Voilà des semaines que les mêmes scènes se rejouent. Aux portes des banques alimentaires, les files d’étudiants s’allongent. Dans l’hémicycle, certains alertent depuis longtemps sur la précarisation croissante des jeunes face à la crise sanitaire. À l’instar de Pierre Ouzoulias, sénateur communiste (CRCE) des Hauts-de-Seine qui ne se satisfait pas des mesures mises en place par le gouvernement. « Pourquoi la politique du quoiqu’il en coûte s’est arrêtée systématiquement à la porte des campus ? », a-t-il interpellé ce mercredi lors des questions d’actualités au gouvernement la ministre de l’Enseignement supérieur, Frédérique Vidal. Première salve d’applaudissements pour le sénateur.
La ministre a rappelé l’ensemble des dispositifs entreprit par l’exécutif : « Je ne vous rejoins pas quand vous dites que les étudiants sont exclus du plan « un jeune, une solution ». Vous parlez des étudiants en apprentissage, bien sûr qu’ils sont comme tous les apprentis. Bien sûr que nous continuons à accompagner les jeunes diplômés. Nous avons eu un taux d’embauches des jeunes diplômés en CDI et en CDD quasiment équivalent en 2020 qu’en 2018 et 2019 », a-t-elle fait valoir. Et d’insister : « Donc on ne peut pas dire que les étudiants soient exclus de la politique du gouvernement ! Vraiment pas ! »
Loin de convaincre les élus de la Haute assemblée, les huées bruissent des rangs de la gauche et de la droite. La ministre persiste. « Vous voyez peut-être les files d’attente, il se trouve que moi j’y vais ! », lance-t-elle à Pierre Ouzoulias. Bronca du Sénat. Frédérique Vidal est contrainte de hausser la voix : « Dans ces files d’attente qui font selon vous tellement polémiques, on voit des jeunes, des étudiants internationaux. C’est pour ça que nous avons doublé les aides à destination des jeunes. C’est pour ça qu’aujourd’hui, plus d’1,5 millions de repas à un euro sont servis dans les établissements. C’est pour ça que nous continuerons à soutenir l’ensemble des jeunes ! », insiste-t-elle.
« Vous n’avez répondu à aucune de mes questions », rétorque Pierre Ouzoulias. « Peut-être que vous pourriez demander au CNRS de lancer une enquête sur ce sujet ? », ironise-t-il en référence à l’annonce d’une enquête par la ministre sur « l’islamo-gauchisme » au sein des universités. « 40 % des étudiants qui pouvaient revenir à l’université ne l’ont pas fait, je crains qu’ils ne reviennent jamais ! », assène le sénateur communiste sous les applaudissements nourris de l’ensemble de ses collègues, à l’exception du groupe RDPI (LREM).