Un peu de lecture pour les vacances. Renaissance a présenté ce lundi 21 juillet, alors que les Français sont déjà pour certains à la plage, sa « nouvelle donne économique et climatique ». Le résultat d’une nouvelle convention thématique qui mêle économie et questions climatiques, car « il est absurde d’opposer l’un à l’autre », comme le font certains « à droite et à gauche », pointe Gabriel Attal, secrétaire général du parti. Résultat, une cinquantaine de propositions aux allures programmatiques, défendues par celui qui caresse quelques ambitions pour 2027. Reste qu’en les défendant en plein été, pas sûr que le timing soit le plus adapté pour en faire la publicité.
Agnès Pannier-Runacher lance un « appel à résister à la grande internationale réactionnaire qui viendrait détricoter notre bilan en matière écologique »
Une vision de l’économie que le président du groupe Ensemble pour la République (EPR) de l’Assemblée veut assurément teintée de vert. Surtout face à « la grande régression climatique que certains veulent imposer, y compris au sein même du gouvernement », dénonce Gabriel Attal. Une pique au patron des LR Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, qui veut stopper les subventions aux renouvelables.
Quelques minutes avant, la ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, présente avec sa casquette de co-secrétaire générale déléguée du parti, entonne la même musique : « C’est un appel à résister à la grande internationale réactionnaire qui viendrait détricoter notre bilan en matière écologique ». L’eurodéputé Pascal Canfin, qui a copiloté la partie climat, soutient aussi dans une vidéo que « Renaissance est à la manœuvre pour résister au backlash antiécologique », « il faut absolument résister à ce détricotage », lance l’ancien d’EELV, qui y voit un « moment de guerre culturelle ».
« Baisser la TVA sur les voitures électriques de 20 à 5,5 % »
Mais si Renaissance se revendique de l’écologie, c’est à sa manière. « Nous portons une écologie populaire », soutient Agnès Pannier-Runacher. « Une écologie juste, financée et différenciée selon les territoires », ajoute Antoine Peillon, ancien secrétaire général à la planification écologique, qui a planché aussi sur ces questions.
L’idée est d’être « le parti de l’écologie qui marche », lance Gabriel Attal, car « l’écologie doit être l’affaire de tous ». Celui qui a été socialiste dans une première vie tente alors la synthèse, dans une formule osée. Attention, cette cascade a été réalisée par un professionnel : « Nous devons et pouvons avoir une écologie de la voiture ». Mais derrière la formule, il s’agit de réconcilier la France des villes, qui vote (en partie) écolo, et celle des champs, qui a plus que jamais besoin de son véhicule pour se déplacer. Pour ça, Gabriel Attal propose de baisser la « TVA sur les voitures électriques de 20 à 5,5 % », qui viendrait remplacer la prime à la conversion, assurant le financement de la mesure. Le genre d’idée qui permettrait, pour Renaissance, d’éviter « une écologie à deux vitesses ».
Loi Duplomb : Gabriel Attal soutient le débat et demande « un avis » à l’Anses
Mais si les politiques cherchent à maîtriser au maximum l’agenda, du moins le leur, il ne contrôle pas encore toute l’actualité. Et celle-ci est venue quelque peu télescoper la belle présentation du jour, avec la pétition contre la loi Duplomb, du nom du sénateur LR auteur d’une proposition de loi sur l’agriculture, qui réautorise notamment un produit phytosanitaire de la famille des néonicotinoïdes, l’acétamipride. Ce pesticide tueur d’abeilles est dénoncé par les écologistes pour ses effets sur la santé. Or les betteraviers ou producteurs de noisettes en ont cruellement besoin, faute encore d’alternative.
