Gel : des parlementaires alertent le Premier ministre sur la situation des vignerons qui vivent « dans l’angoisse » en Occitanie
Alors que le Premier ministre doit se rendre samedi au chevet des vignerons de la région, une lettre cosignée par 25 sénateurs et députés occitans appellent à une prise en compte globale du problème.

Gel : des parlementaires alertent le Premier ministre sur la situation des vignerons qui vivent « dans l’angoisse » en Occitanie

Alors que le Premier ministre doit se rendre samedi au chevet des vignerons de la région, une lettre cosignée par 25 sénateurs et députés occitans appellent à une prise en compte globale du problème.
Public Sénat

Par Jules Fresard

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C’était l’un des sujets principaux abordé lors de la dernière séance de questions au gouvernement, mercredi 14 avril. Pas moins de six sénateurs ont interpellé Julien Denormandie, le ministre de l’agriculture, sur la question du gel des cultures, et des aides proposées par l’exécutif pour venir en aide aux viticulteurs et arboriculteurs. Une situation que le ministre avait qualifiée de « plus grande crise agronomique de ce début du XXIe siècle » sur le plateau de Public Sénat le 12 avril.

La région Occitanie, qui représente le premier vignoble de France en surface, a particulièrement souffert des différentes vagues de froid du mois d’avril. Les premières constatations à l’échelle locale font état de 40 à 70 % du vignoble régional touché, voir 100 % pour certains territoires. Sébastien Pla, sénateur de l’Aude, a écrit jeudi au Premier ministre une lettre cosignée avec 24 sénateurs et députés élus dans la région. L’objet de la missive ? Alerter le gouvernement de la situation occitane et proposer des mesures pouvant se décliner au sein du fonds exceptionnel de soutien annoncé par Julien Denormandie au Sénat le 14 avril.

Le modèle coopératif occitan touché au cœur

« Le vignoble occitan, c’est 15 millions d’hectolitres, et la perte se situe entre 6 et 8 millions, presque la moitié », détaille Sébastien Pla. Dans l’Aude, où il est élu, 40 % de la production est perdue.

Ces pertes, en plus de représenter une chute dramatique en termes de chiffre d’affaires, viennent mettre à mal le modèle sur lequel s’est construit le vignoble occitan, la coopérative. En Occitanie, trois quarts des vignerons font partie d’une coopérative, la part la plus élevée sur le territoire national. En temps normal, ce système permet aux vignerons possédant peu de moyens financiers de s’installer. Une situation particulièrement attrayante pour les jeunes viticulteurs.

Mais lorsqu’une crise de l’ampleur de la vague de froid de début avril vient frapper, les stocks, autant financiers que matériels, tendent à faire défaut dans ces structures. « C’est la structure même des caves qui est fragilisée, car il y a moins de chiffre d’affaires, mais les frais fixes restent. Ces frais vont engendrer des coûts supplémentaires auxquels ne pourront pas faire face les adhérents », résume Sébastien Pla.

L’Occitanie est également fragilisée de par son positionnement géographique. Les proches vignobles espagnols n’ont pas connu le gel. Or, le pays « détient des stocks phénoménaux, plus d’un an, et on a malheureusement des risques de voir des vins espagnols venir concurrencer les caves coopératives de la région », détaille inquiet Sébastien Pla. Les vignerons occitans « sont dans l’angoisse », résume-t-il.

Un « RSA agricole »

Face à cette situation, Sébastien Pla et les 24 cosignataires du courrier détaillent une liste de mesures qu’ils jugent indispensables pour répondre immédiatement aux effets de la crise, mais également régler les problèmes structurels inhérents à la filière, qui ont aggravé les conséquences de l’épisode de gel.

Parmi ces mesures, les élus demandent que l’allocation des sommes du futur fonds de solidarité se fasse sans un minimum requis de pertes. Une mesure nécessaire afin que les fonds soient « accessibles à toutes les coopératives » détaille le courrier. La création d’un « RSA agricole » est également évoquée, pour assurer aux vignerons un seuil de revenus pour l’année 2022. Car c’est l’année prochaine que les effets économiques de l’épisode de gel vont se faire ressentir, les vignerons dépendant des bénéfices engrangés l’année précédente pour rester à flot.

Le plus gros chantier se trouve du côté du secteur assurantiel. Aujourd’hui, seulement 30 % des viticulteurs ont une couverture leur permettant de faire face aux aléas climatiques, selon Sébastien Pla. Car les couvertures proposées aux viticulteurs sont souvent inadaptées, et quand elles le sont, trop chères pour les petits vignerons. Sébastien Pla demande que l’on s’inspire du modèle en place dans le secteur de la restauration, où les contrats d’assurance sont basés sur le chiffre d’affaires, assurant en cas de sinistre un revenu minimum. Ces réformes sont d’autant plus nécessaires que les crises climatiques se répètent depuis plusieurs années. « Le problème de fond, il est à lier avec le climat », assure le sénateur de l’Aude.

La visite de Jean Castex samedi 17 avril est donc attendue de pied ferme. Le Premier ministre devrait visiter trois vignobles de la région Occitanie, dans l’Hérault, l’Aude et les Pyrénées-Orientales. « J’attends des annonces concrètes, les contours du fonds de solidarité, ou encore la question du déplafonnement » déclare Sébastien Pla.

La question du gel n’est cependant pas encore réglée. Les saints de glace, prévus pour mi-mai, marquent normalement la fin de la période où le gel est possible. D’ici là, les vignes occitanes ne sont pas à l’abri d’une nouvelle vague de froid, comme cela s’est encore produit dans l’Aude lundi soir.

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