Gérard Collomb va quitter le gouvernement en vue des municipales : retour sur son action

Gérard Collomb va quitter le gouvernement en vue des municipales : retour sur son action

Le ministre de l’Intérieur annonce qu’il quittera le gouvernement pour tenter de faire son retour à la mairie de Lyon. Gérard Collomb a été affaibli à la suite de son audition devant la commission d’enquête sur l’affaire Benalla. Ses critiques contre l’exécutif sont aussi mal passées.
Public Sénat

Temps de lecture :

6 min

Publié le

Mis à jour le

Premier flic de France, mais pour encore quelques mois seulement. Le ministre l’Intérieur,  Gérard Collomb, annonce ce mardi 18 septembre qu’il sera candidat aux municipales à Lyon, en 2020, « et à la métropole ». Pour cela, il devrait « quitter le gouvernement après la bataille des européennes » de juin 2019, affirme-t-il dans un entretien à L’Express. « Je ne serai pas ministre de l'Intérieur jusqu'à l'avant dernier jour. A partir d'une certaine période, il vaut mieux être totalement disponible pour la campagne », a-t-il ajouté.

A 71 ans, son futur départ n’est pas totalement une surprise. L’ancien sénateur socialiste du Rhône, qui a été maire de Lyon pendant 16 ans avant sa nomination au gouvernement, n’a jamais oublié la capitale des Gaules. Il pourrait aussi, s’il le désire, faire d’abord son retour au Sénat, puisqu’il a lâché son siège lors de sa nomination au gouvernement. Cela avait été le cas notamment de plusieurs anciens ministres de François Hollande. Mais il ne l’évoque pas dans son entretien et cette hypothèse semblerait étonnante dans la perspective de sa réélection à Lyon.

Collomb ouvre le parapluie sur l’affaire Benalla

Fidèle d’Emmanuel Macron, il l’avait logiquement rejoint pendant la campagne en tant que défenseur de longue date d’une ligne sociale-libérale au sein du PS.

Récemment, il a été affaibli par l’affaire Benalla. Lors des auditions devant les commissions d’enquête, il a ouvert le parapluie. Autrement dit, il a renvoyé la responsabilité sur le préfet de police et le directeur de cabinet du chef de l’Etat. Il a également juré ne pas connaître l’ex-chargé de mission.

Devant les sénateurs, le ministre de l’Intérieur, qu’on qualifie habituellement d’homme le mieux informé de France, expliquait découvrir des informations grâce à la presse. « Je lis les journaux comme vous et il y a toute une partie de l’histoire de M. Benalla que franchement, je découvre de plus en plus » avait assuré Gérard Collomb. « M. le ministre, heureusement qu’il y a les journaux pour vous informer » avait ironisé Philippe Bas, président LR de la commission d’enquête. Regardez :

« M. le ministre, heureusement qu’il y a les journaux pour vous informer »
00:23

Quant à la question du port d’arme d’Alexandre Benalla ou du port d’un brassard de police lors des événements du 1er mai, il avait assuré que « tout ça ne vient pas du ministère de l’Intérieur ».

Benalla: port d’arme, voiture, brassard : « tout ça ne vient pas du ministère de l’Intérieur » assure Collomb
01:42

Macron mécontent après ses critiques sur le « manque d’humilité »

Plus récemment, il avait surpris en estimant que l’exécutif avait « peut-être manqué d’humilité » depuis le début du quinquennat. « En grec, il y a un mot qui s’appelle hubris, c’est la malédiction des dieux. Quand, à un moment donné, vous devenez trop sûr de vous, vous pensez que vous allez tout emporter » avait-il affirmé…

Crime de lèse-majesté que n’a pas apprécié le principal visé. Selon Le Parisien, cette sortie a valu à Gérard Collomb une explication de texte. Il lui aurait fait savoir son mécontentement, lors d’un dîner lundi dernier. Dans son entretien à L’Express, le ministre se permet une nouvelle critique : « Il faut écouter les personnes âgées. Si celles-ci protestent, ce n'est pas parce qu'elles sont de mauvaise foi. Oui, à un moment donné, il ne faut pas charger la barque » dit-il, alors que la hausse de la CSG et la hausse des retraites inférieures à l’inflation ont concentré les critiques, surtout à droite.

Polémiques sur la loi sur la sécurité intérieure et la loi immigration

A son ministère, il a fait voter deux lois polémiques. D’abord la loi sur la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme a fortement été critiquée à gauche. Elle intègre dans le droit commun des dispositions qui étaient jusque-là seulement permises par l’état d’urgence. La loi asile et immigration a aussi fait débat. Trop faible pour la droite, trop dur pour la gauche et les associations qui ont dénoncé un texte répressif, le projet de loi avait même suscité des critiques au sein même de la majorité présidentielle. Après une première polémique, suite à une circulaire enjoignant les préfectures à contrôler les migrants dans les hébergements d’urgence, il avait affirmé en avoir « un peu marre de passer pour le facho de service », avait rapporté le Canard enchaîné.

