Gel de crédits, opérations : inquiétudes sur le budget des Armées

Gel de crédits, opérations : inquiétudes sur le budget des Armées

La ministre des Armées Florence Parly a laissé plané un doute jeudi sur le dégel de 700 millions d'euros de crédits du budget...
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La ministre des Armées Florence Parly a laissé plané un doute jeudi sur le dégel de 700 millions d'euros de crédits du budget défense en 2017 et le financement futur des opérations extérieures, suscitant une vague d'interrogations dans les rangs de l'opposition.

Concernant les 700 millions d'euros toujours gelés à l'approche de la fin de l'année, la ministre, qui était interrogée en commission élargie (Finances, Défense, Affaires étrangères) à l'Assemblée nationale, a concédé que les discussions avec Bercy n'avaient pas avancé.

"Évidemment je demande le dégel de ces crédits, le plus rapidement possible (...) Pour l'instant je n'ai pas eu de réponse", a déclaré Florence Parly, soumise à un feu roulant de questions pendant près de trois heures sur le projet de budget de son ministère pour 2018 et sur la fin de gestion 2017.

"Si Bercy ne bloquait pas, j'aurais pu répondre à la question. On va tout faire pour que Bercy se débloque", a-t-elle assuré.

Nombre de députés se sont également inquiétés du financement des opérations extérieures, dont une part croissante relève désormais du budget des Armées alors qu'il était jusqu'ici partagé entre tous les ministères au nom de l'effort national de défense.

En 2017, le coût des opérations extérieures s'élèvera à "près de 1,5 milliard d'euros", dont 1,1 milliard financés sur le budget des Armées, a rappelé Florence Parly.

Concernant les 350 millions restant à financer, "nous sommes raisonnablement confiants sur le fait que ces crédits seront apportés par le canal de la solidarité interministérielle", a-t-elle réaffirmé.

"En 2018, j'espère que nous pourrons également continuer de compter sur un complément de financement interministériel", a-t-elle ajouté.

- 'Silence pesant'

Charles de la Verpillière, vice-président LR de la commission Défense, s'est inquiété des "réponses évasives" de la ministre, mettant en avant "l'usure de notre armée au terme de six années d'opérations extérieures intensives".

Son collègue de la commission des Finances, François Cornut-Gentille (LR), a déploré le "silence pesant de Bercy" et averti que de "nouvelles amputations" de crédits ou un "report de charges trop élevé" jetteraient un "doute sur la trajectoire ambitieuse annoncée", soit une hausse de 1,8 milliard du budget défense en 2018 puis de 1,7 milliard par an sur le reste du quinquennat.

Alexis Corbière de la France insoumise a dénoncé pour sa part une "opération de trompe l'oeil". "A périmètre constant aucune hausse réelle des dépenses n'interviendra l'an prochain", a-t-il affirmé.

"Où est l'augmentation de 1,8 milliard lorsqu'un milliard déjà est affecté au financement de décisions prises par François Hollande (...) lorsque vous transférez 200 millions d'euros d'Opex sur le budget des Armées alors qu'ils étaient financés auparavant par des crédits interministériels (...) lorsque 850 millions de crédits ont été annulés cet été qui ne seront sans doute que reportés sur 2018 ?", a-t-il détaillé.

Concernant le report de charges, qui pèse sur chaque début d'exercice et s'est élevé à 3,1 milliards d'euros entre 2016 et 2017, "il est assez probable qu'il se dégrade" de 2017 à 2018, a concédé la ministre des Armées.

Au registre des nouvelles plus positives, le ministère travaille sur une possible accélération du programme Scorpion, les futurs blindés de l'armée de Terre dont les premiers éléments seront livrés en 2018.

"L'hypothèse que nous privilégions c'est de réfléchir à une accélération de ce programme", a dit Florence Parly. "C'est moins un problème d'industriels qu'un problème d'arbitrage interne au budget du ministère des Armées", a-t-elle toutefois noté en renvoyant à la prochaine loi de programmation militaire.

La Défense travaille également sur une possible accélération des acquisitions de ravitailleurs en vol MRTT. "J'espère que nous pourrons aller au bout de cette option", a-t-elle lancé.

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