Lors du vote sur les conclusions de la commission mixte paritaire sur la loi Duplomb, Gabriel Attal, comme 62 autres députés Renaissance, avait voté pour (il y a 15 contre et 10 abstentions au groupe EPR). Une position qui peut sembler en contradiction avec les grandes déclarations du jour, alors que la France avait interdit les néonicotinoïdes en 2018. Vous avez dit retour en arrière ? Gabriel Attal met aujourd’hui en avant la question de notre « agriculture, la plus qualitative au monde ». Si on ne permet plus aux agriculteurs de vivre, on devra importer des « produits non vertueux d’autres pays », faut-il valoir. Autrement dit, il assume son vote. Mais il soutient l’idée d’un débat à l’Assemblée, permise par la pétition : « C’est très bien ». « Oui au débat, il est toujours légitime. Et oui à une agriculture qui veut rester sur une agriculture vertueuse », résume-t-il. Pour y voir clair, le président du groupe EPR propose que « l’Anses (l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) émette un avis, qui sera une forme de boussole » pour nourrir cet épineux débat, qui ne pourra dans tous les cas pas revenir sur la loi, déjà adoptée définitivement par le Parlement.
« Assumer une part de protectionnisme français et européen »
Dans ce presque programme qui ne dit pas son nom, Renaissance a aussi mis sur la table toute une série d’idées ou d’ambitions, au risque parfois de tourner au catalogue ou aux vœux pieux. On peut notamment citer un « choc industriel et de productivité », qui doit permettre de créer « 2 millions d’emplois » et de « porter à environ 3.000 euros net le salaire médian », avance Gabriel Attal.
Egalement un « compte épargne carbone transition », qui permettrait en quelque sorte de flécher la part de la taxe carbone que chacun paie, sur le financement de ses propres travaux de rénovation ou d’achat de voiture électrique ; un « bouclier industriel » pour « assumer une part de protectionnisme français et européen », soutient l’ancien premier ministre ; un « grand plan de soutien à l’IA » et de formation également.
« Un droit opposable à la garde d’enfant »
Le mantra du refus des hausses d’impôt est répété bien sûr. Une nouvelle baisse des impôts de production est même souhaitée. Sans oublier « un système universel de retraite », « une nouvelle vision du travail » pour permettre « la semaine de 4 jours à temps de travail égal », un CET (compte épargne temps) universel.
De nouveaux droits sont proposés, dont « un droit opposable à la garde d’enfant » pour « garantir à chacun une solution de garde », ou encore, un peu comme dans les pays scandinaves, « un véritable congé de naissance de 6 mois, partagé entre les deux couples », explique Constance Bensussan, secrétaire générale adjointe de l’Elysée, qui fait partie de l’équipe qui a travaillé ces sujets. Elle évoque cette « génération sandwich, qui doit s’occuper des enfants et de leurs propres parents ». Autre droit nouveau : « Une couverture santé obligatoire pour les salariés à domiciles », pour « mieux protéger les invisibles ».
« Un droit à la reprise d’études »
Le député de Paris, David Amiel, secrétaire général délégué aux idées du mouvement, met sur la table également un « droit à la reprise d’études. Si on arrête au niveau du CAP, le capital de formation sera très important. Si on est BAC + 5, il sera bien moindre », explique le député Renaissance. Alors que le texte simplification n’a pas encore terminé son parcours législatif, David Amiel insiste sur la nécessité de simplifier encore, notamment grâce à l’intelligence artificielle, et « 10 % » du temps législatif pourrait être « dédié à la simplification ». Ou encore la création d’un guichet unique « France entreprise », sur le modèle de France service. Et côté éducation, « réguler davantage le privé lucratif, pour protéger les étudiants d’un certain nombre d’arnaques » ou « faire d’une loi de programmation de la recherche un axe financier fort ».
On le voit, la liste – non exhaustive – des idées est pour le moins fournie. C’est assumé comme tel. « Les Français n’en peuvent plus qu’on parle de personnes, plutôt que d’idées », soutient Gabriel Attal, qui ajoute qu’« on ne va pas attendre deux ans », soit 2027, pour mettre sur la table des propositions. Une pique cette fois à Edouard Philippe, son rival, dans le camp du bloc central, pour la course à la présidentielle. Le maire du Havre promet depuis longtemps un programme « massif » à venir, devenu source de moqueries chez certains membres de Renaissance. Gabriel Attal prévient : « Toutes ces propositions, on est prêts à les défendre », dès le prochain projet de loi de finances 2026. S’il y a encore un gouvernement d’ici là.