« Trump a fait ce que tout le monde avait envie de faire », estime Nathalie Goulet, vice-présidente (UDI) de la commission des affaires étrangères. La décision de Donald Trump est un revirement total dans la diplomatie américaine à l’égard de la crise syrienne. Pendant sa présidence, Barack Obama s’en était tenu à une position diplomatique après l’attaque chimique près de Damas, pendant l’été 2013, qui avait fait plus d’un millier de morts.
Seulement cette nuit, le nouveau président américain a agi seul, sans consulter le Congrès et hors du cadre de l’Organisation des Nations-Unies (ONU). De quoi inquiéter Hélène Conway-Mouret, sénatrice (PS) représentant les Français établis hors de la France, elle aussi membre de la commission des affaires étrangères : « Le problème c’est que si Trump s’entête à agir de façon unilatérale, la Russie risque de s’impliquer dans le camp adverse. » L’ancienne ministre craint notamment « une escalade entre deux présidents aussi imprévisibles l’un que l’autre ». Michelle Demessine, vice-présidente (PCF) de la commission des affaires étrangères du Sénat, redoute elle aussi une « escalade militaire » et voit dans la décision de Donald Trump « une forme d'inconscience ».
« Il fallait réagir »
Certains commencent d’ailleurs à évoquer la possibilité d’une « guerre froide », près de vingt-cinq ans après l’effondrement du bloc soviétique. Hélène Conway-Mouret parle, elle, d’une « guerre mondiale ». « Il suffirait d’une étincelle pour que le feu se propage ». « Le coup d’après peut fragiliser la région ou fragiliser Bachar », considère quant à elle Nathalie Goulet. Pour autant, la vice-présidente de la commission des affaires étrangères est « soulagée que quelque chose se passe enfin et qu’on arrête les menaces ». « Il faut arrêter d’aboyer, il y a un moment où il faut mordre », conclut-elle.
Jean-Pierre Masseret, sénateur de la Moselle, admet qu’ « il fallait réagir » après l’attaque chimique de mardi dernier, qu’il qualifie de « crime contre l’humanité ». Mais pour lui, « l’intervention militaire est quelque chose d’ultime ». Il appelle à un « accord diplomatique » et à « chercher en même temps la solution politique qui, à terme, devrait mettre hors de course le président Assad ». Le plus important reste que cela se fasse « dans le cadre de l’ONU ». Michelle Demesssine partage son avis et rappelle le « rôle incoutournable des Nations-Unies ». François Hollande préfère également cette solution, mais « si c’est possible ».
Finalement, tous sont partagés entre la nécessité de réagir et les conséquences d’une telle intervention. « Je ne sais si c’était la bonne réaction au bon moment. Mais l’émotionnel a pris le pas », confie Nathalie Goulet.