Fin de règne à Marseille. La succession se prépare dans la deuxième ville de France, dirigée depuis 22 ans par le septuagénaire Jean-Claude...
Gaudin, Mélenchon et les autres: cluedo politique pour la mairie de Marseille
Fin de règne à Marseille. La succession se prépare dans la deuxième ville de France, dirigée depuis 22 ans par le septuagénaire Jean-Claude...
Par Julie Pacorel, Francois BECKER
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Publié le
Fin de règne à Marseille. La succession se prépare dans la deuxième ville de France, dirigée depuis 22 ans par le septuagénaire Jean-Claude Gaudin, dans un marigot politique secoué par l'atterrissage de Jean-Luc Mélenchon.
Fin septembre, dans une salle municipale sans apprêt. Devant une Marianne en néons bleu-blanc-rouge, l'inamovible maire de la cité phocéenne, 77 ans, passe une écharpe tricolore symbolique à l'un de ses proches, le sénateur Bruno Gilles, qui quitte sa mairie d'arrondissement: "Je suis sûr qu'avec lui, nous préparons de futurs succès".
Un adoubement, à en croire des piliers des Républicains conviés à la scène. Plusieurs d'entre eux ont cru, au cours des deux décennies de règne de M. Gaudin, être désignés comme héritiers légitimes, avant de déchanter.
"Je ne suis pas un dauphin, ça m'évitera de m'échouer sur une plage", ironise auprès de l'AFP Bruno Gilles, 56 ans, un élu à la faible notoriété nationale, lunettes rondes et coiffure en brosse. "C'est Jean-Claude Gaudin qui est maître du temps", et de la façon de terminer son quatrième mandat. Ce sera le dernier, il l'a assuré plusieurs fois.
A trois ans des municipales, le scrutin est déjà dans toutes les têtes. Marseille fait exception: la ville n'a changé, depuis les années 1950, que trois fois de maire. L'indéboulonnable Jean-Claude Gaudin, qui a succédé aux socialistes Gaston Defferre et Robert Vigouroux, a siégé un demi-siècle au conseil municipal...
Outre M. Gilles, les ambitions ne manquent pas côté Républicains: la présidente du département Martine Vassal, la députée Valérie Boyer, le président de région Renaud Muselier... autant de personnalités qui ont grandi dans le giron du patriarche, et pourraient tenter leur chance.
- "La prochaine fois, c'est toi" -
Gaudin "est là, il reste là. En deux-trois ans, tout peut se passer", analyse depuis son bureau du conseil régional, à 800 mètres de l'hôtel de ville, Renaud Muselier. Il en sait quelque chose: au soir de sa victoire en 1995, M. Gaudin lui aurait promis: "La prochaine fois c'est toi".
Lui affirme vouloir aller au terme de ses mandats... mais ne ferme pas la porte: "Ce qui m'intéresse, c'est l'avenir de cette ville, comment on va traiter les poubelles, comment on va accueillir les épreuves des JO". Les épreuves de voile et des matches du tournoi olympique de football en 2024 doivent se dérouler à Marseille.
De l'autre côté de l'échiquier politique, à gauche, on rêve de refaire basculer cet ancien bastion historique.
"Cette ville a besoin de quelqu'un qui n'a pas de préjugés sur les quartiers Nord", avance la sénatrice Samia Ghali. "J'ai fait exister la voix de ces quartiers, sur les questions d'école, de transports, de trafic de drogue... Quand je suis à Paris, les gens m'interpellent : +Vous êtes la maire de Marseille!+ Si c'était aussi simple!..."
Le leader de La France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon, à Marseille le 27 août 2017
AFP/Archives
La fille d'Algériens, née dans un bidonville marseillais, est souvent décrite comme "la pasionaria" de ces quartiers populaires. Elle pourrait profiter du vide: le PS marseillais, jadis tout-puissant, a été décimé par les déroutes électorales et les affaires - elle-même est du reste visée par une enquête préliminaire.
A 49 ans, elle est la dernière parlementaire marseillaise du parti à la rose. L'ex-député Patrick Mennucci, qui l'avait éliminée lors de primaires municipales fratricides en 2014, s'est retiré en juin du jeu politique, après avoir été balayé dans sa circonscription par Jean-Luc Mélenchon (LFI).