En mai dernier, le nom de Gérard Collomb était apparu dans les révélations de Mediapart, selon lesquels le PDG de GL Events, une société d’événementiel lyonnaise qui avait accordé des ristournes importantes pour la campagne d’Emmanuel Macron, était un proche du ministre de l’Intérieur.

Après Hulot, départ d’un nouveau poids lourd du gouvernement

Avec son départ annoncé à l’avance, Gérard Collomb risque de s’affaiblir lui-même à Beauvau. Quelle autorité aura-t-il alors que les fonctionnaires de police le savent sur le départ ? Sa décision pourrait aussi être mal perçue par l’opinion, alors que la menace terroriste persiste. Après la démission de Nicolas Hulot, c’est enfin un poids lourd du gouvernement qu’il faudra remplacer, même si les raisons du départ ne sont pas les mêmes.

La course à sa succession va s’ouvrir, au risque d’entraîner un plus grand jeu de chaises musicales, d’autant que d’autres ministres lorgnent sur les municipales. « J'ai eu l'occasion de dire qu'il y a un effet ketchup dans la politique : un temps, vous tapez sur la bouteille et rien de sort. Puis, à un moment tout vient » affirme à L’Express Gérard Collomb… Attention aux éclaboussures.

Dans la même thématique

Gérard Collomb va quitter le gouvernement en vue des municipales : retour sur son action
3min

Politique

Européennes 2024 : Marie Toussaint plaide pour « un pacte de non-agression à gauche »

Alors que la Nupes s’est décomposée durant les dernières semaines, Jean-Luc Mélenchon a acté, samedi 2 décembre, la fin de la Nupes. Cet été, l’idée d’une liste commune entre les partis de la Nupes pour les élections européennes de juin 2024 avait déjà commencé à fracturer l’alliance, en particulier chez les écologistes. En juillet 2023, le parti de Marine Tondelier, habitué aux bons résultats lors des scrutins européens, désigne Marie Toussaint tête de liste pour les élections européennes.  « La réparation est l’un des objectifs de l’écologie politique, le meeting a duré trois heures, c’était très dense » Si les écologistes rejettent l’idée d’une liste commune à gauche, la députée européenne Marie Toussaint plaide pour « un pacte de non-agression à gauche ». Pour rappel, une liste ne peut élire des députés au Parlement européen uniquement si elle dépasse un seuil de 5 %. « Je pense que l’on a des combats essentiels à mener, c’est ce qui doit concentrer toute notre attention », juge Marie Toussaint qui estime que le combat doit être mené contre les partis nationalistes qui continuent de progresser au sein de l’Union européenne. En proposant ce pacte de non-agression, Marie Toussaint rappelle qu’elle souhaite orienter sa campagne autour de « la douceur ». Une approche qui suscite l’étonnement, ou l’incompréhension, notamment après le meeting de lancement de la campagne. Ce 2 décembre, la tête de liste écologiste avait convié un groupe de danseuses pratiquant la « booty-therapy », une danse permettant de « s’assumer ». « La réparation est l’un des objectifs de l’écologie politique, le meeting a duré trois heures, c’était très dense », justifie Marie Toussaint qui assume vouloir mener une campagne « sensible ». « La douceur, dans un monde meurtri par la violence politique et sociale, est un horizon de sauvegarde, c’est un objet de combativité », développe Marie Toussaint pour laquelle cette approche peut être payante.  « Il faut sortir les lobbys des institutions, il faut une législation de séparation des lobbys des institutions européennes » Alors que les négociations de la COP 28 se déroulent actuellement à Dubaï avec un nombre record de lobbyistes présents. Selon Marie Toussaint, que cela soit durant les négociations internationales ou au sein des institutions européennes, les lobbys, notamment pétroliers, doivent être écartés des espaces de discussions. « Il faut sortir les lobbys des institutions, il faut une législation de séparation des lobbys des institutions européennes », développe Marie Toussaint alors que les groupes d’intérêts occupent une place importante dans le processus législatif européen. Outre le lobby des énergies fossiles, la tête de liste écologiste prend également pour cible la fédération des chasseurs et son président Willy Schraen qui mènera une liste aux élections européennes. Accusée par ce dernier de prôner une écologie déconnectée, Marie Toussaint a, de nouveau, proposé d’organiser un débat avec Willy Schraen afin de « vérifier qui est du côté de l’agro-industrie et qui est du côté des paysans ». Marie Toussaint fustige notamment l’hypocrisie du patron des chasseurs considérant que ce dernier défend « une vision de l’agriculture sans paysans ».

Le

L’hémicycle du Sénat
7min

Politique

Aide médicale d’Etat : la majorité sénatoriale divisée sur les conclusions du rapport Stefanini Evin

Un rapport remis lundi au gouvernement balaye l’hypothèse d’une suppression de l’Aide médicale d’Etat (AME), tout en préconisant une réforme du dispositif. Cette étude prend toutefois ses distances avec le chemin tracé par la majorité sénatoriale, qui a fait disparaître l’AME lors de l’examen du projet de loi immigration en novembre, pour lui substituer une aide d’urgence.

Le