Ce mardi 20 mars, à l’occasion de la journée de la francophonie, Emmanuel Macron a donc prononcé un discours devant l’Académie française. « La dernière fois que j’en ai parlé (de francophonie) c’était dans une université à Ouagadougou (…) J’avais face à moi, des jeunes étudiants et des jeunes étudiantes, qui de manière évidente ne comprenaient pas ce que je disais » a-t-il relaté. C’est donc « avec beaucoup d’humilité » que cette fois-ci, le chef de l’État a reproduit l’exercice.
Le président de la République a commencé par rendre hommage à « ces héros bien particuliers qu'on appelle les profs de français ». En référence à son épouse, ancienne professeure de français, il a concédé avoir « une forme de conflit d'intérêts biographique qui pourrait conduire à fausser (s)on jugement ». « Je ne pourrai le nier. Mais je veux néanmoins dire que l'Histoire de notre pays fut constituée par ces héros que sont les professeurs de français » a-t-il conclu.
Dans cette même veine, Emmanuel Macron a énoncé les fondamentaux qu'il veut voir enseignés à l'école, où « la lecture sera au cœur de l'apprentissage ».
Entrant dans le détail, il a demandé « des exercices multipliés, de la dictée à la pièce d'éloquence, de la lecture à voix haute à la chanson, de la récitation à la réflexion sur la racine des mots, qui passe par la revitalisation résolue des langues anciennes ». « Nous ne pouvons être davantage ce pays où ces reculs avaient été admis », a-t-il critiqué.
« Je veux que la littérature française retrouve toute sa place aux dépens des succédanés dont trop souvent on s'est satisfait et je veux que les élèves renouent avec les œuvres intégrales trop souvent découpées en extraits, avec le plaisir de lire, (...) qui accepte qu'on se perde dans des longueurs », a-t-il réclamé.
Il a aussi souhaité que soient lus davantage d'écrivains étrangers en langue française et que la journée du 20 mars soit « dédiée à la connaissance des littératures en langue française à l'école ».
En guise d’annonces, Emmanuel Macron a fixé l'objectif de doubler le nombre d'élèves dans les lycées français à l'étranger, qui accueillent actuellement près de 350.000 jeunes dans 500 établissements à travers le monde.
Le chef de l'État a également insisté sur la nécessité d'améliorer l'accès au français pour les réfugiés en France, qui ont droit actuellement à 250 heures d'apprentissage. « Je vous défie d'apprendre le français en 250 heures », a-t-il reconnu, en annonçant que le volume de cours gratuits serait porté à « 400 heures, voire à 600 heures » pour ceux qui ne maîtrisent ni la lecture ni l'écriture.
Grâce au dynamisme démographique de l'Afrique, la francophonie est l'espace linguistique à la plus forte croissance: +143% prévu entre 2015 et 2065 (+62% pour l'anglais), selon l'ONU. D'ici à 2065, un milliard de personnes devraient parler français, soit cinq fois plus qu'en 1960, au deuxième rang des langues internationales derrière l'anglais et au troisième des langues les plus parlées.
Le français est actuellement cinquième après le mandarin, l'anglais, l'espagnol et, suivant les estimations, l'arabe ou l'hindi, selon l'Organisation internationale de la francophonie (OIF).
Enfin, Le château « en ruine » de Villers-Cotterêts, ville de naissance d’Alexandre Dumas et de l’édit de François 1er sur la langue française, sera « transformé en laboratoire de la francophonie. « Ce sera un lieu d’échanges, de création, d’écriture, de spectacles, de résidences d’artistes. Il apportera un élan nouveau à un territoire qui doit retrouver l’espoir et l’esprit de conquête » a-t-il annoncé. Depuis 2014, Villers-Cotterêts est dirigée par le Front national.