Ils ne se sont pas parlé depuis le 11 novembre. Mais Emmanuel Macron devra sûrement encore recroiser le chemin de Gérard Larcher dans les événements officiels, au moins jusqu’en 2022. On s’en doutait, mais le président LR du Sénat sera certainement à nouveau candidat comme Président de la Haute assemblée après les sénatoriales de septembre 2020. « Si j’annonçais que je ne suis pas candidat à mon renouvellement, ce serait le scoop du matin. (…) Vous avez donc compris par déduction » a-t-il lâché ce jeudi 9 janvier, lors de sa conférence de presse devant l’Association de la presse parlementaire (revoir ses principales déclarations). « Est-ce que je vous donne le sentiment de ne pas en avoir envie ? » demande faussement Gérard Larcher, qui ne peut s’empêcher d’afficher un large sourire. Bref, il y pense, et pas qu’en chassant.
Pour la forme, et garder une certaine prudence sénatoriale, il rappelle que « ça dépend de la confiance de (ses) collègues. Au Sénat, on ne se décrète pas Président. On rencontre la confiance des collègues le moment venu ». Et ça, l’ancien vétérinaire sait faire. Il ajoute en souriant :
J’ai une allure de préretraité, mais très progressive…
Le sénateur des Yvelines reste en effet très actif et offensif contre le chef de l’Etat. « Nous étions à l'aube d'un nouveau monde. Mais le jour ne s'est pas encore levé » attaque-t-il. Sur les retraites, « les Français ont compris qu’on ne leur dit pas toute la vérité »… Il demande de repousser l’examen au Parlement, le temps d’attendre le résultat de la conférence de financement. Pas sûr que l’exécutif y voie une issue favorable à sa réforme.
Il demande ce qu’il reste « de la révision constitutionnelle », se disant toujours « disponible », alors que la responsabilité du blocage est en réalité plus ou moins partagée entre l’exécutif et la Haute assemblée. Il souligne au passage que « rien n’empêche » l’Assemblée d’adopter « une part de proportionnelle », comme le voulait Emmanuel Macron. On le voit, le chef de l’Etat devra encore faire avec Gérard Larcher, avec qui les relations se sont à nouveau refroidies, ces dernières semaines, et ce n’est pas seulement à cause de l’hiver. Le Château a peu apprécié que le Sénat, via le socialiste Jean-Pierre Sueur, pointe la hausse du budget de l’Elysée.
« L’amortisseur des territoires »
D’ici les sénatoriales et l’élection du Président, il faudra déjà attendre l’issue des municipales, qui détermineront les nouveaux équilibres au Palais du Luxembourg. S’il se dit « serein », Gérard Larcher sait qu’il faudra voir si LREM réussit ce scrutin local, notamment dans les grandes villes, pourvoyeuses de grands électeurs pour élire des sénateurs. Le parti présidentiel part quasiment de zéro et ne pourra que progresser. Sa stratégie consiste à s’implanter par un maximum de conseillers municipaux, en jouant autant placé, que gagnant. Il pourra compter dans certaines villes sur l’UDI, qui fait alliance ici ou là avec LREM.
Le même UDI qui, au sein du groupe Union centriste, et une composante essentielle et indispensable de la majorité sénatoriale. De quoi la mettre à mal ? Selon Gérard Larcher, pas vraiment du genre à s’inquiéter, cela ne jouera qu’« à la marge ». Et comme le souligne Hervé Marseille, à la tête du groupe UC, l’éventuelle poussée macroniste – qui reste hypothétique – pourrait être compensée par « l’amortisseur des territoires ». Dans les zones plus rurales, la droite pourra en effet compter sur ses appuis et l’équation personnelle des sénateurs sortants dans l’élection. Le Plateau ne se remporte pas comme ça.