L'élection dans un fauteuil de ce dernier a donné des sueurs froides à plus d'un politique marseillais. "Il est fait pour Marseille, c'est un mec du Sud, très méditerranéen", estime Franz-Olivier Giesbert, directeur éditorial de La Provence.
M. Mélenchon n'a toutefois jamais affiché de vues sur la mairie du Vieux-Port, reconnaissant qu'il avait choisi la ville parce qu'elle l'avait placé en tête au 1er tour de la présidentielle. "Anticiper des bagarres de cette nature quatre ans à l'avance n'a pas de sens (...) mon objectif est la conquête du pouvoir national", a-t-il répété en septembre à La Provence.
- Mélenchon, "c'est un coucou" -
Meeting sur la Canebière, universités d'été dans la "capitale de la France Insoumise", interventions dans des dossiers locaux, comme la défense d'une carrière antique contre un promoteur immobilier: M. Mélenchon tisse cependant sa toile. Il fait assaut d'amabilité envers Jean-Claude Gaudin, malgré le gouffre politique qui les sépare: le maire, qui a tenu "à droite une ville qui ne l'est pas", est "à respecter".
"Bien sûr, on est partout chez soi", reconnaît Samia Ghali, mais pour être élu maire de Marseille, "il faut un vrai amour". Mélenchon, "c'est un type intelligent et extrêmement dangereux", s'alarme Muselier. "C'est un coucou. Parfois si le coucou s'y plaît, il y reste...".
Mélenchon trouble jusqu'à l'extrême droite. Le sénateur frontiste Stéphane Ravier, le seul à avoir déjà fait publiquement acte de candidature pour 2020, attaque: Jean-Luc Mélenchon considère selon lui que "Marseille, ce n'est pas la Provence et nos traditions, c'est le Maroc".
Cadre du FN "canal historique", il rêve d'un coup d'éclat dans cette ville-symbole, cité d'immigration ouverte sur la Méditerranée et foyer de nombreux rapatriés d'Algérie. Après deux échecs, la barre est toutefois haute et le scrutin par arrondissement impose de faire de bons scores un peu partout pour l'emporter.
Personne ne semble en tout cas se méfier de l'émergence d'un outsider ou d'un candidat En Marche, dans une ville pointée pour ses retards, des services publics à la propreté en passant par les transports, et où la classe politique tarde à se renouveler. Les responsables LREM "sont propres et neufs, mais totalement incompétents", raille M. Muselier. Le parti présidentiel "n'a personne" pour la mairie, tranche de son côté Samia Ghali.
La suspension de la réforme des retraites passera par un amendement au budget de la Sécu. Mais le texte comporte de nombreuses mesures dénoncées au PS. « On va se battre pied à pied pour sortir toutes les saloperies qui existent », prévient le patron des sénateurs PS, Patrick Kanner. En interne, certains dénoncent aujourd’hui « l’erreur » d’Olivier Faure, qui a exigé le non-recours au 49-3, au risque de donner « un budget invotable ». « Si la copie est trop injuste, nous voterons contre », prévient la porte-parole du PS, Dieynaba Diop.
Le gouvernement Lecornu II est parvenu à se négocier un sursis, en acceptant de suspendre la réforme des retraites jusqu’au 1er janvier 2028, ardemment réclamée par les socialistes. Une ligne rouge des Républicains, qui ont toutefois décidé de ne pas censurer. Un choix que n’aurait pas fait la sénatrice Muriel Jourda.
C’était attendu, le Conseil d’Etat a refusé de transmettre au Conseil constitutionnel la question prioritaire de constitutionnalité (QPC) de Marine Le Pen. La triple candidate à l’élection présidentielle avait promis d’utiliser « toutes les voies de recours possibles » pour contester l’exécution provisoire de sa peine de 5 ans d’inéligibilité prononcée en première instance dans l’affaire des emplois fictifs d’assistants parlementaires RN. Mais elle va devoir attendre la décision de son procès en appel pour savoir si elle pourra se présenter devant les électeurs. Explications.
La motion de censure de La France Insoumise, examinée ce matin par les députés, a été rejetée. 271 voix ont été récoltées contre les 289 nécessaires. Sept élus socialistes lui ont apporté leur vote. Celle déposée par le RN a également échoué avec 144 voix pour.
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