« J’habite Blagnac, ici les enfants disent avion avant de dire papa maman ». Comme les enfants de sa commune située à côté de Toulouse, Françoise Laborde, sénatrice de Haute-Garonne, connaît bien les avions, ils font partie de son environnement. C’est dans sa région que se situe le plus grand pôle industriel d’aéronautique en Europe. Dans ce contexte de crise, prendre la défense de ce fleuron économique français lui est apparu comme une évidence. L’aéronautique, qui est le principal pourvoyeur économique de la région, est à l’arrêt. Plus de trafic, plus de production, plus de livraison. Et les projections à moyen et long termes ne sont pas bonnes. La chambre de commerce et d’industrie table sur 50% de production en moins pendant plusieurs années, en raison de la baisse du trafic. « Les gens vont avoir peur de vivre des situations de proximité dans les aéroports et les avions, et, sous l’effet de la crise économique, le trafic aérien va chuter ». La sénatrice redoute qu’en Haute-Garonne, cela ait des conséquences dramatiques sur l’emploi, « on a une région qui vit grâce à l’aéronautique, si on nous l’enlève on sera très mal, il faut être vigilant et impliqué ». En Occitanie, l’aéronautique représente 80 000 emplois directs et génère 120 000 emplois indirects.
« Airbus, Thales, Safran, Dassault doivent s’occuper de tous ceux qui vivent grâce à eux »
Il y a une semaine, elle a interpellé le gouvernement lors des questions d’actualité sur l’urgence d’un plan de relance de la filière aéronautique et spatiale. « Il faut que ce plan touche tout le monde, les petites et moyennes entreprises, les entreprises de taille intermédiaire, toutes les entreprises, pas seulement les grosses. Il faut qu’airbus, Thales, Safran, Dassault ne s’occupent pas seulement d’eux, mais de tous ceux qui vivent grâce à eux ». Les grosses entreprises ne vendent et ne livrent pas d’avion actuellement selon la sénatrice, mais elles continuent de produire « en tapant dans leurs stocks ». Les sous-traitants sont donc beaucoup moins sollicités. « On est au début de la crise, donc pour le moment ces petites entreprises ont recours au chômage partiel, mais ça ne va pas durer ». « Et après ? » se demande la sénatrice, « il va falloir faire attention à ce qu’elles ne mettent pas la clé sous la porte ou qu’elles soient reprises par des entreprises étrangères ». Car selon Françoise Laborde, certaines entreprises américaines et chinoises sont « à l’affût » et veulent mettre la main sur ces sous-traitants français « parce qu’ils ont un véritable savoir-faire ». Elle a donc demandé au gouvernement un plan de relance pour les aider à résister à la crise, et éviter qu’ils soient « mangés par des gros ».
Un plan de relance en plusieurs phases
Visiblement la sénatrice a été entendue. Bruno Lemaire, le ministre de l’économie qui a demandé aux acteurs aériens de proposer un plan de soutien, a également spécifié l’attention qui devra être portée aux petites et moyennes entreprises. « Il a demandé que ce ne soit pas un plan stratégique écrit par les gros pour les gros », précise Françoise Laborde. Le gouvernement a aussi prévu un plan de relance en plusieurs étapes. Après le chômage partiel et les prêts garantis de l’État, une deuxième phase avec d’autres aides financières pourrait être déployée, un allègement des taxes, mais aussi une vigilance aux entreprises étrangères qui pourraient racheter les sous-traitants, comme Boeing « que les États-Unis aident beaucoup » selon la sénatrice. En tout cas, « c’est un dossier que je vais suivre » promet la sénatrice.