Le Premier ministre Gabriel Attal prononcera ce mardi, à partir de 15 heures, sa déclaration de politique générale devant l’Assemblée nationale. Un exercice périlleux pour le nouveau chef de gouvernement, qui exposera aux élus, en l’absence de majorité absolue, sa stratégie pour mettre en œuvre le cap fixé par le Président de la République. Gabriel Attal devrait évoquer les classes moyennes et la transition écologique, mais aussi les agriculteurs dont la grogne est venue percuter de plein fouet ses premières semaines à Matignon. Des mesures à l’attention du monde rural sont également attendues ce mardi.
« C’est un exercice de style »
La déclaration de politique générale n’est prévue dans aucun texte : c’est ce que l’on appelle une « tradition républicaine » dont la pratique, déjà instaurée sous la III et IVe République, s’est consolidée sous la Ve République comme le rappelle Anne-Charlène Bezzina, constitutionnaliste et maître de conférences en droit public à l’Université de Rouen. « Si cette déclaration est fondamentale, explique Benjamin Morel, maître de conférences en Droit public à Paris II et docteur en science politique à l’ENS Paris-Saclay, il est vrai qu’elle ne connaît aucun fondement juridique. Et si le contenu peut varier, cette déclaration prend souvent la forme de discours de la méthode. Il s’agit d’un discours général visant à exposer les grandes orientations du programme de son gouvernement. »
« Cette déclaration a pour objectif de présenter ce que le gouvernement souhaite entreprendre lors du contrat de législature à venir », précise Anne-Charlène Bezzina, « l’idée derrière cette déclaration, c’est de permettre au Premier ministre de se présenter, présenter le cadre de politique générale à venir, tout en sollicitant la confiance des députés devant lesquels il s’exprime ». « C’est un exercice de style, on essaie d’appuyer sur les priorités qui sont celles du gouvernement tout en imposant un style en tant que chef du gouvernement et de la majorité, » ajoute Benjamin Morel.
Deux prises de parole au Sénat
De la même manière que sa prédécesseure, Élisabeth Borne, Gabriel Attal ne sollicitera pas de vote de confiance de la part des députés. Usuel mais non obligatoire, ce vote permet traditionnellement de conforter la légitimité du chef de gouvernement. Cependant, dans un contexte de forte fracturation politique, l’exercice risquerait de tourner au désaveu pour le plus jeune Premier ministre de la Ve République.
Le discours de politique générale de Gabriel Attal sera lu au Sénat par le numéro deux du gouvernement, Bruno Le Maire, le ministre de l’Economie. Toutefois, le Premier ministre se rendra en personne à la Haute assemblée mercredi, pour présenter aux sénateurs son programme politique.
(Romain David & Lucille Gadler)