Dans le champ de ruines de la droite post-européennes, il y a des disparus, des survivants – certains sont restés, d’autres sont partis – puis il y a un Palais de la République qui tient toujours. C’est le Sénat. A sa tête, Gérard Larcher entend profiter de son rôle de « contre-pouvoir ». Pour sa conférence de presse de rentrée, ce mercredi 4 septembre (voir les temps forts), le président LR du Sénat a rappelé l’ambition qu’il a pour son camp : « Reconstruire un espace politique à droite et au centre, un espace qui part des territoires », avec « le local qui inspire le national ». Pas encore un programme, mais un projet de reconstruction.
S’il rappelle que le Sénat vote « 70% des textes », il multiplie les critiques à l’égard de la politique du chef de l’Etat : renoncement « à baisser l’endettement », sur les relations avec les élus locaux, il faut « passer des déclarations aux actes ». Il souhaite que « cette saison 2 du quinquennat ne ressemble pas à la précédente sur l’Europe et la politique migratoire ». Sur la réforme des institutions, il se dit « disponible » tout en refusant l’exigence de l’exécutif d’un accord « préalable », avant d’inscrire le texte à l’agenda parlementaire. « C’est ignorer le Parlement » met-il en garde, tout en constatant, non sans un peu de malice, que « tout peut évoluer », comme sur « la réforme des retraites ».
« J’ai une responsabilité, comme président du Sénat, d’assumer »
Face à un certain vide à droite, Gérard Larcher est-il l’opposant numéro 1 à Emmanuel Macron ? « Je vais répondre par une formule totalement ambitieuse et biblique : je suis celui qui suit. Je suis ce que je suis, avec les valeurs qui sont les miennes. J’ai une responsabilité, comme président du Sénat, d’assumer. Car ce pays ne peut pas rester sans contre-pouvoir. Une démocratie sans contre-pouvoir termine un jour dans la fragilité la plus absolue (…). Donc, j’assume » lâche le deuxième personnage de l’Etat, qui ne veut pas d’un « choix binaire » entre Macron et l’extrême droite. Il ajoute : « Je n’incarne rien. J’incarne une volonté et une détermination ».
S’il prend le flambeau de l’opposition, ce serait presque par devoir à l’entendre. C’est pourtant bien volontairement qu’il s’est lancé, début juin, dans son tour de France pour rassembler la droite et le centre. « Il reste sept conventions », avant « le 10 octobre, une convention nationale de la France des territoires » avec à la clef « une plateforme » qui posera « les principes du rassemblement de nos territoires ». Parfait pour les municipales, qui seront essentielles en vue des sénatoriales. Gérard Larcher l’a bien en tête. Et il ne compte pas s’arrêter là : « Ça ne veut pas dire que tout s’arrêtera pour moi le 10 octobre » prévient le sénateur des Yvelines…
Larcher « assez ouvert » à la PMA pour toutes
Alors que la droite est divisée sur certaines questions de société, celui qui cherche généralement un certain consensus assume sa position sur la PMA pour les couples de femmes. « Je suis assez ouvert sur ce sujet-là » dit-il, « ces sujets-là méritent autre chose que des manifestations dans la rue ». Il préfère « un débat » au Parlement, attendu en janvier au Sénat. Au premier rang, le président du groupe LR, Bruno Retailleau, écoute. Lui est opposé à la PMA, même s’il n’ira « pas manifester », tout en comprenant « parfaitement » les manifestants.
Après la conférence, Bruno Retailleau, qui cache de moins en moins ses ambitions nationales, pour ne pas dire présidentielles, se montre sur la même ligne : « On a la chance d’avoir Gérard Larcher qui assume ce rôle institutionnel ». Si, en réalité, des divergences de fonds et stratégiques existent entre les deux hommes, l’heure est à l’entente cordiale. Bruno Retailleau sera lundi dans sa région des Pays de la Loire pour la convention de Gérard Larcher sur la jeunesse. « Heureusement qu’il y a Gérard Larcher » lance le sénateur de Vendée. A droite, aujourd’hui, difficile de faire sans le président du Sénat.