C’est une main tendue qui peut surprendre. Alors que le Premier ministre Gabriel Attal doit annoncer d’ici la fin de la semaine la composition définitive de son gouvernement, le patron du Modem, François Bayrou a affirmé mercredi avoir refusé de devenir ministre « faute d’accord profond sur la politique à suivre ». La cheffe des députés écologistes Cyrielle Châtelain, invitée de Bonjour Chez Vous ce matin, lui propose donc de travailler avec la gauche pour « mettre du poids » sur certains sujets. « Sur les questions démocratiques, la proportionnelle, le logement, les transports dans les collectivités territoriales, je suis sûre qu’on peut trouver un point d’entente », glisse l’ancienne secrétaire des Jeunes Verts.
La députée de l’Isère voit dans cette déclaration du maire de Pau le symptôme d’un « glissement vers une droite radicale » du gouvernement. « On avait dit en décembre que la loi immigration marquait la fin du en même temps. Je pense que c’est sa concrétisation, c’est profondément une querelle politique », avance-t-elle, accusant Gabriel Attal de « reprendre des conceptions du Rassemblement National » dans son discours de politique générale. Malgré les critiques de François Bayrou, le patron du Modem a confirmé sur Franceinfo ce jeudi que le Modem restera dans la majorité présidentielle.
L’attente du gouvernement au « détriment des politiques publiques »
François Bayrou a tout de même parlé d’une « démarche d’humiliation » de la part du président de la République et du Premier ministre mercredi soir. Des termes que comprend Cyrielle Châtelain pour qui Emmanuel Macron est « dans une jouissance de sa toute-puissance » en décidant « qui rentre qui sort » du gouvernement. Elle déplore surtout le temps pris par le président de la République entre la nomination du Premier ministre il y a un mois et l’officialisation de l’équipe gouvernementale complète. « Il se sait central, mais il prend son temps au détriment des politiques publiques », fustige la députée.
Sur le casting complet du gouvernement, Cyrielle Châtelain souhaite le départ d’Amélie Oudéa-Castéra de l’Education et des Sports. La nouvelle ministre avait entamé ses fonctions par une polémique sur l’école privée. « Elle aurait dû quitter le gouvernement il y a longtemps, sa crédibilité est entachée, sur le sport aussi », martèle la députée iséroise. L’ancienne garde des Sceaux Nicole Belloubet tiendrait la corde pour s’installer dans le fauteuil de ministre de l’Education nationale. Une nouvelle qui n’enchante pas l’écologiste, en désaccord avec la politique d’éducation de Gabriel Attal : « Ça fait des années qu’on a un gouvernement qui ne parie plus sur l’Éducation nationale et pousse les élèves à la concurrence », déplore-t-elle.