François Hollande : « La gauche, ce n’est pas rien dans le pays aujourd’hui »

François Hollande : « La gauche, ce n’est pas rien dans le pays aujourd’hui »

François Hollande était l’invité d’Extralocal ce vendredi, pour présenter son nouveau livre Affronter. À l’approche de l’élection présidentielle, l’ancien Président de la République « regrette l’état de la situation politique du pays. »
Louis Mollier-Sabet

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Quand François Hollande publie un livre – et c’est devenu une habitude depuis qu’il a quitté l’Elysée en 2017 – on n’est souvent pas déçu par les anecdotes ou les petites phrases qu’il a à l’encontre des acteurs de la vie politique française. « C’est plus facile quand on n’est plus en exercice » concède-t-il bien volontiers. Mais dans Affronter, l’ancien Président de la République est un peu plus politique qu’à son habitude, développant des idées qui pourraient presque faire penser à un programme de campagne présidentielle. Faut-il y voir le signe d’un regret de ne pas s’être représenté en 2017 ? « C’est plutôt le moment que j’ai regretté » explique-t-il en affirmant ne pas regretter le fond de sa décision : « En décembre 2016 j’ai considéré qu’il y avait une primaire qui ne correspondait pas à ce qu’était l’esprit de la Vème République et j’ai pensé en responsabilité à ne pas ajouter de la division à la division qui aurait laissé une place sérieuse à la droite et à l’extrême droite. »

Anaphore et social-démocratie

Faut-il y voir alors une tentative de revenir dans le jeu politique, voire de se présenter à la prochaine élection présidentielle ? « Je ne suis pas sortant, je n’ai pas de mandat électif et le parti qui est le mien a choisi Anne Hidalgo, donc je ne vois pas ce que je viendrais faire là-dedans. » Ça a le mérite d’être clair. Si François Hollande à un regret, c’est « l’état de la situation politique du pays, le désordre, la confusion qui font que les populistes trouvent des brèches. » L’ancien locataire de l’Elysée n’a pas perdu la main et enchaîne avec une anaphore, on se croirait presque en mai 2012 : « Ce que je regrette c’est que les grands partis ne soient plus à la hauteur de leur histoire et de ce qu’attend le pays. Ce que je regrette c’est qu’il n’y ait pas d’incarnation, avec une présidentielle avec beaucoup de candidats mais peu de véritables offres politiques. Ce que je regrette c’est que dans un monde dangereux, il faut avoir une vie politique ardente, une démocratie vivante et ce n’est pas le cas aujourd’hui. »

D’après François Hollande, la campagne électorale qui s’ouvre repose trop sur la « multiplication de promesses de toutes sortes. » Or « les Français ne se déterminent pas sur une ou deux promesses mais sur un ou deux changements profonds. La politique ce n’est pas une succession de réponses à tous les thèmes que l’actualité charrie. » C’est d’ailleurs un peu le reproche que François Hollande fait à Anne Hidalgo dans son livre, notamment sur ses propositions à propos du salaire des enseignants, même si celui-ci tient à rectifier : « C’est valable pour Anne Hidalgo comme pour tous les autres. » Il n’empêche, ce livre est selon ses propres dires une tentative de « reformuler la social-démocratie » et « d’inventer quelque chose avec les méthodes sociales-démocrates » afin de construire un logiciel de gouvernement pour la gauche. L’ancien Président de la République préfère y voir un « conseil » à la maire de Paris : « Le conseil que je lui donne, c’est de ne pas multiplier ces mesures catégorielles. »

Et Anne Hidalgo en aura besoin de conseils, parce que la gauche est au plus bas actuellement dans les sondages. Mais tout n’est pas perdu pour François Hollande : « La gauche n’est pas rien dans le pays d’aujourd’hui. Si on faisait une addition, cela fait près de 30 %. » Il l’admet aussi, « ce n’est pas beaucoup ». Mais plutôt que d’y voir un échec de la social-démocratie qu’il chérit tant, l’ancien Président de la République met en avant l’attitude de la gauche radicale, celle « qui ne veut pas gouverner » : « Ce que je mets en cause c’est la gauche qui ne veut pas gouverner, je cite notamment Jean-Luc Mélenchon, qui fait un programme qui empêche même l’alliance avec le reste de la gauche. C’est un programme qui n’est pas de rupture mais qui est en séparation. » Mais alors, comment la gauche pourrait-elle gagner ? « Je pense que le pays attend une personnalité, un programme de gauche crédible, ce qui n’empêche pas l’audace. » Du « en même temps », en somme

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