devraient récupérer une centaine de circonscriptions aux législatives. « J’avais dit aux négociateurs qu’il fallait toper en premier. Je pense que c’est la situation la plus confortable », indique Sandrine Rousseau, qui évoque malgré tout des négociations « douloureuses » pour son parti. « En Bretagne, il n’y a aucune circonscription pour EELV alors qu’il y a eu un très bon score aux régionales », regrette-t-elle « Mais on a préféré aller vers cet accord et répondre à la demande [de rassemblement] des citoyens et citoyennes qui s’est exprimée dans les urnes au premier tour de la présidentielle. »